Bayerische Staatsoper de Munich : une saison 20/21 entre nouveautés et classiques

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Si le coronavirus Covid-19 et ses conséquences prennent actuellement beaucoup de place dans l'actualité (y compris lyrique), sans doute ne faut-il pas pour autant oublier les bonnes nouvelles émanant des maisons d'opéra qui lorgnent vers l'avenir et annoncent leur prochaine saison, en France mais aussi à l'étranger, comme c'est le cas de la Bayerische Staatsoper. Pour sa saison 2020-2021, la maison prévoit quelque huit nouvelles productions et un peu moins de quarante reprises.

La première des nouvelles productions sera Die Vögel (Les Oiseaux) de Walter Braunfels, une libre adaptation de la comédie d'Aristophane du même titre, qui fut créée à Munich en 1920. Ce sera l'occasion de retrouver dès fin octobre Wolfgang Koch, ici dans le rôle de Prométhée et dans une mise en scène signée par Frank Castorf à qui l'on doit de nombreuses scénographies à Bayreuth, mais aussi dans la maison munichoise. Une oeuvre très rare qui devrait probablement piquer la curiosité du public. Suivra en novembre la création de Timon of Athens (Timon d'Athènes), un « opéra en deux illusions » de Luca Francesconi, déjà signataire notamment de Trompe-la-Mort créé à l’Opéra de Paris en 2017. L’œuvre est elle aussi inspirée du théâtre, cette fois-ci de Shakespeare, et du même titre. Sous la baguette de Kent Nagano, Toby Spence créera le rôle-titre aux côtés notamment de l'Alcibiade de Nikolai Schukoff. Le célèbre auteur de théâtre sera également représenté par Lear d'Aribert Reimann, ici mis en scène par Christoph Marthaler à qui l'on doit notamment un Wozzeck à l'Opéra de Paris en 2017. Le rôle-titre sera interprété par Christian Gerhaher, que nous avions justement entendu à Munich en Amfortas en 2018.

Dmitri Tcherniakov se penchera en février sur Der Freischütz, avec Boris Prýgl, Golda Schultz ou encore Anna Prohaska, tandis que Barrie Kosky retrouvera le chef Vladimir Jurowski pour une nouvelle production du Chevalier à la rose. Outre le Timon d'Athènes cité plus haut, le public munichois pourra assister à une seconde création, celle de Singularity, « a Space Opera for Young Voices », commandé à Miroslav Srnka à qui l'opéra avait déjà commandé South Pole (lire notre chronique anglaise). Une première collaboration qui avait été saluée par une nomination au Opera Awards de 2017 dans la catégorie Première Mondiale et que le public pourra revoir cette saison, en novembre, tandis que la création de cette année sera dirigée par Patrick Hahn à la tête des chauteurs du Studio de l'Opéra.

Les deux dernières nouvelles productions concernent des oeuvres de répertoire plus courantes, puisqu'il s'agit de Tristan und Isolde et d'Idomeneo. La première sera mise en scène par Krzysztof Warlikowski qui devrait, comme à son habitude, en proposer une lecture originale et personnelle, tandis que la fosse sera confiée à la direction de Kirill Petrenko. L'intérêt grandit encore au regard du plateau réuni pour l'occasion : Jonas Kaufmann et Anja Harteros en couple mythique, Wolfgang Koch en Kurwenal et Mika Kares en Roi Marc. La seconde sera imaginée par Antú Romero Nunes, à qui l'on doit notamment ici un Guillaume Tell en 2014 (repris en 2020), ainsi que des Vêpres siciliennes en 2018. Matthew Polenzani y tiendra le rôle-titre, et Emily D'Angelo celui d'Idamante.

Parmi la myriade de reprises proposées, les amateurs du répertoire Wagner-Strauss auront de quoi être ravis, entre l'Ariane à Naxos de Robert Carsen avec Camilla Nylund, l'Elektra de Herbert Wernicke avec l'une des plus grandes Elektra, Iréne Theorin face à l'Orest de René Pape, Die Meistersinger von Nürnberg de David Bösch que nous avons vu en 2018 (chroniqué en allemand), sans oublier le Parsifal de Pierre Audi déjà donné il y a deux ans. Le rôle-titre incombera ici à Brandon Jovanovich et celui de Kundry à Anja Kampe, deux interprètes coutumiers de ce répertoire. A noter également La Femme sans ombre de Krzysztof Warlikowski qui réunira Klaus Florian Vogt, Emily Magee et Elsa Benoit. Le metteur en scène sera très présent à Munich cette saison, puisque la maison reprend également sa Salome avec Marlis Petersen dans le rôle-titre, rôle dans lequel elle nous avait pleinement conquis à Vienne en février dernier (lire notre chronique allemande). 

Andreas Kriegenburg, qui signera la mise en scène du Timon of Athens cité plus haut, sera également représenté par sa Reine des Neiges créée en décembre 2019, et dont la distribution reste quasiment identique, ainsi qu'avec son Wozzeck, dirigé lui aussi par Vladimir Jurowski, directeur musical des lieux, et avec Simon Keenlyside pour défendre le rôle-titre.

On ne trouvera qu'un seul compositeur français cette saison, avec les quelque peu controversés Dialogues des Carmélites de Dmitri Tcherniakov qui compteront notamment Ermonela Jaho en Blanche (également présente en suor Angelica dans Il Trittico). La programmation comptera aussi des oeuvres italiennes, et plus accessibles, afin de séduire le plus large public. On rira donc avec La Chauve-Souris pour passer d'une année à l'autre avec Johannes Martin Kränzle, Rachel Willis-Sørensen et Okka von der Damerau, ou bien l'on passera des soirées plus légères avec L'Elisir d'Amore, réunissant une exquise double-distribution avec Aida Garifullina/Pretty Yende et Pavol Breslik/Galeano Salas, sans oublier Falstaff (avec Wolfgang Koch), ou encore Les Noces de Figaro dans la mise en scène de Christof Loy. Cette dernière production sera l'occasion d'entendre le Comte Almaviva de Ludovic Tézier, ou bien de retrouver la Comtesse de Federica Lombardi qui a déjà interprété ce rôle dans cette même mise en scène en 2017. Alex Esposito, qui nous avait notamment convaincu à Toulouse en Mephisto ou encore en Banco à Macerata en 2019, sera ici le trublion et malin Figaro, et Anne Sofie von Otter sera Marcellina.

On retrouvera également les trois grands "T" du répertoire, Turandot, Tosca et Traviata, respectivement mis en scène par Carlus Padrissa, Luc Bondy et Günter Krämer, avec Anna Netrebko en Turandot, mais aussi en Tosca, rôle qu'elle partagera avec Sonya Yoncheva, Anja Harteros et Kristine Opolais. Riccardo Massi, Stefano La Colla et Yusif Eyvazov seront Mario Cavaradossi, tandis que Scarpia apparaîtra sous les traits d'Erwin Schrott, Bryn Terfel et Ambrogio Maestri. Quant à la Traviata, elle sera interprétée par Rosa Feola face à l'Alfredo de Frédéric Antoun. La soprano chantera aussi Gilda en alternance avec Sofia Fomina face aux Rigoletto de Simon Keenlyside et de Željko Lučić.

La Bayerische Staatsoper verra ainsi en 2020-2021 la dernière saison avec Nikolaus Bachler à sa tête, avant que ne lui succède l'actuel directeur de l'Opéra de Lyon, Serge Dorny. Un bel au revoir de sa part, parfaitement dans la lignée de la maison et de ses dernières années, s'ouvrant sur le monde qui l'entoure sans oublier les classiques, dans un large panel de productions et de voix dont le nombre et les genres devraient permettre à chacun de trouver son bonheur.

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