Le Teatro Real varie les plaisirs en 2020-2021

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En cette période quelque peu troublée, on ne peut que se réjouir de découvrir les annonces de programmations des maisons lyriques, rappelant que la vie continue et que l’avenir a de quoi faire naître l’optimisme. Ainsi, après Liège, c’est à présent au tour du Teatro Real de Madrid de dévoiler ce que la saison 2020-2021 réserve à son public, entre identité nationale et ouverture sur le monde.

La saison devrait débuter dès le 18 septembre avec Un Ballo in maschera, dans la reprise de la mise en scène de Gianmaria Aliverta, donnée à Venise en 2017. Une double distribution permettra d’entendre soit Michael Fabiano, soit Ramón Vargas dans le rôle de Riccardo, ainsi qu’Anna Pirozzi et Tatiana Serjan dans celui d’Amelia. Les maîtres italiens seront également présents avec la Norma de Bellini en mars avec une nouvelle production signée par Justin Way et dirigée par Maurizio Benini. Michael Spyres et John Osborn se partageront le rôle de Pollione face aux Normas de Yolanda Auyanet et Hibla Gerzmava. L’occasion également d’entendre l’Adalgisa de Clémentine Margaine.

Le répertoire italien marquera également la fin de saison avec trois productions en juin et juillet : Viva la mamma, tout d’abord, dans la production truculente de Laurent Pelly que nous avons vue à Lyon en 2017 ainsi qu’à Genève en 2019 et qui nous a offert pour ces deux occasions d’excellents moments et de très bons souvenirs. La distribution ne verra toutefois plus Laurent Naouri et Patrizia Ciofi en Mamma et Prima donna, mais d’une part Carlos Álvarez et Luis Cansino, et d’autre part Nino Machaidze et la superbe Sabina Puértolas. L’Orlando Furioso de Vivaldi sera pour sa part présent pour un concert (le 17 juin). Sous la baguette de George Petrou, Max Emmanuel Cenčić y tiendra le rôle-titre face à l’Angelica de Julia Lezhneva et l’Alcina de Ruxandra Donose. Enfin, Tosca mettra le point final à la saison dans une coproduction avec Barcelone (où elle fut donnée en 2014 et 2019) et Séville, mise en scène par Paco Azorín. Pour ce bouquet final, ce n’est pas une double mais une triple – voire quadruple – distribution que prévoit le Teatro Real pour les trois rôles principaux : Sondra Radvanovsky, Maria Agresta et Anna Netrebko offriront trois Tosca qui devraient, chacune, ravir le public. Joseph Calleja, Michael Fabiano, Yusif Eyvazov et Jonas Kaufmann seront pour leur part Mario Cavaradossi, tandis que Scarpia se verra partagé entre Carlos Álvarez, Gevorg Hakobyan et Luca Salsi. Une véritable multiplication de noms prestigieux qui sauront clore en beauté la saison dans ce grand classique italien !

Toutefois, le Teatro Real ne se cantonne pas qu'au grand répertoire italien, et propose également quelques oeuvres de compositeurs germaniques, à commencer par Mozart, le plus italien d’entre eux, et son Don Giovanni. Donnée en fin et début d’année dans la célèbre mise en scène de Claus Guth (plusieurs fois présentée à Salzbourg et Berlin), la production sera confiée à la baguette d’Ivor Bolton, et le rôle-titre sera incarné par Christopher Maltman – que l’on a pu entendre en Don Giovanni à Londres en 2015 –, Adrian Eröd et Craig Verm. Erwin Schrott sera pour sa part l’un des Leporello, et Brenda Rae une Anna. Strauss sera également présent avec une version de concert de son Elektra, dont le rôle-titre sera tenu par Irene Theorin, formidable Elektra notamment entendue à Valence en janvier dernier. Le Siegfried de Wagner viendra de l’Oper Köln dans la mise en scène de Robert Carsen. Andreas Schager, souvent entendu dans le répertoire wagnérien, tiendra le rôle-titre.

L’opéra n’en oublie pas pour autant son patrimoine et proposera également des compositeurs du pays, avec Marie, de Germán Alonso, dans une nouvelle production imaginée par Rafael R. Villalobos et invitant Xavier Sabata et Nicola Beller Carbone en Woyzeck et en ombres de Marie. Le public pourra également (re)découvrir en version de concert Don Fernando, el Emplazado de Valentín de Zubiaurre. L’œuvre se base sur la mort mystérieuse du roi Fernando IV de Castille et a remporté un prix national en 1869 en mêlant tradition belcantiste et innovations de ce que l’on appelle « l’école franco-allemande ». Enfin, dernière œuvre mettant en avant l’art lyrique espagnol, Tránsito sera donnée dans une nouvelle production. Il s’agit d’un opéra de chambre en un acte, divisé en douze « instants », et où l’on sent dès les premières mesures du prologue orchestral la densité et la complexité de la musique qui reflète le texte troublant de Max Aub.

A l’ensemble de ces productions s’adjoindra par ailleurs une nouvelle production de Rusalka en novembre, dans une mise en scène de Christof Loy, avec Asmik Grigorian et Olesya Golovneva dans le rôle-titre, Eric Cutler et David Butt Philip en Prince, Karita Mattila et Alexandra Deshorties en princesse étrangère. En avril-mai, ce sera au tour d’une autre nouvelle production de Peter Grimes, en coproduction avec la Royal Opera House et l’Opéra national de Paris, signée par Deborah Warner. Allan Clayton prêtera sa voix au héros éponyme. Durant la même période sera donnée également Lessons in Love and Violence créé à la Royal Opera House en 2018 avec qui la maison espagnole est aussi en coproduction. Stéphane Degout y retrouvera le personnage du Roi, Gyula Orendt celui de Gaveston, et Peter Hoare celui de Mortimer. Ce sera toutefois Georgia Jarman qui tiendra le rôle d’Isabel, comme elle l’avait déjà fait à Lyon en 2019.

Notons enfin le passage du Ballet royal de la Nuit – que l’on ne présente plus – en octobre, sous la direction de Sébastien Daucé, avec notamment Lucile Richardot et Caroline Weynants, ainsi que les récitals de Philippe Jaroussky, Joyce DiDonato, Javier Camarena ou encore Piotr Beczała qui viendront eux aussi parsemer cette saison madrilène riche et hétéroclite.

Plus d'informations sur le site officiel du Teatro Real.

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