Saison 2025/2026 de l'Opéra national de Grèce, entre héritage du passé et opéra de l’avenir

Xl_saison-2025-2026-opera-national-de-grece © Opéra national de Grèce

L’Opéra national de Grèce dévoile une saison 2025/26 qui fait dialoguer « l’héritage du passé » et « l’opéra de l’avenir » : elle est notamment marquée par les recréations modernes de production historiques – Médée au Théâtre Antique d'Épidaure avec Anna Pirozzi, La Traviata avec Alexandra Kurzak et Roberto Alagna ou la redécouverte de Flora Mirabilis, opéra de Spyridon Samaras qu’on croyait perdu. Tour d'horizon. 

En 2023, on se souvient que le mandat de Giorgos Koumendakis à la tête de l’Opéra national de Grèce (GNO) était de nouveau renouvelé pour trois ans et il entendait l’employer pour continuer à développer le rayonnement artistique de l’institution grecque. Le même Giorgos Koumendakis vient de dévoiler la saison 2025-2026 de l’Opéra athénien et à l’évidence, elle devrait piquer la curiosité des amateurs d’art lyrique – que ce soit grâce à de grandes œuvres de répertoire ou des ouvrages plus rares, des distributions réunissant des interprètes locaux ou de grandes voix internationales (Anna Pirozzi, Aleksandra Kurzak et Roberto Alagna, Gaëlle Arquez ou Marina Viotti, entre autres) ou encore, pour la première fois, grâce à des tournées internationales.

En guise de fil rouge pour cette nouvelle saison, Giorgos Koumendakis entend faire dialoguer « l’héritage du passé » et « l’opéra de l’avenir ». Concrètement, l’Opéra national de Grèce peut compter sur l’impressionnant patrimoine grec (par exemple en donnant la Médée de Cherubini dans le théâtre antique d’Epidaure) et sur son fond historique de production, de costumes et de décors. Et en même temps, l’établissement entend aussi s’adresser au public d’aujourd’hui en s’appuyant sur le point de vue d’artistes contemporains. Quid dès lors des temps forts de cette saison 2025/26 à l’Opéra national de Grèce ? Tour d’horizon des principaux rendez-vous lyriques.

La saison lyrique 2025/26 de l'Opéra national de Grèce en un coup d'oeil

  • Flora Mirabilis (Spyridon Samaras), recréation, version de concert
  • International Opera Awards, Cérémonie de remise des prix 2025
  • La Gioconda (Ponchielli), par Oliver Mears et Fabrizio Ventura
  • Tosca historique de Nikos Petropoulos, par Paolo Carignani
  • Isadora Duck, comédie musicale de Stella Michaïlidou et Kostas Vomvolos
  • Requiem pour la fin de l’amour (Koumendakis / Papaioannou), Installation-performance par Teodor Currentzis
  • Falstaff (reprise), par Stephen Langridge et Derrick Inouye
  • Anna Bolena (nouvelle production), par Themelis Glynatsis et Jacques Lacombe
  • Carmen historique, par Romain Gilbert et Konstantinos Terzakis
  • Médée de Cherubini historique par Alexis Minotis au Théâtre Antique d'Épidaure
  • La Traviata historique par Nikos Petropoulos, par Loukas Karytinos

Redécouverte de Flora Mirabilis, de Spyridon Samaras

En liminaire de sa saison, l’Opéra athénien donnera la version de concert de Flora Mirabilis, « légende musicale en trois actes » de Spyridon Samaras initialement annoncée la saison dernière – les représentations prévues en mars dernier ont été reportées au 27 septembre prochain au Centre Culturel Stavros Niarchos Foundation, pour une unique représentation.

L’ouvrage avait connu un solide succès populaire lors de sa création à Milan en 1886, puis ailleurs en Europe. La partition fut néanmoins détruite pendant la Seconde guerre mondiale, avant d’être progressivement reconstituée d’abord à partir d’une version réduite pour voix et piano, puis grâce à du matériel d’orchestre original redécouvert à Corfou voici quelques années. L’opéra a été patiemment reconstitué par le musicologue Yannis Sabrovalakis et c’est cette nouvelle forme reconstituée de l’œuvre qui sera présentée pour la première fois par l’Opéra national de Grèce, en version de concert, dirigée par le chef Konstantinos Terzakis.

L’héritage du passé : recréation de productions historiques

Au-delà de la redécouverte d’œuvres de compositeurs grecs, la saison 2025/26 de l’Opéra athénien sera aussi l’occasion de plusieurs hommages au passé de l’établissement. L’Opéra national de Grèce ressuscitera plusieurs productions du scénographe, costumier et metteur en scène Nikos Petropoulos, qui a collaboré avec l’établissement pendant des décennies à partir des années 1970.

Du 27 novembre 2025 au 7 janvier 2026, l’établissement reprendra sa production de Tosca (reprise par Ion Kesoulis) qui transpose l’opéra de Puccini en février 1944, alors que Rome était « pleine de réfugiés, d'espions, d'agents doubles, d'informateurs, de collaborateurs des Allemands, de collabos, de tortionnaires et de fugitifs » en faisant le théâtre « d’une trame idéale pour nous entraîner dans un drame historique réaliste du XXe siècle ». Et pour la défendre sur scène, Aleksandra Kurzak reprendra le rôle-titre (accompagnée par Roberto Alagna pour une date unique le 7 décembre) aux côtés notamment de la soprano vedette de l’Opéra national de Grèce Cellia Costea ou du ténor Marcelo Puente. La saison 2025/26 sera aussi l’occasion de (re)découvrir la mise en scène de La Traviata signée par Nikos Petropoulos (de nouveau reprise par Ion Kesoulis), recréant le Paris du XIXe siècle : la production sera donnée à Athènes en fin de saison du 18 au 30 juillet, mais inaugurera aussi la première tournée internationale de l’établissement, avec des représentations les 13 et 14 septembre 2025 au Centre culturel et artistique de Guangming à Shenzhen, en Chine, inauguré voici quelques années et qui accueille ponctuellement des productions occidentales. Dans les deux cas, la distribution vocale sera emmenée par la soprano Vassiliki Karayanni et dirigée par Loukas Karytinos.

Médée, Opéra national de Grèce (1961)
Médée (c) Opéra national de Grèce / Théâtre Antique d'Épidaure (1961)

En plus de faire revivre ses productions historiques, l’Opéra national de Grèce exploite aussi le patrimoine historique grec et donnera Médée de Cherubini, au Théâtre Antique d'Épidaure et dans une recréation de la mise en scène historique d’Alexis Minotis avec les costumes et décors du peintre Yannis Tsarouchis – cette même production dans laquelle Maria Callas avait interprété le rôle-titre en 1961, donné dans le même cadre. À partir des notes et dessins du metteur en scène, l’Opéra national de Grèce « tentera de reconstituer la représentation » de l’époque avec « des matériaux d’aujourd’hui », telle qu'elle a été « présentée par les artistes mythiques d’alors qui ont laissé leur empreinte dans la culture grecque ». Si la distribution complète de cette recréation sera détaillée ultérieurement, l’institution annonce d’ores et déjà une digne héritière de Maria Callas dans le rôle-titre en la personne d’Anna Pirozzi.

Enfin, toujours dans l’esprit d’un hommage aux hautes heures de l’art lyrique, l’Opéra athénien donnera aussi la « version originelle » de Carmen (recréée par Romain Gilbert, telle que donnée lors de la création), recréée sous l’égide du Palazzetto Bru Zane et déjà donnée notamment à l’Opéra de Rouen en 2023 ou à l’Opéra Royal du Château de Versailles. À Athènes, le rôle-titre de la bohémienne sera partagé entre Gaëlle Arquez (grande titulaire du rôle) et Cellia Costea (pour une prise de rôle), accompagnées notamment par Marina Viotti ou Charles Castronovo.

« L’opéra de l’avenir »

Et si l’opéra est un art séculaire, il est aussi tourné vers l’avenir. Comme pour tisser un lien entre le passé, le présent et l’avenir, l’Opéra national de Grèce proposera une nouvelle production d’Anna Bolena. La mise en scène est confiée à Themelis Glynatsis et les nouveaux décors de Leslie Travers y dialogueront avec les costumes historiques de Nicholas Georgiadis (initialement créés il y a cinquante ans pour la production de l’ouvrage de Dinos Yannopoulos). Selon le metteur en scène, cette « nouvelle Bolena de l’Opéra national de Grèce se focalise non seulement sur les relations tragiques entre les personnages, mais explore aussi leur emprisonnement par leur propre histoire, leurs vêtements, leurs lieux de vie, ainsi que nos fantasmes sur le passé. Finalement, elle vise aussi à les accompagner dans leur effort mélancolique pour vivre une expérience fugace de vérité émotionnelle et de liberté personnelle ; autrement dit, pour devenir contemporains ». Sur scène, la jeune soprano grecque Maria Kosovitsa fera ses débuts dans le rôle-titre.

Le GNO propose aussi des reprises de productions récentes d’œuvre de répertoire, à commencer par La Gioconda. En début de saison, l’ouvrage de Ponchielli sera donné dans la mise en scène d’Oliver Mears étrennée au Festival de Pâques de Salzbourg en 2024. La reprise athénienne sera emmenée sur scène par Anna Pirozzi dans le rôle-titre. Elle aura notamment pour partenaires Arsen Soghomonyan, Alisa Kolosova et Anita Rachvelishvili ou Dimitri Platanias dans les principaux rôles, accompagnés par le chef Fabrizio Ventura à la tête de l'Orchestre de l’Opéra national de Grèce.

En février et mars 2026, l’Opéra athénien reprend aussi le Falstaff mis en scène par Stephen Langridge (le directeur artistique du Festival de Glyndebourne), qui avait été inauguré in loco début 2023. Dirigée en fosse par Derrick Inouye, la production fait la part belle aux interprètes grecs : Tassis Christoyannis, Dionysios Sourbis, Cellia Costea ou Nefeli Kotseli composeront le plateau vocal.

Ouvrages contemporains

Ancré dans le présent, l’Opéra national de Grèce proposera également une nouvelle lecture du Requiem pour la fin de l’amour. Avant d’être directeur de l’Opéra athénien, Giorgos Koumendakis est aussi compositeur et dans les années 1990, il signait la partition de ce Requiem pour la fin de l’amour, une « tempête de mort » en hommage à toutes les victimes du sida. À l’époque, l’ouvrage était donné dans l’ancienne centrale électrique de Neo Faliro, dans un quartier du Pirée en Grèce, accompagné d’une imposante scénographie de Dimitris Papaioannou. Le dispositif sera repris en janvier 2026 au Centre Culturel Stavros Niarchos Foundation, alors que la musique sera confiée au chef Teodor Currentzis, à la tête de « cinquante interprètes, un orchestre, un chœur et une soprano » (le détail de la distribution sera communiqué ultérieurement).

Enfin, pour compléter sa saison sur une note tout aussi contemporaine mais sans doute moins tragique, le GNO programme aussi Isadora Duck, « comédie musicale pour toute la famille » écrite et mise en scène par Stella Michaïlidou sur la musique de Kostas Vomvolos – ce Lac des Cygnes un peu particulier met en scène un petit canard en quête de son propre chemin dans la danse. L’œuvre avait été donnée l’année dernière sur la Scène Alternative. Au regard du succès auprès du public, Isadora Duck revient, cette fois dans une nouvelle version adaptée pour la grande scène du Centre Culturel Stavros Niarchos Foundation. La comédienne Lydia Stefou reprend le rôle d’Isadora (librement inspiré d’Isadora Duncan).

Entre écho du passé et perspective d’avenir, l’Opéra national de Grèce promet une saison 25/26 éclectique faites de raretés et de grands rendez-vous. On en trouve le détail sur le site de l’établissement. La billetterie a vocation à ouvrir progressivement.

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