La Force du Destin de Verdi, à l’Opéra Bastille (novembre 2011)

Xl_la-force-du-destin-de-giuseppe-verdi_pics_390 © Force du Destin - Opéra de Paris

Il existe à l’opéra un théorème que tous les directeurs devraient avoir appris par cœur : on ne monte pas un ouvrage quand on ne dispose pas des voix pour le servir. Il semble que ce théorème ait été oublié pour cette nouvelle production à l’Opéra Bastille de cet opéra qui n’est déjà certes pas facile à monter mais qui a, là, gravement failli du fait d’une distribution pas au niveau d’une maison comme l’Opéra de Paris.

Pour autant, tout n’est pas à rejeter dans ce spectacle – et d’abord la superbe et ardente direction de Philippe Jordan qui sait à la fois raffiner et emporter, creuser des contrastes et modeler des phrasés, densifier la matière sonore et la fluidifier, déchainer des orages ou faufiler les airs.
La mise en scène de Jean-Claude Auvray n’innove guère mais réussit à tirer un fil qui donne un semblant de cohérence à cette grande fresque éclatée, à travers un décor abstrait où tout peut entrer, des éclairages soignés et quelques beaux mouvements de foule : tout cela ne bouleverse pas et on a connu Jean-Claude Auvray plus inventif – mais cela ne mérite pas les sifflets imbéciles qui ont accueilli son entrée !

Les chœurs sont magnifiques (et ils sont bien utilisés dans La Force du Destin !), l’orchestre est riche de pâte musicale… Mais les voix ne sont pas là. Si Nicola Alaimo est un truculent Fra Melitone et Kwangchul Youn un Padre Guardiano bien chantant, ils ne sont pas inoubliables. En revanche, les autres rôles principaux sont tout à fait oubliables, du médiocre Zoran Todorich (qui remplace Marcelo Alvarez) en Alvaro bien peu concerné, au tristounet Vladimir Stoyanov totalement hors de propos, et de la faible Nadia Krasteva, sans projection et sans sex appeal en Preziosilla à la décevante Violeta Urmana, qu’on a connue en meilleure forme vocale.
Une soirée ratée – et point n’est besoin de faire référence aux mythiques représentations de l’époque Liebermann pour affirmer que l’esprit de Verdi, s’il était dans la fosse et dans les chœurs, ne souffle guère chez les solistes. Hélas, encore une occasion manquée !

Alain Duault

La Force du Destin - Opéra Bastille (14 novembre 2011)

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