
Hier, l’Opéra Orchestre National de Montpellier annonçait officiellement sa saison 2025-2026 lors d’une conférence de presse parisienne. Une fois encore, le public pourra trouver son bonheur face à la multitude de spectacles de tous horizons proposés, entre lyrique, bien sûr (avec dix spectacles), symphonique, mais aussi musique du monde, théâtre, soirée DJ, Opera Junior, spectacles pour enfants de tous âges (dont les Petits Parcours), séances de yoga...
Cette saison encore, la maison montpelliéraine « s’invente comme un territoire de musiques, de récits croisés et de rêves partagés », traçant « des routes qui serpentent l’Occitanie et nous rapportent le Monde ». Chaque visage raconte une histoire, chaque pas est un fragment de notre récit commun. Nous voulons être l’écho de ces voix multiples, l’écho fidèle de notre passé et la projection d’un avenir à écrire ensemble. Pas de fil conducteur, si ce n’est le plaisir toujours présent de la découverte renouvelée.
Un état des lieux
Avant d’entrer dans le vif du sujet, un rapide constat de la situation – et de la santé des institutions culturelles en général – est fait. Sans surprise, les finances ne suivent plus : les institutions politiques se désengagent, réduisent leurs aides. La Région a ainsi baissé sa subvention de 5%, mais heureusement, la Métropole est parvenue à maintenir son soutien et les forces permanentes de l’Opéra lui permettent de proposer un nombre de concerts important.
Pourtant, le public répond présent avec des taux de remplissage très satisfaisants ainsi qu’une forte diversité, des jeunes, des familles, des enfants... La maison a donc pour projet de mettre l’accent sur le mécénat, y compris le mécénat de compétences.
Quatre propositions lyriques mises en scène sur dix
Les amateurs de classiques du genre devraient être heureux avec les œuvres sélectionnées.
D’abord, le diptyque Cavalleria rusticana/Pagliacci imaginé par Silvia Paoli, proposé en plein air par l’Opéra de Toulon en 2024. La metteuse en scène transposait ici « les deux œuvres dans notre perception présente de spectateur », dans une « lecture, entre acuité de la peinture sociale (...) et visions oniriques » qui « aide à dépasser la simple illustration ou identification » ainsi que le relevait notre collègue. Sous la baguette de l’étoile montante Yoel Gamzou, Marie-Andrée Bouchard Lesieur – Néris lors de la Médée donnée en mars – incarnera sa première Santuzza aux côtés de Julie Pasturaud et d’Azer Zada, également Canio, tandis que Galina Cheplakova tiendra le rôle de Nedda.
Silvia Paoli reviendra par ailleurs pour La Traviata « plutôt sage », dont nous rendions compte en janvier dernier depuis Nantes. Le directeur musical des lieux, Roderick Cox, sera à la tête des forces locales ; la scène réunira pour sa part Ruzan Mantashyan en Violetta après – sa belle Micaela en 2018 –, Omer Kobiljak en Alfredo et Gëzim Myshketa – mémorable Rigoletto en 2021 – en Giorgio Germont.
Le très attendu Falstaff, victime de deux reports, sera enfin donné dans la mise en scène de David Hermann et dirigé par Michael Schønwandt. Bruno Taddia nous attendra dans le rôle-titre, mais il ne sera bien entendu pas seul sur scène : Andrew Manea, Kevin Amiel, Angelique Boudeville, Julia Muzychenko – que le public local connait bien pour l’avoir déjà entendue dans plusieurs productions – ou encore Yoann Le Lan.
Après son Uomo Femina vu à Dijon, Agnès Jaoui signera Don Giovanni en coproduction justement avec l’Opéra de Dijon, mais aussi l’Opéra national du Capitole de Toulouse – dont les ateliers seront mis à contribution –, l’Opéra-Odéon Marseille et l’Opéra de Tours. A n’en pas douter, Mikhail Timoshenko ravira dans le rôle-titre, épaulé par le Leporello d’Evan Hughes. Karine Deshayes prêtera sa voix à Donna Elvira et Esther Tonea à Donna Anna.
Six concerts à voix
En octobre, Thomas Dunford dirigera Theodora avec son acolyte Lea Desandre dans le rôle-titre, Véronique Gens en Irene, Hugh Cutting en Didymus, Laurence Kilsby en Septimius et Alex Rosen en Valens, portés par l’Ensemble Jupiter. Quelques jours plus tard, Sheva Tehoval ravira dans un temps de partage avec le public grâce à Révisez vos classiques lyriques qui, comme son nom le présage, « nous invite à redécouvrir les plus grands chefs-d’œuvres du répertoire lyrique franco-italien ».
Haendel sera à nouveau à l’honneur avec Alcina, dirigé par Philippe Jaroussky à la tête de son Ensemble Artaserse et d’un plateau réunissant Kathryn Lewek, Carlo Vistoli, Lauranne Oliva, Katarina Bradić – entendue ici dans Negar –, Zachary Wilder et Nicolas Brooymans.
Trois autres concerts seront proposés. Tout d’abord, la Messe du Couronnement de Mozart (qui ne sera pas donnée seule) sous la baguette de Marc Korovitch et Un Requiem allemand de Brahms (avec Esther Tonea et Stéphane Degout) ; le chœur de la maison a aujourd’hui atteint un niveau lui permettant d’aborder ces œuvres chorales sans rougir, comme il l’a déjà fait par exemple pour l’Ode à la joie de Beethoven l’an passé.
Ensuite, le public pourra découvrir le Pandori coréen Le Feu et les larmes. Il s’agit d’une « forme d’opéra narratif traditionnel où un chanteur, accompagné uniquement d’un tambour, donne vie à une fresque épique et émotionnelle ». Dans ce spectacle, « Ko Yeong Yeol repousse les frontières du genre en intégrant des harmonies pianistiques subtiles et une interprétation contemporaine qui résonne bien au-delà des traditions. Le spectacle met à l’honneur des extraits du Chunhyangga, l’un des chefs-d’oeuvre du pansori, une histoire d’amour et de courage transcendée par la virtuosité du chanteur. En parallèle, des chants folkloriques emblématiques viennent enrichir cette expérience, tissant un lien entre le passé et le présent, entre la Corée et le reste du monde ».
Bien des choses encore...
Il faut ajouter à ces rendez-vous le Concert du nouvel an en compagnie de Sheva Tehoval (suivi par Réveillon avec Barbara Butch), Exils #2 – après le premier numéro livré cette saison –, Là où bat le cœur avec Golda Schultz, Gesualdo Passione avec Les Arts Florissants, ou encore le récital de mélodies françaises d’Adèle Charvet.
Le public pourra à nouveau se trouver au cœur de l’orchestre, se rendre au Festival Arabesques, profiter de pauses cafés musicales, du grand concert du nouvel an chinois, d’un ciné-concert, de danse, d’afterworks, de masterclasses...
N’oublions pas les familles et les enfants, avec l’excellent Opera Junior et ses spectacles, dont Magdalena de Heitor Villa-Lobos qui « mêle les codes de la comédie musicale américaine à des sonorités inspirées des traditions sud-américaines », ou encore les spectacles pour les plus petits, comme les Petits Parcours que nous avons eu le plaisir de tester cette saison.
Non, vraiment, une fois encore, on ne va pas s’ennuyer à l’Opéra de Montpellier !
Plus d'informations sont disponibles sur le site officiel de l'Opéra de Montpellier.
publié le 13 juin 2025 à 13h36 par Elodie Martinez
13 juin 2025 | Imprimer
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