Une saison 2025-2026 de raretés à Angers Nantes Opéra malgré les coupes budgétaires

© Angers Nantes Opéra

Malgré des contraintes budgétaires significatives, Alain Surrans signe une dernière saison 2025-2026 inventive et curieuse à Angers Nantes Opéra, notamment composée de raretés et toujours fidèle à sa politique de créations. Tour d’horizon des temps forts. 

Alain Surrans signe sa dernière saison à la tête d’Angers Nantes Opéra et l’exercice n’a sans doute pas été facile dans la mesure où l’institution doit faire face à des coupes budgétaires significatives. On le sait, la région Pays de la Loire a drastiquement sabré dans ses subventions à la culture et Angers Nantes Opéra a perdu quelque 347 500 € de dotation régionale, qui s’ajoute une réduction de 100 000 € de la subvention du Département de Loire-Atlantique.

Malgré l’effort financier des Métropoles de Nantes et Angers et du ministère de la Culture en 2025 (pour un total de 500 000 €) et alors même que les salles sont pleines, la maison angevine a dû faire des sacrifices : certains projets ont dû être annulés (incluant la saison de Baroque en scène), le nombre de représentations est réduit (60 levers de rideaux la saison prochaine au lieu de 72) et le prix des places va sensiblement augmenter, de l’ordre de 10% environ même si l’établissement assure préserver sa politique d’accessibilité (tarifaire) à tous les publics.

Pour autant et malgré ce contexte difficile, Angers Nantes Opéra dévoile une saison 2025-2026 à même de piquer la curiosité des lyricomanes, explorant un répertoire varié, comptant des raretés lyriques et poursuivant sa tradition de créations. Tour d’horizon des temps forts de cette prochaine saison.

La saison lyrique 2025/26 s’ouvrira en novembre prochain avec un diptyque hispanique original consacré au compositeur Manuel de Falla (1876-1946) : la production doit réunir sa tragédie lyrique La Vie brève donnée en version de concert et son ballet-pantomime L’Amour sorcier, composé pour un orchestre et une mezzo. Les deux ouvrages s’articulent autour d’amours contrariées : dans La Vie brève, la gitane Salud (le rôle sera ici interprété par Patricia Petibon) est éprise de Paco (Carlos Natale) qui l’abandonnera néanmoins au profit de la jeune et riche Carmela (Sophie Belloir), davantage en adéquation avec son rang social. Dans L’Amour sorcier, c’est l’ancien amant défunt de la gitane Candela qui revient la hanter par-delà la mort et elle devra rompre le maléfice pour pouvoir vivre librement son nouvel amour avec Carmelo. La mezzo Lucie Roche accompagnera le ballet aux côtés du chœur d’Angers Nantes Opéra, alors que la direction musicale est confiée au chef espagnol Roberto Forés Veses.

Raretés lyriques

Parmi les œuvres peu fréquemment données sur scène, Angers Nantes Opéra programme en novembre La Calisto, dramma per musica de Francesco Cavalli. L’ouvrage sera proposé dans la production qui sera créée cet été au Festival d’Aix-en-Provence. Toujours sensible à la psychologie de ses personnages, la metteuse en scène Jetske Mijnssen y dessinera l’orgueil et le cynisme des divinités qui s’en prennent à la jeune nymphe Calisto et la distribution (similaire à celle d’Aix-en-Provence) sera emmenée par l’enthousiasmante Lauranne Oliva dans le rôle-titre.

Autre rareté, dans le cadre d’une autre coproduction, Angers Nantes Opéra propose aussi Robinson Crusoé, opéra-comique d’Offenbach qui moque gentiment le goût pour l’exotisme de son temps. L’œuvre sera donnée dans la mise en scène de Laurent Pelly en mai 2026 – après avoir été étrennée au Théâtre des Champs-Élysées en décembre prochain, dans des costumes et une scénographie signés des équipes d’Angers Nantes Opéra. La reprise réunira néanmoins une distribution renouvelée : Pierre Derhet dans le rôle-titre, aux côtés notamment de Mathilde Ortscheidt dans le rôle de Vendredi ou de Catherine Trottmann et Emy Gazeilles, en Edwige et Suzanne, accompagnés par Guillaume Tourniaire à la tête de l’Orchestre National des Pays de la Loire.

Notons aussi la Cendrillon de Pauline Viardot, d’après le conte de Perrault – mais destinée à tous les publics, jeunes et moins jeunes. Donné dans une version dont l'instrumentation aura été étoffée par le compositeur Jérémie Arcache, cet opéra de salon sera confié à la compagnie La Co(opéra)tive et à l’inventif metteur en scène David Lescot, tandis que la pianiste Bianca Chillemi dirigera le spectacle depuis le plateau. La distribution sera emmenée par la Cendrillon d’Apolline Rai-Westphal et le Prince charmant de Ratia Tsanta.

Création de Solaris d’Othman Louati

Tout au long de son mandat, Alain Surrans aura accompagné de nombreux créateurs, notamment via la commande de nouveaux opéras. Othman Louati est l’un d’eux. On se souvient de la création des Ailes du désir en 2024, saluée par la critique comme par le public, et le jeune compositeur reviendra à Angers Nantes Opéra le 6 mai 2026 cette fois avec le plasticien Jacques Perconte pour la création de Solaris.

Ce n’est pas la première fois que Solaris, le roman d’anticipation de Stanisław Lem sur le deuil et la culpabilité, fait l’objet d’une adaptation opératique – on se souvient de la version de Detlev Glanert pour le Festival de Bregenz en 2012 ou celle de Dai Fujikura en 2015 notamment au Théâtre des Champs Elysées. Cette nouvelle adaptation signée d’Othman Louati et Jacques Perconte prend néanmoins des allures hybrides, présentée comme un « vidéo-opéra » mêlant musique, arts numériques et vidéo. L’ouvrage sera interprété par l’Ensemble Miroirs Etendus et dirigée par le compositeur lui-même.

Opéra de répertoire : Lucia di Lammermoor

Pour compléter sa saison, Angers Nantes Opéra donnera également une nouvelle production de Lucia di Lammermoor (du 25 mars au 17 avril 2026), en coproduction avec l’Opéra de Rennes dont les ateliers réaliseront les décors et costumes. La production est confiée au metteur en scène de théâtre Simon Delétang, alors que la partition belcantiste de Donizetti revient au chef Jakob Lehmann. La distribution sera notamment emmenée par la soprano cubaine Laura Ulloa, issue de l’Académie du Teatro San Carlo de Naples et qui fera là ses débuts en France dans le rôle-titre en alternance avec l’Italienne Eleonora Bellocci.

Malgré les contraintes, Angers Nantes Opéra signe une saison à la fois variée et qui incite à la curiosité – sans doute à l’image du travail d’Alain Surrans depuis des années, qui cédera la direction de l’institution à Alexandra Lacroix en janvier 2026. D’ici là, tout le détail de la saison 2025/26 d’Angers Nantes Opéra est disponible sur le site de la maison d’opéra. La billetterie sera accessible en ligne et sur place au Théâtre Graslin de Nantes et au Grand Théâtre d'Angers à partir de ce 27 juin 2025.

publié le 13 juin 2025 à 08h43 par Aurelien Pfeffer

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