A Montpellier, une saison 2019-2020 qui fêtera les 40 ans de l'orchestre et poursuivra sa politique d'ouverture

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Hier matin, l’Opéra Orchestre national de Montpellier Occitanie annonçait officiellement à la presse sa saison 2019-2020 dans ses locaux (avant une autre présentation à Paris aujourd'hui). En présence du chef Michael Schønwandt, du vice-président délégué à la Culture Bernard Travier, de l’artiste et adjointe déléguée à la culture Isabelle Marsala, ou encore de la directrice Valérie Chevalier, l’équipe a donc présenté une saison dans la continuité de la politique actuelle d’ouverture et d’accessibilité au plus grand nombre (une autre production en chansigne face à l’enthousiasme provoqué par Don Pasquale est d’ailleurs prévu). Une politique qui paie puisque la fréquentation moyenne de la maison est de 95% et que quelque 280 levés de rideau sont prévus pour cette saison qui fêtera par ailleurs les 40 ans de l’orchestre.

La saison lyrique s’ouvrira pour sa part avec un blockbuster puisqu’il s’agit de Madama Butterfly dans une mise en scène de Ted Huffman qui arrive en résidence et à qui l’on doit dernièrement Le Songe d’une nuit d’été. Karah Son interprètera le rôle de Cio-Cio-San, personnage qu’elle connaît déjà pour l’avoir notamment chanté à Leipzig en 2015. Fleur Barron, que nous avons entendue in loco dans Nabucco en 2018, sera à ses côtés en Suzuki et Jonathan Tetelman en Pinkerton. Quant au personnage de Sharpless, nous aurons le plaisir de retrouver Armando Noguera, qui avait particulièrement brillé dans L’Italienne à Alger en 2017. Le metteur en scène travaillera également sur Il Trionfo del Tempo e del Disinganno en février porté par Dilyara Idrisova (Belleza), Carole Garcia (Placere), Sonja Runje (Disinganno) et James Way (Tempo). Nathalie Stutzmann sera pour sa part présente à la fosse, mais suite à la cessation d’activité d’Orfeo 55 initialement prévu, l’opéra réfléchit actuellement à une solution, notamment en proposant aux musiciens de l’ensemble de les engager individuellement, ou bien en cherchent un autre orchestre.

Entre ces deux productions se glissera en décembre et janvier une création : Poil de Carotte, inspirée du livre éponyme de Jules Renard et composée par Reinhardt Wagner, maître chanteur attitré de Topor et de Jean-Michel Ribes à qui l’on doit notamment la série Palace. La soprano Amélie Tatti tiendra le rôle du célèbre enfant mal-aimé tandis que Sylvia Bergé et Bernard Alane seront ses parents. Un spectacle qui fait d’ailleurs l’objet d’un « coup de cœur Moonpass », l’une des nouveautés de la saison. En effet, les jeunes de 30 ans et moins ont la possibilité d’opter pour cet abonnement très avantageux permettant d’accéder à l’ensemble des spectacles pendant 3 mois, 6 mois ou 1 an selon la formule choisie (plus d’informations sur le site officiel de l’Opéra) et, cette saison, ceux ayant assisté à plus de 10 spectacles ont eu la possibilité d’accéder à la future programmation en amont afin de délivrer leurs coups de cœur.

Mars marquera de son côté le retour de Falstaff, absent depuis bien longtemps de la scène montpelliéraine, et sera dirigée par Michael Schønwandt qui la connaît sur le bout des doigts, au point, dit-il, de pouvoir réécrire de mémoire l’ensemble de la partition qui est l’une de ses préférées. Bruno Taddia, déjà entendu ici en Don Pasquale ou encore en Gianni Schicchi, tiendra le rôle-titre face notamment au Ford de Gezym Myshketa, au Fenton d’Alasdair Kent, à la Nanetta de Julia Muzychenko, déjà « pétillante et malicieuse » en Norina en février dernier, ou encore à la Mrs Meg Page de Marie Lenormand. Quant à la mise en scène, elle sera signée par David Hermann qui a déjà proposé à Montpellier un Simon Boccanegra fort réussi (que nous avions vu à l'Opéra de Flandre en 2017).

Les grands romantiques pourront assister à Roméo et Juliette de Gounod en version de concert dans une coproduction avec le Théâtre des Champs-Elysées qui réunira un plateau exceptionnel sous la baguette de David Reiland : Vannina Santoni et Jean-François Borras formeront le célèbre couple infortuné, Jean Teitgen sera Frère Laurent, Guillaume Andrieux, Mercutio, Eléonore Pancrazi, Stephano, et Kévin Amiel, Tybalt, pour ne citer que ces noms. Afin de rester dans la thématique des couples célèbres et des amours interdits, la maison programme également en juin Pelléas et Mélisande dans une mise en scène de Benjamin Lazar avec Marc Mauillon et Judith Chemla (ancienne pensionnaire de la Comédie-Française) dans les rôles des amants. Ce choix marque notamment la volonté de rejoindre le désir premier du compositeur qui souhaitait une diseuse plus qu’une chanteuse pour le rôle. Geneviève sera pour sa part interprétée par Elodie Méchain et Arkel par Vincent le Texier.

Michel Fau et son Ariadne auf Naxos seront également du programme après avoir été créée cette saison à Toulouse où elle nous avait enchanté. L’événement de la production devrait être la prise de rôle déjà fort attendue de Karine Deshayes dans le rôle du compositeur, tandis que Katherine Broderick (qui nous avait enthousiasmé in loco en janvier dernier dans le registre wagnérien) tiendra le rôle-titre face notamment au Bacchus/ténor de Robert Watson ou encore à la Zerbinette de Jodie Devos qui devrait ravir dans ce rôle.

Enfin, plusieurs dates (peut-être quatre) seront réservées pour la reprise de l’Italienne scène et orchestre mise en scène, de, et avec Jean-François Sivadier. En effet, le succès de cette production comptant les répétitions de La Traviata, ou plutôt faisant vivre de l’intérieur la folie de ces répétitions, fut tel que beaucoup de personnes n’ont pas pu y assister l’an passé, ce que l’Opéra souhaite corriger cette saison. Il reste toutefois encore à trouver des dates précises, celles-ci n’étant pas encore annoncées, mais une fois cela fait, n’attendez pas pour réserver et passer une soirée jubilatoire !

Outre les opéras, cette saison fera également la part belle à l’orchestre dont, nous l’avons dit, nous fêterons cette année les 40 ans. Pour l’occasion, l’Opéra a notamment décidé de mettre en ligne 40 podcasts sans tabou (une première pour une maison lyrique) qui aborderont la vie d’une maison lyrique, des moments de joie aux moments de doute, les rôles de chacun, mais aussi la question des finances sur laquelle on préfère généralement ne pas s’étendre… Tout, tout, tout, Montpellier vous dira tout, mais sans en oublier de grands rendez-vous avec l’orchestre, comme son Gala des 40 ans, les Bals à l’opéra ou encore le Nouveau Monde de Dvorak, tout cela et bien d’autres choses rien que pour le mois de novembre. De plus, bien qu’Orfeo 55 ait cessé ses activités, le Baroque ne sera pas oublié en 2019-2020 avec, entre autres, Patricia Petibon qui se produira en janvier aux côtés de Susan Manoff pour un « programme à visage humain » autour de Manuel de Falla, Nicolas Bacri, Fauré, Debussy, Enrique Granados, etc… Jakub Józef Orliński sera également présent en avril accompagné d’Il Pomo d’Oro pour une soirée tournée vers les compositeurs italiens et allemands des XVIIe et XVIIIe siècles. D’autres grands musiciens sont aussi prévus, comme Khatia Buniatishvili, Sol Gabetta et Bertrand Chamayou, mais ils sont trop nombreux pour être tous cités ici.

Les spectacles proposés par la maison s’adresseront bien entendu à toute la famille, comme avec les ciné-concerts (Star Wars, John Williams Best of), les Midi musicaux, des cartes blanches, un nouvel escape game, ou encore le Requiem de Mozart qui fera appel à Angélique Boudeville, Alyona Abramova, Kévin Amiel et Julien Véronèse. En d’autres termes, la saison 2019-2020 s’annonce chargée, festive, toujours ouverte au plus grand nombre, quel que soit l’âge ou bien l’éventuel handicape, et promet déjà de très beaux moments. Le plus difficile reste maintenant à choisir parmi toutes les possibilités offertes…

Elodie Martinez

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