Chorégies d’Orange 2026 : un unique opéra et le départ de Jean-Louis Grinda

Xl_choregies-dorange-2026 © Chorégies d'Orange 2026

De nouveau confrontées à de sévères contraintes budgétaires, les Chorégies d’Orange proposeront une « saison light » en 2026, avec un unique opéra mis en espace. En conséquence, Jean-Louis Grinda « tire sa révérence ».

Les Chorégies d’Orange sont traditionnellement considérées comme l’un des festivals les plus anciens de France, mais l’avenir de la manifestation soulève des interrogations. On se souvient que l’année dernière à la même époque, Jean-Louis Grinda, à la tête du festival, annonçait une embellie financière : les Chorégies avaient enregistré en 2024 un bénéfice de 306 000 euros, permettant d’aborder l’édition 2025 sereinement. Un an plus tard, le ton n’est plus le même : en 2025, les Chorégies ont enregistré 150 000 euros de pertes et l’édition 2026 affiche une programmation contrainte financièrement – et réduite à six soirées, dont une seule dédiée à l’opéra.

Une Traviata mise en espace

Les amateurs d’art lyrique devront donc se contenter d’une unique production d’opéra (contre deux lors des années fastes), dans une version mise en espace sur la scène du Théâtre Antique (à défaut de mise en scène) et pour une seule date : La Traviata, le 4 juillet, sauvée par une distribution de haute volée. Nadine Sierra interprétera le rôle-titre aux côtés de Javier Camarena en Alfredo et Ludovic Tézier en père Germont. Dans les rôles secondaires, Éléonore Pancrazi et Valentine Lemercier chanteront Flora et Annina, alors que Christophe Berry sera Gaston. Le chef Paolo Arrivabeni assurera la direction musicale à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Marseille et Chœurs de l'Opéra national de Lyon.

Comme un pied de nez aux renoncements imposés par les contraintes de budgets, le Festival met en avant la « censure officielle ou morale » associée à l’œuvre et son héroïne (la dévoyée, rejetée par la bourgeoisie de son temps), qui connut un échec cuisant lors de sa création, avant de devenir l’une des références de l’opéra. 

Une programmation 2026 éclectique

Initialement, Jean-Louis Grinda avait prévu une seconde production d’opéra, dont il ne divulgue pas le titre pour ne pas nourrir de regret chez le public – la rumeur évoquait néanmoins Les Vêpres Siciliennes de Verdi, en coproduction avec le Festival d’Aix-en-Provence. Cette seconde production est annulée faute de moyens suffisants et aussi parce que la municipalité d’Orange n’alloue le théâtre antique aux Chorégies que pour une période réduite par rapport aux années précédentes – une soirée est accaparée par un concert de musique militaire programmé par la municipalité. Pour cette « saison light », le Festival doit aussi renoncer à Pop the opera, qui invite traditionnellement les collégiens et lycéens de la région à se produire aux Chorégies.

Que reste-t-il dans le cadre des Chorégies 2026 ? D’abord la soirée Musiques en fête, qui profite de la fête de la musique pour accueillir de jeunes interprètes (lyriques) et qui fait généralement l’objet d’une retransmission télévisée. Pour servir tous les styles musicaux, Jean-Louis Grinda programme aussi une soirée The magic of Motown (le 27 juin) qui mettra à l’honneur les grandes productions du label américain Motown Records, qui a connu son heure de gloire avec les Supremes, Marvin Gaye, Stevie Wonder ou Diana Ross. Sur le modèle de Mika l’année dernière, les Chorégies 2026 accueilleront Philippe Katerine le 7 juillet pour attirer un public plus jeune. Pour les amateurs de danse, Cendrillon de Prokofiev sera donné le 13 juillet dans une chorégraphie de Jean-Christophe Maillot. Enfin le 18 juillet, le violoniste Renaud Capuçon interprétera de grandes musiques de films de Michel Legrand, Vladimir Cosma ou Ennio Morricone.

Jean-Louis Grinda « tire sa révérence »

Dans ce contexte de « saison réduite », Jean-Louis Grinda annonce surtout « tirer sa révérence » de la direction des Chorégies d’Orange. En poste depuis 2016, il a œuvré pour le redressement du Festival, qui passe notamment par l’évolution du statut administratif de la manifestation : le Festival était une Société publique locale (SPL) et va devenir très prochainement à un Etablissement public de coopération culturelle (EPCC), devant faciliter son financement public – on l’évoquait. Et juridiquement, le directeur d’un EPCC est en charge d’un service public et ne peut cumuler cette fonction avec d’autres activités professionnelles. Or Jean-Louis Grinda est aussi metteur en scène. Manifestement, il n’est pas prêt à renoncer à ces autres activités pour des Chorégies d’Orange lui imposant une programmation réduite.

Jean-Louis Grinda annonce donc quitter ses fonctions, et son directeur de la production, Paulin Reynard en poste depuis neuf ans, fait de même.

Jean-Louis Grinda assure néanmoins que malgré « les inquiétudes » de ses équipes, tous ont « mis tout (leur) cœur à la préparation de ce programme » et tous feront « du mieux possible ». Les prochaines saisons soulèvent néanmoins des interrogations, augurant « un nouveau statut juridique, de nouveau projet et un nouveau directeur ».

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