Saison 2025-2026 du Grand Théâtre de Genève : « Lost in Translation »

Xl_saison-2025-2026_grand-theatre-de-geneve_lost-in-translation © Grand Théâtre de Genève

Pour sa dernière saison 2025/26 à la tête du Grand Théâtre de Genève, Aviel Cahn réunit des « opéras chorégraphiés » (Pelléas et Mélisande ou Castor et Pollux mais aussi Un Américain à Paris) et des ouvrages tantôt d’envergure, tantôt plus intimistes donnés au Bâtiment des Forces Motrices, avant de s’achever avec 200 Motel, fresque « folle furieuse » de Frank Zappa.

« Lost in Translation ». C’est le sous-titre de la saison 2025-2026 du Grand Théâtre de Genève, évoquant cette notion de « transposition », cet entre-deux « d’un lieu à un autre, d’un état à un autre, d’un monde à un autre ». Une thématique qui fait écho à la fois au fait qu’Aviel Cahn signe là sa septième et dernière saison genevoise avant de prendre les rênes de la Deutsche Oper de Berlin et que le Grand Théâtre de Genève délocalisera une partie de sa saison au Bâtiment des Forces Motrices le temps des travaux de modernisation de sa machinerie de scène – la première partie de la saison réunira donc les opéras d’une certaine envergure au Grand Théâtre et la seconde des ouvrages plus intimistes au Bâtiment des Forces motrices.

Une notion de temps suspendu qui évoque aussi une forme de perte de repères « pour chambouler notre boussole intérieure » et faire tomber les frontières en mêlant ostensiblement les répertoires lyrique et chorégraphique, notamment au travers de plusieurs « opéras-danse », avec le soutien de Sidi Larbi Cherkaoui à la tête du ballet de la maison genevoise.

Opéras chorégraphiés

Pour inaugurer ces « opéras-danse », le Grand Théâtre reprendra ainsi Pelléas et Mélisande du 26 octobre au 4 novembre prochains dans la chorégraphie de Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet et une scénographie de Marina Abramović. Après une création à l’Opéra des Flandres en 2019, la production aurait dû arriver à Genève en 2021, où elle n’a été donnée qu’en streaming en Suisse du fait de la pandémie. Elle revient la saison prochaine en public sous la direction du chef slovaque Juraj Valčuha avec de nouveau Mari Eriksmoen en Mélisande face au Pelléas de Björn Bürger.

Dans un autre registre lyrique mais toujours chorégraphié, le Théâtre poursuit son exploration du répertoire de Rameau avec l’opéra-ballet baroque Castor et Pollux (du 19 au 29 mars 2026), mis en scène par le chorégraphe roumain Edward Clug (la production intégrera huit danseurs du ballet du GTG). Musicalement, la production est confiée à un grand spécialiste du répertoire, Leonardo García Alarcón à la tête de son ensemble Cappella Mediterranea, pour accompagner sur scène Reinoud van Mechelen et Andreas Wolf dans les rôles principaux ou encore Sophie Junker en Télaïre et Ève-Maud Hubeaux en Phébé.

Et comme de plus en plus fréquemment à l’opéra, le GTG opte pour une comédie musicale pour les fêtes de fin d’année : Un Américain à Paris de George et Ira Gershwin sera donné sur scène pour la première fois en Suisse (du 13 au 30 décembre 2025), dans la chorégraphie de Christopher Wheeldon.

Saison 2025-2026, Grand Théâtre de Genève(lost in translation)

Grand opéra et œuvres lyriques intimistes

Au rang des œuvres purement opératiques, le GTG ouvrira sa saison 2025/26 avec un nouveau Tannhaüser (du 21 septembre au 4 octobre) et son rôle-titre tiraillé entre deux mondes. Le théâtre genevois renouvelle la mise en scène sulfureuse d’Olivier Py (qualifiée de « pornographique » par Aviel Cahn dans un sourire) datant d’une vingtaine d’années en confiant cette nouvelle production à Tatjana Gürbaca. Le GTG peine manifestement à remplir sa salle avec le répertoire wagnérien mais pourra compter ici sur une grande distribution emmenée par Daniel Johansson dans le rôle-titre, Jennifer Davis en Elisabeth ou Stéphane Degout dans le rôle d’Eschenbach, accompagnés par le Britannique Mark Elder à la direction musicale.

Le GTG propose traditionnellement au moins un opéra bel canto par saison et après plusieurs ouvrages de Donizetti, la thématique de la saison 2025/26 orientait naturellement vers L'Italienne à Alger de Rossini (du 23 janvier au 5 février), qui n’avait plus été donnée sur la scène genevoise depuis presque 30 ans. Ce premier ouvrage de 2026 marque le déménagement temporairement de l’institution au Bâtiment des Forces Motrices et sa scène plus réduite. Pour l’occasion, la production est confiée à une équipe artistique jeune : le metteur en scène romand Julien Chavaz pour souligner le caractère subversif du livret et le chef italien Michele Spotti pour faire vivre la partition de cet opera buffa. Le plateau vocal est attractif aussi, emmené par Gaëlle Arquez à l’occasion d’une prise de rôle en Isabella et Nahuel Di Pierro en Mustafà.

Puccini était aussi relativement peu présent à Genève ces dernières années et le compositeur y est retour avec Madame Butterfly (du 23 avril au 3 mai), dans une lecture qui s’annonce intimiste sur la scène du BFM. Cette nouvelle production est confiée à la jeune metteuse en scène Barbora Horáková Joly, associée ici à la photographe et réalisatrice Diana Markosian qui réalisera les vidéos de la production – et dont la vie personnelle évoque à certains égards celle de Cio-Cio San suite à son départ de Russie pour les Etats-Unis, qu’elle a documentée au gré de ses expositions. Musicalement, la production est dirigée par Antonino Fogliani, pour accompagner notamment Corinne Winters dans le rôle-titre.

Boucler la boucle : 200 Motel de Frank Zappa

Enfin, pour la dernière production de sa dernière saison à Genève, Aviel Cahn a opté pour 200 Motel, « fresque musico-théâtrale » de Frank Zappa (du 18 au 25 juin 2026). L’ouvrage fait écho à l’une des premières œuvres de son mandat en 2019, Einstein on the Beach de Philip Glass, autre ouvrage contemporain du répertoire américain. Selon Aviel Cahn, 200 Motels est un ouvrage « fou furieux » et « hors limite », qui nécessite d’importants moyens : les musiciens de l’Orchestre de Suisse Romande seront répartis en fosse, sur scène et dans les installations du BFM, renforcés par l’Ensemble de percussionnistes de la Haute Ecole de Musique, le Chœur du Grand Théâtre de Genève et auxquels s’ajoute un groupe de rock – le tout dirigé par le chef Titus Engel, déjà à l’œuvre pour Einstein on the Beach. Plusieurs voix solistes s’y ajoutent, incluant celles de Robin Adams ou de la soprano colorature Brenda Rae, dans une mise en scène signée Daniel Kramer. Un projet « vraiment spécial pour un grand final », selon le directeur de l’institution.

Pour compléter sa saison, le Grand Théâtre de Genève y ajoute quatre récitals : Joyce DiDonato sera de retour à Genève après plusieurs années d’absence (le 11 octobre 2025), mais aussi Stéphane Degout (en récital donc le 7 décembre parallèlement à Tannhauser), Peter Mattei pour la toute première fois au GTG (le 4 février 2026), et Elsa Dreisig pour interpréter du Lied allemand (le 27 mars).
On trouve tout le détail de la saison 2025/26 sur le site du Grand Théâtre de Genève

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