2021-2022 : une saison de passation à l'Opéra de Lyon

Xl_l-opera-de-lyon-se-situe-sur-la-presqu-ile-juste-en-face-de-l-hotel-de-ville-a-gauche-la-place-louis-pradel-au-fond-le-rhone-a-droite-les-rues-commercantes-photo-stofleth-160450420 © stofleth

L’année 2021 n’aura décidément pas été banale. C’est vrai pour l’ensemble des maisons lyriques, mais particulièrement pour l’Opéra de Lyon, qui a vu nombre de ses productions annulées sans même une captation, s’effaçant finalement de la scène lyrique numérique alors que parallèlement, la municipalité la menaçait d’une amputation financière drastique. Dans ce contexte, point d’annonce de saison habituelle, ni même de conférence de presse : Richard Brunel, nouveau directeur de la maison, annonçait ce matin en avant-première les grandes lignes de la saison 2021-2022, tandis que les dossiers de presse arrivaient vers midi afin de détailler cette programmation et ses neuf spectacles lyriques (dont quatre nouvelles productions).

Il faut dire que cette saison marquera le début du mandat de Richard Brunel, qui prendra ainsi la suite de Serge Dorny afin de poursuivre son « audace artistique ». Selon les mots du dossier de presse, il « portera une attention particulière à de nouveaux processus de création, à une nouvelle génération d’artistes et initiera un projet d’Opéra itinérant ». Le nouveau directeur débute ainsi la présentation de la saison lyrique : « Comme vous, nous espérons que le mois de septembre sera celui du dé-confinement définitif de nos corps, de nos imaginations, de notre vie sociale, et celui où nous pourrons enfin étancher notre soif commune de spectacles vivants. Le chant, la danse, la musique et le théâtre feront de ce mois un printemps », avant de rappeler que « septembre sera aussi le moment d'un changement de direction » après les 18 années du mandat de son prédécesseur. La saison qui s’annonce verra donc se mêler les pattes des deux directeurs, passé et présent, entre productions reprogrammées et productions inédites.

Tout d’abord, la saison s’ouvrira le 12 septembre par une version de concert – faisant ainsi écho à l’habitude passée des récitals d’ouverture de saison – proposée à l’Auditorium et mettant en avant un classique, celui de Manon de Massenet. Sous la brillante baguette du chef de la maison, Daniele Rustioni, la soprano Patricia Petibon interprétera le rôle-titre face au chevalier Des Grieux de Saimir Pirgu, le Lescaut d’Artur Ruciński, le Guillot de Morfontaine d’Eric Huchet, De Brétigny de Philippe Estèphe, le Comte des Grieux de Nicolas Testé, la Poussette de Margot Genet, la Javotte d’Amandine Ammirati (entendue il y a peu sur cette scène dans Ariane et Barbe-Bleue) ou encore la Rosette de Clémence Poussin, elle aussi déjà présente à Lyon, dans l’Enfant et les Sortilèges. Une distribution qui a donc de quoi faire tourner la tête, et qui devrait être de bel augure pour la saison.

Le mois suivant, Falstaff dirigé par le même chef et mis en scène par Barrie Kosky, ouvrira le bal des nouvelles productions, bien qu’il s’agisse d’une co-coproduction avec le festival d’Aix-en-Provence, où le public pourra déjà la voir cet été si tout se passe bien. Christopher Purves y tiendra le rôle-titre, tandis que le public lyonnais ne boudera pas son plaisir de retrouver Antoinette Dennefeld (Mrs Page) ainsi que son compatriote Stéphane Degout (Ford). A ces noms s’ajouteront ceux de Daniela Barcellona (Mrs Quickly), Juan Francisco Gatell (Fenton) ou encore Giulia Semenzato (Nanetta).

En décembre, c’est avec joie que l’on retrouvera Le Messie imaginé par Deborah Warner, déjà proposé ici en 2012, mettant en scène non seulement les solistes, les chœurs et des danseurs, mais également un « chœur communautaire » formé à partir d’habitants bénévoles de la ville. Sophie Bevan reprendra son rôle, mais le reste de la distribution évolue : Christine Rice, Allan Clayton et Christopher Purves rejoindront ici la soprano, sous la direction de Stefano Montanari. Une autre reprise est prévue le même mois, cette fois au Théâtre de La Renaissance – Oullins, celle de la comédie musicale The Pajama Game, qui nous avait régalé en 2019 dans la mise en scène de Jean Lacornerie et Raphaël Cottin. C’est également dans ce théâtre que sera proposé en avril Hänsel, Gretel…, d’après l’opéra d’Engelbert Humperdinck, mais adapté par Henri-Alexis Baatsch et Sergio Menozzi.

Après cette superbe fin d’année, 2022 débutera sous des auspices argentins avec une autre nouvelle production de l’opéra-tango María de Buenos Aires, d’Astor Piazzolla. Mis en scène par Yaron Lifschitz – Circa, le spectacle mettra en avant Wallis Giunta face à Luis Alejandro Orozco dans ce projet commun avec les Nuits de Fourvière.

Après deux éditions compromises, le fameux festival de l’Opéra de Lyon devrait bien avoir lieu en mars, et avoir pour thème « Secrets de famille », avec « leurs irradiations, intimes ou collectives ». A cette occasion, Axel Ranisch mettra en scène Rigoletto, avec Roberto Frontal dans le rôle-titre, Nina Minasyan en Gilda, ainsi qu’Enea Scala en duc de Mantoue, lui qui avait fait forte impression dans la maison lyonnaise lors de La Juive en 2016. Le festival 2022 permettra également de mieux connaître Franz Schreker, dont l’œuvre est encore trop rarement jouée. Initialement prévue en mars 2020, la nouvelle production – et création française – d’Irrelohe sortira donc des cartons un an plus tard, dans la mise en scène de David Bösch. La distribution ne reprend toutefois pas vraiment celle initialement prévue, même si l’on pourra toujours compter sur Piotr Micinski. Enfin, la troisième production du festival sera Nuit funèbre (Trauernacht), une reprise de la production donnée à Aix-en-Provence en 2014, formée d’extraits des cantates de Johann Sebastian Bach et imaginée par Katie Mitchell. A noter que cela marque également un nouveau partenariat avec le Théâtre des Célestins.

Avant que la saison ne se termine en juin avec Peer Gynt, dirigé par Elena Schwarz, avec notamment Jérémy Lopez (sociétaire de la Comédie Française), on pourra compter sur la création mondiale de Shirine de Thierry Escaich, qui devait être donnée en mai 2020. Deuxième opéra du compositeur, sur un livret du prix Goncourt 2008 d’Atiq Rahimi, l’œuvre raconte l'histoire impossible de Shirine, princesse chrétienne d’Arménie, femme d’une grande modernité et figure de l’émancipation, qui tombe éperdument amoureuse du roi de Perse Khosrow. Une seconde création mondiale complète par ailleurs la saison, Zylan ne chantera plus de Diana Soh, un opéra itinérant dans la Métropole de Lyon et la Région Auvergne-Rhône-Alpes, mis en scène par Richard Brunel et qui fera halte au Théâtre du Point du Jour.

Pour finir, notons les rendez-vous avec Aude Extrémo le 28 novembre pour « De l’amour et de la mer », autour d’Olivier Messiaen, Ernest Chausson, Erik Satie et Claude Debussy, ainsi qu’avec Michael Spyres et Ausrine Stundyte qui seront rejoints par d’autres solistes pour un concert sous le thème de « Tristan », autour des œuvres de Wagner et Strauss.

Elodie Martinez

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