La Bohème clôt brillamment la saison de l'Opéra de Rouen Normandie

Xl_boheme © Jean Pouget

Comme dernier titre de sa saison, l’Opéra de Rouen Normandie – qui vient d’annoncer sa saison 17/18 peu après la nomination de son nouveau directeur – propose un des piliers du répertoire : La Bohème de Giacomo Puccini. Frédéric Roels a importé de Bordeaux la production « soixante-huitarde » imaginée par Laurent Laffargue que nous avions vue – et chroniquée – lors de sa reprise dans la capitale girondine en septembre 2014. Elle s’avère toujours aussi efficace, notamment lors de l’économe scène finale.

Pour ce très opportun et en même temps très raisonnable décapage de l’ouvrage de Puccini, Laffargue bénéficie de surcroît d’une distribution jeune et très homogène, sans véritable vedette, mais sans non plus le handicap possible de stars trop complaisantes. Malgré une indisposition deux jours plus tôt que révèle encore quelques scories dans la voix, le ténor italien Alessandro Liberatore – vigoureux Ismaël dans Nabucco à l’Opéra de national de Lorraine il y a deux saisons – campe un Rodolfo très crédible scéniquement, et il séduit également par un aigu puissant et lumineux. Avec beaucoup de sensibilité et de rigueur musicale, la soprano britannique Anna Patalong incarne d’emblée l’héroïne timide et fragile du livret. Son « Mi chiamano Mimi » trahit une attendrissante pudeur, mais aussi une insatiable soif de vivre, et le « Donde lieta usci » se mouille des larmes de la jeune femme qui voit se démanteler le plus beau des rêves, et qui doit accepter sa destinée avec résignation. De son côté, Olivia Doray, fine musicienne, offre une Musetta sensuelle, au timbre mordoré. Autre point fort, le baryton américain William Berger qui incarne un Marcello plein de relief, très bien chantant, et à la voix sonore. Dans les rôles des deux autres « bohèmes », soit les compagnons d’infortune de Rodolfo, le baryton français Mikhael Piccone (Schaunard) et la basse russe Yuri Kissin (Colline) se montrent parfaits, au sein d'une distribution (réunissant également Gilen Goichoechea en Benoît et Nicolas Rigas en Alcindoro) dont il faut louer avant tout la belle cohésion.

Directeur musical de la maison normande, le chef britannique Leo Hussein offre une lecture solide et précise de la partition, et certains pupitres font apprécier leur virtuosité et leur timbre, les hautbois tout particulièrement. Avec sur scène les Chœurs – massifs et disciplinés – de l’Opéra de Rouen (renforcés par le Chœur Accentus), la fosse participe pleinement au grand succès public que remporte la soirée.

Emmanuel Andrieu

La Bohème de Giacomo Puccini à l’Opéra de Rouen, jusqu’au 12 juin 2017

Crédit photographique © Jean Pouget

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