
À la tête de l’Opéra de Monte-Carlo, Cecilia Bartoli compose une saison 2025/26 placée sous le signe de « la force intemporelle de la figure féminine » : on y retrouve Asmik Grigorian en Senta dans le Vaisseau fantôme, Anna Pirozzi en Aida, Pretty Wende en Leonora, Lea Desandre en Melisande, mais aussi un hommage à Joséphine Baker ou Cecilia Bartoli dans Orfeo ed Euridice, Cosi fan Tutte et en récital.
L’Opéra de Monte-Carlo fait la part belle aux voix, servies le plus souvent par des mises en scène traditionnelles. À la tête de l’institution monégasque, Cécilia Bartoli signe une nouvelle saison 2025-2026 placée sous le double signe de « la force intemporelle de la figure féminine et des mystères de la mythologie », et cette programmation ne déroge pas à la tradition : elle promet quelques nouvelles productions lyriques parmi plusieurs reprises et des concerts, mais toujours défendues par de grandes distributions – qu’il s’agisse de grands interprètes internationaux ou de jeunes talents en devenir.
Voyage wagnérien
La prochaine saison monégasque s’ouvrira ainsi le 2 novembre prochain avec une version mise en espace du Vaisseau fantôme de Wagner. Sur scène, l’imposant Bryn Terfel dans le rôle-titre du Hollandais fera face à la non moins impressionnante Asmik Grigorian dans le rôle de la rédemptrice Senta, et pour faire vivre la partition enfiévrée de Wagner, ils seront accompagnés par la baguette du chef Gianluca Marcianò à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo.
Le « voyage wagnérien » de l’Opéra de Monte-Carlo se poursuivra également avec La Walkyrie, du 23 au 29 janvier 2026. C’était l’une des surprises de la saison dernière : le chef Gianluca Capuano qui dirige Les Musiciens du Prince-Monaco (l’ensemble de Cecilia Bartoli qui joue sur instruments d’époque) exprimait pleinement sa passion pour Wagner en inaugurant une nouvelle Tétralogie. En février dernier, l’institution monégasque donnait le premier opus de l'Anneau du Nibelung, L’Or du Rhin, dans une mise en scène très colorée de Davide Livermore, reposant sur d'imposants effets vidéo – laissant une partie de la critique circonspecte, davantage enthousiasmée par la redécouverte de l’œuvre wagnérienne sous la baguette de Gianluca Capuano et son ensemble d’époque. La saison prochaine, la maison monégasque poursuivra sa Tétralogie, avec le deuxième opus du Ring réunissant de nouveau Davide Livermore à la mise en scène et Gianluca Capuano à la direction musicale. Et sur scène, la distribution sera emmenée par Matthias Goerne en Wotan aux côtés des grandes figures féminines de Sieglinde, Brünhilde et Fricka interprétées respectivement par Libby Sokolowski, Nancy Weissbach et Ekaterina Semenchuk.
Grand répertoire : Aida, Il Trovatore mais aussi Pelléas et Mélisande
Très présent à Monaco, on retrouvera de nouveau Davide Livermore aux commandes d’Aida (à partir du 20 novembre), dans sa production de 2023 étrennée au Teatro Costanzi de Rome. Comme pour sa Tétralogie wagnérienne, le metteur en scène travaille ici avec l’agence D-Wok spécialisée dans le traitement vidéo et le design de spectacles virtuel – cette fois pour recréer l’Egypte antique sur scène. En fosse, la direction musicale est confiée Massimo Zanetti, comparse de Cécilia Bartoli à Salzbourg. Sur scène, le rôle-titre revient à une grande titulaire du rôle, Anna Pirozzi face au Radamès d’Arsen Soghomonyan et à l’Amnéris de Marie-Nicole Lemieux.
La saison monégasque affiche une autre reprise, celle du Trouvère de Verdi (à partir du 22 mars 2026) dans la mise en scène de Francisco Negrin, qui articule sa lecture de l’ouvrage autour du personnage d’Azucena. Inaugurée en 2017 in loco, puis reprise au Teatro Real en 2019 avec des distributions superlatives, la production revient à Monte-Carlo avec un nouveau plateau vocal emmenée cette fois par Pretty Yende dans le rôle très exigeant de Leonora (qu’elle chantera pour la première fois en juillet prochain au Festival d’Erl) et Varduhi Abrahamyan en Azucena, ainsi qu’Artur Rucinski en Luna et Piero Pretti en Manrico.
L’Opéra de Monte-Carlo promet aussi une incursion dans l’art lyrique du XXe siècle avec une nouvelle production de Pelléas et Mélisande confiée à Jean-Louis Grinda. Le chef Kazuki Yamada en assurera la direction musicale à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo (dont il sera le directeur artistique et musical jusqu'en août 2026, avant de rejoindre les Deutsches Symphonie-Orchester de Berlin). Le plateau vocal réunit quelques-uns des grands spécialistes du répertoire : Lea Desandre et Huw Montague Rendall dans les rôles titres face à Gerald Finley en Golaud ou Laurent Naouri en Arkel.
Comédie musicale : Cats
Comme la saison dernière, le répertoire contemporain de la saison 2025/26 à l’Opéra de Monte-Carlo passe par la comédie musicale. Au même titre qu’elle a fait entrer West Side Story au répertoire du festival de Salzbourg, Cecilia Bartoli avait programmé Le Fantôme de l’Opéra à Monaco pour les fêtes de fin d’année en décembre dernier. Le public monégasque a répondu présent et en toute logique, l’établissement récidive : du 14 au 31 décembre prochains, l’institution donnera Cats, comédie musicale emblématique au succès planétaire, dans la mise en scène historique de Trevor Nunn – dans une distribution qui sera précisée ultérieurement.
Dans une approche similaire, l’Opéra de Monte-Carlo entend aussi commémorer le 50e anniversaire de la disparition de Joséphine Baker – qui s’était régulièrement produite sur scène en Principauté et repose toujours à Monaco. À l’occasion de la Fête nationale monégasque, les 19 et 21 novembre, l’Opéra de Monte-Carlo a commandé un nouveau spectacle mis en scène par Davide Livermore, célébrant Joséphine Baker au travers de plusieurs de ses chansons inoubliables – accompagnées par l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo.
Récitals et opéras en version de concert
L’Opéra de Monte-Carlo complète sa saison avec des récitals et opéras en versions de concert. L’établissement poursuit notamment sa collaboration avec l’Opéra d’Etat de Vienne : après la « Semaine Rossini » orchestrée par l’Opéra de Monte-Carlo à Vienne en 2022, c’est la troupe de l’établissement viennois qui s’était invitée à Monaco dans le cadre d’une trilogie Mozart / Da Ponte. Après Les Noces de Figaro en 2023, puis Don Giovanni en janvier dernier, Cosi fan Tutte sera donnée dans une version « mise en espace » à Monte-Carlo. Louis Langrée en assurera la direction musicale et on retrouvera Cecilia Bartoli dans la distribution en Despina.
Cecilia Bartoli endossera également le rôle travesti d’Orphée dans une version mise en espace d’Orfeo ed Euridice de Gluck – donnée à Salzbourg en version scénique avant de partir en tournée et qui sera finalement aussi proposée au public monégasque le 28 janvier 2026.
Cecilia Bartoli toujours, mais cette fois en récital (le 14 février 2026), pour partager la scène avec Placido Domingo dans un programme de chansons napolitaines, italiennes et espagnoles. Parmi les autres récitals de la saison, on peut aussi retenir la soirée C’est magnifique ! emmenée par Roberto Alagna dans un répertoire de chansons populaires (de C’est magnifique de Luis Mariano à My Way de Frank Sinatra). En mars de l'année prochaine, l’Opéra de Monte-Carlo accueillera également Elīna Garanča dans un concert d’airs d’opéras « composé des moments marquants des plus beaux rôles de son vaste et très varié répertoire ».
En attendant de la découvrir sur pièce, le détail de la saison 2025-2026 de l'Opéra de Monte-Carlo est disponible sur le site de l'établissement.
publié le 5 mai 2025 à 10h47 par Aurelien Pfeffer
05 mai 2025 | Imprimer
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