
Quelle forme prendra la fameuse nouvelle tétralogie de Wagner du Festival de Bayreuth 2026 ? Ce nouveau « Ring 10010110 », « du mythe au code », reposera sur une scénographie générée grâce à l’intelligence artificielle à partir des productions du passé du Festival, et sera défendue par quelques-unes des plus grandes voix wagnériennes du moment.
Alors que l’édition 2025 du Festival de Bayreuth s’apprête à accueillir ses premiers festivaliers, le Festival de Bayreuth 2026 livre un premier aperçu des temps forts de sa programmation. On le sait, cette prochaine édition marquera les 150 ans du grand rendez-vous annuel des wagnériens et on le sait également, il doit s’articuler autour d’une nouvelle production de L'Anneau du Nibelung réunissant successivement L'Or du Rhin, La Walkyrie, Siegfried et enfin Le Crépuscule des dieux. Ce qu’on ne savait pas néanmoins et qui restait nimbé de mystères, c’était la forme que prendra cette nouvelle Tétralogie de Wagner. La rumeur laissait entendre que plusieurs metteurs en scène pourraient collaborer pour monter cette nouvelle production et à certains égards, la rumeur n’avait pas totalement tort.
Cette nouvelle Tétralogie de Wagner doit en effet puiser son inspiration dans toutes celles qui ont marquées les 149 dernières éditions du Festival de Bayreuth : la directrice artistique Katharina Wagner annonce un « Ring 10010110 », où 10010110 en code binaire se traduit par « 150 », comme 150 ans, et où la scénographie de ce Ring sera générée grâce à l’intelligence artificielle.
Ring 10010110 du Festival de Bayreuth 2026 : impressions de L'Or du Rhin et La Walkyrie
L'intelligence artificielle pour générer la scénographie « Ring 10010110 » du Festival de Bayreuth 2026
Concrètement, ce « Ring 10010110 » est confié à la curation de Marcus Lobbes, metteur en scène mais aussi directeur de l’Academy for Theater and Digitality au Theater Dortmund. Il aura vocation à « nourrir » l’intelligence artificielle de sorte que la machine génère « un cosmos visuellement bouillonnant de lumière, de textures, d'histoire et d'associations, au milieu de projections qui s'ouvrent, se déplacent en permanence et se fondent les unes dans les autres ». Dès lors, selon le Festival, « les projections sont plus que de simples décors : elles sont la surface réfléchissante d'un discours vieux de 150 ans. L'IA qui les génère a appris à partir d'innombrables images, voix, documents et productions. Elle ne montre pas un seul Ring, mais plusieurs : le mythe national, le bouleversement sociopolitique, l'explosivité artistique, l'utopie romantique, l'ombre déconstruite ». La génération procédurale de la scénographie implique par ailleurs que « chaque représentation sera unique, car les images et les associations ne sont jamais pas figées ». Une approche originale du « spectacle vivant » qui reprend les mêmes œuvres mais jamais totalement de la même façon.
Ce n’est pas la première fois que le Festival de Bayreuth joue la carte de l’innovation technologique : on se souvient par exemple du Ring de Valentin Schwarz pensé comme « une série Netflix » en 2022 ou du Parsifal en réalité augmentée en 2023. Le nouveau Ring de 2026 entend aborder la Tétralogie de Wagner comme « une œuvre qui se raconte sans cesse de nouveau, non pas malgré son histoire, mais grâce à elle ». C'est-à-dire ? « L'intelligence artificielle devient le miroir de la mémoire collective, mais aussi la surface de projection de nos questions actuelles : qui raconte l'histoire ? Qui crée les images ? Et à qui appartiennent-elles ? Ainsi, l'éternel de Richard Wagner se confond avec le caractère éphémère de la transformation numérique. Le son rencontre le code, le mythe rencontre la machine, les festivals rencontrent l'avenir. La scène devient un laboratoire de perception, un lieu où le théâtre musical n'est pas seulement interprété, mais exploré ». Ce Ring 10010110 prétend prendre des allures « d’invitation à la contemplation, à la réflexion et à la curiosité : c'est un Ring de questions, pas de réponses ».
Ring 10010110 du Festival de Bayreuth 2026 : impressions de Siegfried et du Crépuscule des dieux
Quelle distribution pour L'Anneau du Nibelung de Bayreuth 2026 ?
Si la scène doit donc relever l’expérience évolutive, les solistes restent au cœur de la proposition musicale et doivent servir de « point fixe » dans « une présence calme, presque sculpturale ». Quid de la distribution ? Evidemment, le Festival de Bayreuth réunit quelques-unes des plus grandes voix wagnériennes du moment : Michael Volle en Wotan, Klaus Florian Vogt pour un marathon qui le voit enchaîner les rôles de Loge dans L’Or du Rhin puis en Siegmund dans La Walkyrie et Siegfried dans la suite du cycle, mais aussi Gerhard Siegel en Mime et Peter Rose en Fafner ou Camilla Nylund en Brünnhilde, Anna Kissjudit ici en Fricka et Elza van den Heever pour chanter Sieglinde, entre autres. Et pour faire bonne mesure, Christian Thielemann doit diriger cette nouvelle tétralogie dans la fosse de Bayreuth.
L'Anneau du Nibelung de Bayreuth 2026 se dévoilera par ailleurs en trois cycles successifs des quatre opéras de la Tétralogie : le premier du 27 juillet au 1er août, le deuxième du 4 au 9 août et enfin le troisième du 12 au 16 août 2026. Et d’ores et déjà, la billetterie est ouverte sur le site du Festival de Bayreuth : des « packs anniversaires » sont temporairement proposés à la vente, intégrant des places pour tout ou partie des productions de cette édition des 150 ans du Festival de Bayreuth (il en coutera plus de 1176 euros par personne pour assister à toutes les productions).
publié le 24 juillet 2025 à 11h47 par Aurelien Pfeffer
24 juillet 2025 | Imprimer
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