Disparition du célèbre metteur en scène allemand Harry Kupfer

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Une bien triste nouvelle est venue clore l’année 2019 : le metteur en scène allemand Harry Kupfer, disciple de Walter Felsenstein, devenu l’une des personnalités marquantes du « Regietheater » faisant de la mise en scène un élément déterminant de l’opéra et notamment pour ses mises en scène des opéras de Wagner, est décédé lundi à Berlin, à l’âge de 84 ans, « des suites d’une longue maladie » selon son agence artistique viennoise Arsis.

Né à Berlin le 12 août 1935, il grandit du côté est de la ville divisée et étudie le théâtre à la Theaterhochschule de Leipzig entre 1953 et 1957. Il devient assistant au Landestheater Halle et y dirige en 1958 son premier opéra, Rusalka de Dvořák. Il travaille ensuite au Théâtre Stralsund et au Théâtre Karl-Marx-Stadt avant de devenir directeur d'opéra au Théâtre national de Weimar en 1966 et d’enseigner à la Hochschule für Musik Franz Liszt de Weimar de 1967 à 1972. En 1971, il est invité à mettre en scène La Femme sans Ombre de Richard Strauss à la Staatsoper Berlin.

L’année suivante, il devient directeur de l'opéra au Staatsoper de Dresde jusqu’en 1982 et réalise sa première mise en scène à l’étranger l’année suivante avec Elektra de Strauss à l’Opéra de Graz en Autriche, tout en devenant professeur à la Hochschule für Musik Carl Maria von Weber de Dresde en 1977. En 1973, il met en scène Levins Mühle d'Udo Zimmermann au Staatstheater de Dresde sous la direction de Siegfried Kurz, Moses und Aron de Schönberg pour sa création en RDA en 1975, ou encore la création mondiale de Der Schuhu und die fliegende Prinzessin de Zimmermann dirigée par Max Pommer en 1979, ainsi que la création de Antigone ou die Stadt de Georg Katzer au Komische Oper Berlin en 1991. Il co-écrit également avec le compositeur Krzysztof Penderecki le livret de l'opéra Die Schwarze Maske de Penderecki qu’il créé à Salzbourg en 1986 et à l’Opéra de Santa Fé pour sa création américaine deux ans plus tard.

L'année 1978 marque un tournant puisque Harry Kupfer fait ses débuts en l’Allemagne de l’Ouest grâce au Festival de Bayreuth au cours duquel il s’illustre dans une mise en scène du Vaisseau fantôme qui « déplace le curseur dramaturgique, dessinant, au centre du mythe de l’homme maudit errant sur les mers, la figure de proue d’une jeune fille névrosée, que son obsession et sa folie mèneront au suicide » (Le Monde), appuyée par la direction de Dennis Russell Davies. En 1988, il est à nouveau à Bayreuth, cette fois-ci à la tête du Ring de Wagner aux côtés de Daniel Barenboïm avec qui il collaborera à nouveau, notamment pour le festival des Festtage de Berlin (dont le chef d’orchestre est directeur artistique depuis 1992) en proposant une quasi intégrale des dix opéras wagnériens sur plusieurs saisons.

En 1981, il entre au Komische Oper de Berlin en tant que directeur, poste qu’il conservera jusqu’en 2002, soit plus de vingt ans au cours desquels il produira près de 140 mises en scène, dont de très nombreuses œuvres de Wagner, compositeur qui lui est aujourd’hui associé.

Après sa retraite de l’Opéra comique de Berlin, il poursuit sa carrière de metteur en scène à l’international, montant des opéras sur commande partout dans le monde, notamment à Sydney, Barcelone, ou encore Helsinki. En 2014, il a par exemple été invité par le festival de Salzbourg à monter Le Chevalier à la rose tandis que la Scala de Milan a présenté ses Maîtres chanteurs de Nuremberg en 2017. En 2016, il retrouve Daniel Barenboïm pour Fidelio à la Staatsoper Im Schiller Theater de Berlin pour un grand moment lyrique dont nous rendions compte. Une production reprise en 2018 par la Staatsoper Unter den Linden, qui la repropose également cette année.

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