Moïse et Aaron - Moses und Aron

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Informations générales

  • Compositeur:Arnold Schönberg
  • Librettiste:Arnold Schönberg
  • Date de création:06/06/1957
  • Lieu de création:Suisse
  • Nombre d'acte:2
  • Langue originale:Allemand
  • Maison d'opéra de la production originale:Zürich

Description de l'Œuvre

Description Acte 1Acte 2

Opéra demeuré inachevé, Moses und Aron (en français Moïse et Aaron) est le dernier et le plus imposant ouvrage lyrique composé par Arnold Schönberg (1874-1951), en dehors de son immense oratorio dramatique, Gurre-Lieder (1900-1911). Ce drame biblique, dont le musicien rédige lui-même le livret à partir de passages du Pentateuque, occupe une place singulière. Il s’agit d’un opéra « dodécaphonique » dont tout le matériel musical découle d’une seule série de douze sons, celle des tons de la gamme, qui est donnée une première fois à travers l’intervention d’Aaron : «  Ô fils de mes pères », pour subir ensuite de multiples combinaisons et variations selon le système théorisé par le compositeur lui-même. Arnold Schönberg a marqué l’histoire de la musique en mettant au point cette nouvelle méthode de composition avec douze sons qu’il applique dans sa Suite pour piano op. 25 (1921), la première de ses œuvres à reposer entièrement sur ce nouveau langage musical. Dans Moses und Aron, Schönberg semble tenter de traduire musicalement ce Dieu invoqué par  Moïse : «  inimaginable parce qu’invisible, parce qu’inconcevable, parce qu’infini, parce qu’éternel, présent partout, tout puissant » (Acte 1, scène 2).

Les premières esquisses de l’ouvrage datent de 1930. Les deux premiers actes sont achevés début 1932. Le livret du troisième acte ne sera terminé qu’en 1935 aux Etats-Unis où Schönberg s’est exilé pour fuir la montée du nazisme et de l’antisémitisme. Avant son départ, il avait abandonné le protestantisme auquel il s’était converti dans sa jeunesse. Pour affirmer sa solidarité avec le peuple auquel il appartenait, Schönberg avait préféré renouer avec le judaïsme en juillet 1933, à Paris, à la synagogue de la rue Copernic.   

En dépit de nombreuses tentatives, le compositeur ne parviendra jamais à terminer l’écriture de la partition, torturé par un fort sentiment d’impuissance qui éclate dans les derniers mots du monologue de Moïse à la fin de l’Acte 2 : « Ô parole ! Parole qui me manque ». Moses und Aron reste l’ouvrage de Schönberg le plus complexe et le plus formellement audacieux. L’opéra est bâti sur l’opposition entre Moïse, porteur de la Pensée et Aaron, son frère, porteur de la Parole de Dieu. Moïse privé de la facilité de parole, ne s’exprime qu’en « Sprechgesang », une récitation rythmée qui contraste avec l’aisance du chant brillant d’Aaron, ténor lyrico-dramatique. Les deux personnages symbolisent le conflit entre la pensée et l’action. La scène du « Veau d’Or » constitue un des sommets de la partition en mobilisant tous les arts de la scène lyrique, orchestre, solistes, chœurs et danses en un déchaînement confinant à la sauvagerie. Conscient des difficultés de réalisation que présentait son opéra, le musicien craignait qu’il ne soit jamais représenté. L’ouvrage fut d’abord créé en version concert en 1954 à Hambourg sous la direction de Hans Rosbaud. La première représentation n’eut lieu qu’en 1957 au Stadttheater de Munich avec le même chef d’orchestre. L’opéra, qui ne connut que de rares reprises jusqu’en 1970, semble désormais s’être imposé au répertoire grâce à des chefs comme Georg Solti, Pierre Boulez ou Christoph von Dohnanyi.

Résumé de Moïse et Aaron

Appelé par Dieu à guider le peuple d’Israël vers la liberté, Moïse se sent incapable de convaincre les siens qui sont divisés et toujours attachés aux dieux anciens. L’Eternel lui répond : « Aaron sera ta bouche ». Dès lors, les deux frères vont s’affronter. Moïse peine à trouver les mots justes pour faire partager son exigeante conception de Dieu. Aaron, habile à manier le verbe, séduit et entraîne, affirmant sa suprématie sur Moïse. 

Acte 1

À travers le buisson ardent, la voix de Dieu s’adresse à Moïse et lui confie la mission de guider les siens vers la liberté avec l’aide de son frère Aaron qui sera son porte-parole. Les deux frères sont en désaccord profond : Aaron refuse de reconnaître avec son frère que Dieu est inimaginable et invisible. Le Peuple, qui veut voir ce nouveau Dieu censé ne pas réclamer de sacrifices, est divisé entre nouvelles et anciennes croyances. Moïse est suspecté d’avoir attiré la colère de Pharaon sur les Israélites. Les deux frères demandent à chacun de se prosterner devant Dieu. Aaron arrache à Moïse son bâton, qu’il transforme en serpent pour achever de convaincre les récalcitrants. Il guérit la main de son frère gagnée par la lèpre et transforme l’eau du Nil, en sang. Aaron triomphe. Le peuple s’extasie devant ces miracles et accepte de se mettre en route vers la terre promise où coulent le lait et le miel. Mais où est Moïse ?

Acte 2

Moïse a disparu depuis quarante jours. Le peuple est en proie à l’agitation et à la violence et Aaron lui-même semble gagné par le doute. Pour éviter la révolte qui gronde, Aaron rétablit l’ancien culte idolâtre en laissant ériger un Veau d’Or auquel chacun s’empresse de faire ses dévotions. De véritables scènes d’orgie marquent ce retour en arrière, loin de l’idée d’un Dieu éternel et invisible. Moïse descend enfin de la montagne où il s’était retiré. Il fait disparaître le Veau d’Or, provoquant la consternation générale. Aaron justifie son attitude sacrilège en invoquant la longue absence de son frère. Quand Moïse lui présente les Tables de la Loi, Aaron argue qu’elles sont aussi une représentation de la toute-puissance de Dieu. Moïse, désespéré, brise les Tables de la Loi. Une colonne de feu apparaît alors pour guider le Peuple vers la Terre Promise, à travers la nuit. La colonne se transforme en une nuée quand revient le jour. Aaron affirme que c’est le signe tangible de la présence de Dieu et non une idole comme le pense Moïse. Moïse s’effondre, vaincu, après un poignant monologue qui s’achève sur un constat désespéré : « Ô parole ! Parole qui me manque ! ». 

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