
Béatrice Uria-Monzon s’est éteinte ce samedi 19 juillet au matin, des suites d’une longue maladie. Elle avait 61 ans et restera dans les mémoires comme une immense Carmen.
Béatrice Uria-Monzon est décédée ce 19 juillet au matin, dans sa région natale à Agen, à l’âge de 61 ans, des suites d’une longue maladie. C’est son agent depuis près de quarante ans, Thérèse Cédelle, qui l’annonce sur les réseaux sociaux. Elle salue à la fois « une immense artiste » et une personnalité d’une grande sincérité. On la savait aussi rayonnante et solaire sur scène que timide et en proie au doute dans la vie.
Evidemment, Béatrice Uria-Monzon restera indissociable du rôle-titre de Carmen qu’elle a interprété un nombre incalculable de fois dans de nombreuses productions différentes. Elle avait découvert le chant presque par hasard, au lycée, grâce à un professeur mélomane, avant d’intégrer successivement le Conservatoire de Bordeaux, le Centre National d'Insertion Professionnelle d'Artistes Lyriques (CNIPAL) de Marseille (où elle croisera Raymond Duffaut qui lui ouvrira ensuite les portes des Chorégies d’Orange) et finalement l'École d'Art Lyrique de l'Opéra de Paris. Quelques années plus tard, en 1993, elle y auditionnera pour chanter Carmen dans la mise en scène de José-Luis Gomez à l'Opéra Bastille. À l’aune d’une carrière encore très jeune, elle imprimera derechef irrémédiablement sa marque sur le rôle : là où Carmen était jusqu’alors le plus souvent dépeinte comme une gitane aguicheuse, Béatrice Uria-Monzon met davantage en avant l’élégance de la musique de Bizet, et impose une fierté presque aristocratique à la cigarière, pour en faire une femme humaine avec ses failles.
C’est ce qu’elle nous expliquait lors d'un entretien qu'elle nous accordait – où elle évoque aussi ses liens personnels avec Carmen, sa soif de vie mais aussi sa relation à la mort, qui prend aujourd’hui un sens singulier.
Si Carmen reste le « rôle signature » de Béatrice Uria-Monzon, son répertoire était loin de s’y limiter. Très tôt, elle a également chanté Charlotte dans Werther, mais aussi Eboli dans Don Carlos ou Vénus de Tannhäuser. Le répertoire de la mezzo-soprano, reposant sur une couleur de voix sombre marquée par un grain cuivré, riche et chaleureux, a aussi évolué quand Béatrice Uria-Monzon a commencé à aborder des rôles de sopranos : d’abord Marguerite dans La Damnation de Faust, puis Chimène dans Le Cid, et son goût pour le vérisme et les héroïnes dramatiques l’a conduit aussi vers Santuzza dans Cavalleria Rusticana ou Adriana Lecouvreur, mais aussi une bouleversante Didon dans Les Troyens. En 2012 à Avignon, elle ajoutait Tosca à son répertoire, puis Lady Macbeth en 2016 à La Monnaie de Bruxelles, ou encore La Gioconda qu’elle chantera notamment à Toulouse avec Ramón Vargas.
Au-delà des grands rôles de répertoire, Béatrice Uria-Monzon interprétait aussi des œuvres contemporaines. Elle est notamment la créatrice du rôle de la Comtesse de Sérizy de Trompe-la-Mort de Luca Francesconi à l’Opéra de Paris en 2017, puis du rôle de Doña Isabel dans Le Soulier de satin de Marc-André Dalbavie en 2021. Elle avait aussi repris le rôle de la reine Marguerite dans Yvonne, princesse de Bourgogne de Philippe Boesmans.
Béatrice Uria-Monzon s’est éteinte ce 19 juillet et les hommages se multiplient sur les réseaux sociaux. France Télévisions lui consacrera aussi une soirée spéciale ce mardi 22 juillet sur France 4, avec la rediffusion à partir de 21h de Carmen dans la mise en scène de Jérôme Savary, donnée au Théâtre antique d’Orange en 2004 (Béatrice Uria-Monzon y partageait la scène avec notamment Roberto Alagna en Don José et Ludovic Tézier en Escamillo ou encore Karine Deshayes dans le rôle de Mercédès). En deuxième partie de soirée, à 23h40, l’émission Fauteuils d’orchestre présentée par Anne Sinclair qui lui a été consacrée sera également rediffusée.
publié le 20 juillet 2025 à 09h52 par La rédaction
20 juillet 2025 | Imprimer
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