Bryan hymel et Irini Kyriakidou en récital au Festival Castell Peralada

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Il est de coutume – au Festival Castell Peralada – de programmer un récital lyrique dans l'église du village, la veille du temps fort du festival, c'est à dire une version scénique d'opéra (Turandot de Puccini pour cette édition 2016). Ces dernières années, on a ainsi pu entendre quelques-uns des plus grands gosiers de la planète comme Jonas Kaufmann (il y a deux ans), Ramon Vargas, Placido Domingo, Klaus Florian Vogt... et c'était cette fois au tour du ténor américain Bryan Hymel – plébiscité notamment dans le répertoire romantique français - de faire preuve de son talent.

Las, après la déception qu'ont constituées ses interprétations d'Alfredo (La Traviata) à l'Opéra de Paris en juin et de Pinkerton (Madama Butterfly) aux Chorégies d'Orange en juillet, le concert catalan a confirmé qu'il n'est pas au meilleur de sa forme actuellement. Après la satisfaction suscitée par les Quatre hymnes de Ralph Vaughan Williams – autant par leur exécution chargée d'émotion que pour leur rareté –, l'air de Turridu (Cavalleria Rusticana) qui suit accuse des tensions et se montre avare en nuances. Les deux airs français qu'il interprète par la suite (l'air de la fleur dans Carmen et « Ah, lève toi soleil » tiré de Roméo et Juliette de Gounod), s'ils sont chantés dans un français impeccable, sont néanmoins délivrés trop en force pour satisfaire l'oreille, sans compter quelques aigus rebelles.

C'est finalement sa femme, la soprano grecque Irini Kyriakidou (non prévue au départ) qui apportera le plus de satisfactions au cours de la soirée (ainsi que l'accompagnement efficace du pianiste britannique Julius Drake). Les trois (des quatre) Nuits d'été d'Hector Berlioz qu'elle interprète d'abord laissent apparaître une belle sensibilité musicale, une prosodie châtiée, un sens du texte qui donne aux mots toute leur émotion poétique. C'est la même poésie et la même émotion que distille, ensuite, le fameux Chant à la lune extrait de Rusalka de Dvorak.

Outre ces airs soli, le couple à la scène comme à la ville offre un duo extrait de Carmen, « Parle moi de ma mère », où leur complicité et leur affection ne peuvent que toucher l'auditoire, d'autant que Bryan Hymel prend en compte le volume vocal plus limité de sa partenaire et allège (enfin) sa propre émission. En bis, lui donne à entendre l'air de Jean-Baptiste dans Hérodiade de Massenet puis le tube qu'est « Nessun dorma » dans Turandot où l'éclat et la robustesse de la voix convainquent (mieux). De son côté, Kyriakidou entonne le fameux « O mio bambino caro » extrait de Gianni Schicchi de Puccini, dans lequel la douceur et la lumière de sa voix suscitent l'enthousiasme.

On était venu pour Bryan Hymel, on repart avec la découverte de la voix d'Irini Kyriakidou...

Emmanuel Andrieu

Bryan Hymel et Irini Kyriakidou en récital au Festival Castell Peralada, le 4 août 2016

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