Une femme de feu, le roman de la Malibran

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En 2007, Cecilia Bartoli ressuscitait la voix de Maria Malibran dans son disque Maria, en réinterprétant quelques-uns des grands airs du répertoire de l’immense cantatrice du XIXème siècle. Aujourd’hui, c’est à l’interprète elle-même qu’Alain Duault* redonne vie dans son ouvrage Une femme de feu: le roman de la Malibran. Et quelle vie !

Maria Malibran n’était pas seulement l’une des plus grandes divas de son temps, elle vivait aussi au cœur du monde opératique de l’époque : dès son plus jeune âge, elle a accompagné son père (le ténor Manuel García) sur les plus grandes scènes d’Europe, a assisté aux créations des quelques-unes des œuvres les plus emblématiques du répertoire ou côtoyé les principales figures de l’opéra de son temps – Rossini l’a connu toute petite et lui conservera une tendre amitié, Bellini l’aurait secrètement aimée (et aurait composé sa Somnambule en pensant à elle), Meyerbeer ou Liszt se disaient ensorcelés par la jeune cantatrice, qui a croisé Chopin et George Sand, était admirée de Musset, Lamartine ou Delacroix...

C’est cette histoire (qui se mêle à l’Histoire) qu’Alain Duault raconte dans son Roman de la Malibran. Avec la verve qu’on lui connait, l’auteur imagine la découverte d’archives inédites : le journal des derniers jours de Maria Malibran alors qu’elle se meurt à l’âge de seulement 28 ans et se remémore les hautes heures d’une vie trop courte mais vécue à toute vitesse et ô combien romanesque. Alain Duault en compose une autobiographie imaginaire, écrite à la première personne et à la manière de..., dans laquelle la diva se raconte et retrace une vie, exaltée ou douce-amère, faite de triomphes et d’états d’âme, de joies et de douleurs.

Chaque page fourmille surtout d’anecdotes sur la cantatrice et sur l’opéra : comment, à cinq ans, elle fit ses premiers pas sur une scène en interprétant le duo d’Agnese, de Ferdinando Paër, avec son père alors que la soprano de la représentation était prise d’un malaise, ou plus tard son apprentissage du chant avec un père autoritaire, voire brutal (elle apprendra ainsi à chanter en pleurant). On explore aussi les coulisses et arrières boutiques des grandes scènes lyriques de Naples, Paris, Londres ou New York, on en croise les grandes figures (et les rivales de la diva), on entraperçoit ses amours (avec Eugène Malibran puis avec le violoniste Charles de Bériot), on partage ses succès les plus flamboyants pour mieux évoquer ses « rôles d’amour » (Desdemone ou La Cenerentola), notamment au travers d’extraits de lettres ou de critiques enflammées de l’époque... et jusqu’à sa fin tragique sur scène ou presque – Maria Malibran agonisera pendant plusieurs semaines suite à une chute de cheval, sans renoncer à ses engagements, avant de s’éteindre à Manchester en 1836 (et même le choix de sa sépulture prendra des allures d’aventures).

On le comprend, ce Roman de la Malibran est une fresque lyrique et romanesque qui explore tout à la fois l’âme incandescente de cette femme de feu et les coulisses de l’opéra du début du XIXème siècle. On s’y plonge avec délectation.

Une femme de feu, le roman de la Malibran par Alain Duault, est édité chez Gallimard (16€)

la rédaction

* Alain Duault est un contributeur régulier d'Opera Online, où l'on peut lire ses Points de vue sur les temps forts de l'actualité lyrique. 

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