
À l’Opéra de Nice, Bertrand Rossi imagine une saison 2025/26 articulée autour des notions de liberté et d’ouverture d’esprit : elle promet plusieurs nouvelles productions, des œuvres rares et la création française de Satyagraha, de Philip Glass.
Nice, une ville un brin conservatrice ? Peut-être, mais pas son Opéra. C’est du moins ce que revendique son directeur Bertrand Rossi qui dévoile une saison 2025-2026 sous-titrée « Libres d’esprit » et qui « veut casser les codes pour s’ouvrir à tous les publics » – la prochaine saison entend célébrer l’esprit de résistance, d’émancipation et de vérité comme pour répondre à un monde qui tend à se replier sur lui-même. Bertrand Rossi veut ainsi renforcer le dialogue entre le ballet et l’opéra tout au long de la saison ; imagine l’opération « Une journée à l’opéra » qui, pendant tout l’été, ouvrira l’Opéra Nice Côte d'Azur à ceux qui n’y vont pas habituellement ; ou promet encore un festival « Metal Up the Opera » durant lequel « le cadre prestigieux de l’Opéra de Nice » et son parvis accueilleront des groupes de musique métal mélodique qui se produiront en écho à la musique symphonique.
La saison lyrique 2025/26 de l'Opéra de Nice en un coup d'oeil
- Satyagraha (création française) par Lucinda Childs et Léo Warynski
- Chansons de Paris (opérette)
- Company (comédie musicale)
- La Clémence de Titus (nouvelle production), par Jean-Philippe Clarac / Olivier Deloeuil et Kirill Karabits
- Don Pasquale, par Timothy Sheader et Giuliano Carella
- Le Villi (nouvelle production), par Stefano Poda et Valerio Galli
- La Traviata (reprise), par Silvia Paoli et Andrea Sanguineti
- Un Monde Ensemble (opéra-rock), création
La première production lyrique de la saison 2025/26 de l’Opéra de Nice est sans doute révélatrice des ambitions de son directeur : l’institution assurera la création française de Satyagraha, de Philip Glass, inspiré de la vie de Gandhi. Lors de sa prise de fonctions, Bertrand Rossi avait programmé Akhnaten du même compositeur (un tour de force en période de pandémie) et le directeur poursuit donc avec le deuxième opus de la fascinante trilogie du compositeur : de nouveau, il fait appel à la metteuse en scène Lucinda Childs (elle signait déjà la production d’Akhnaten) et réunit une distribution de jeunes interprètes qu’on est curieux de découvrir dans l’œuvre : le ténor Sahy Ratia dans le rôle de Gandhi aux côtés notamment de Melody Louledjian, Karen Vourc'h ou Julie Robard-Gendre.
La liberté à l'opéra
Dans le sillage de Gandhi, la suite de la saison lyrique sera donc traversée par le thème de la liberté. La liberté de pardonner avec La Clémence de Titus dans une nouvelle production signée du duo Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil. Ils articuleront l’opéra de Mozart autour des grandes premières dames de l’histoire pour évoquer les relations entre l’empereur Titus (Enea Scala) et sa maîtresse Vitellia (Anaïs Constans), accompagnés par le chef d’orchestre Kirill Karabits.
La liberté de s’élever face à l’injustice, ensuite, avec Le Villi, opéra de jeunesse de Puccini augurant de ses succès futurs. Cette histoire de vengeance est confiée à Stefano Poda, dont on connait les mises en scène à l’identité visuelle souvent très forte. Musicalement, la fosse est confiée à Valerio Galli (prix Puccini 2013), avec sur scène Armando Noguera, Vanessa Goikoetxea et Thomas Bettinger.
La liberté d’oser, aussi, avec un Don Pasquale issu du catalogue de l'Opéra national de Lorraine. Le metteur en scène britannique Timothy Sheader y promet « une relecture inventive de l’opéra-bouffe » de Donizetti, « dans une mise en scène pétillante, inspirée de l’univers des séries télé » dans lequel le rôle-titre « se transforme en grand patron d’entreprise, victime des illusions du jeunisme ». Fichtre ! Pour défendre l’ouvrage sur scène, Federico Longhi dans le rôle-titre fera face à l’espiègle Norina de Mariam Battistelli et au Docteur Malatesta de Mikhail Timoshenko.
Et puis la liberté d’aimer envers et contre tout, enfin, avec La Traviata dans une reprise de la mise en scène de Silvia Paoli (déjà donnée notamment à Angers Nantes Opéra) qui y « dresse une peinture fine des relations humaines ». La reprise niçoise affiche une belle distribution : Kathryn Lewek dans le rôle-titre, Julien Behr en Alfredo ou encore Jean-Sébastien Bou en père Germont.
Opérette et comédie musicale
L’institution niçoise complète sa saison avec une opérette et une comédie musicale. Le 22 novembre prochain, l’Opéra de Nice donne Chansons de Paris, opérette créée en 1954 et constituée d’airs emblématiques du Paris de La Belle Epoque arrangés par le compositeur belge Max Alexys – qui invite à suivre les péripéties d’Adrienne (Laeticia Goepfert) et Nichette (Priscilla Beyrand). L’ouvrage est donné ici dans une mise en scène et chorégraphie de Serge Manguette.
L’Opéra de Nice s’associe également à Génération Opéra pour donner la comédie musicale Company de Stephen Sondheim. L’association a pour mission d’accompagner de jeunes artistes et d’encourager la coopération des maisons d’opéra, en produisant ses propres spectacles, afin qu'ils soient donnés partout en France avec les artistes de ses promotions. Le chef-d’œuvre de la comédie musicale de Broadway fera donc halte à Nice les 29 et 30 novembre prochains, dans une mise en scène de James Bonas et dirigé par Larry Blank.
Un Monde ensemble, création jeune public
L’Opéra de Nice ouvre sa salle (et sa scène !) aux jeunes spectateurs. Pour les plus jeunes, les « Goûters sur scène » permettent aux enfants de partager la scène avec les artistes pour expérimenter l’opéra et les « Pitchoun Symphonique » s’adressent aux tout-petits (dès 15 mois) pour leur confier la scène pendant que l’orchestre joue.
L’institution niçoise invite aussi les plus jeunes à participer. C’est notamment l’objet de la création mondiale de l'opéra-rock Un Monde ensemble. Le projet est présenté comme « une explosion musicale mêlant musique orchestrale, chant, slam, percussions et danses urbaines », défendu par 150 jeunes des quartiers de Nice Est qui y travaille depuis deux ans. Au-delà du spectacle, le projet est le fruit de « rencontres avec des personnalités inspirantes et d’une consultation citoyenne » en attendant de donner lieu à des représentations sur la grande scène de l’Opéra de Nice. « Une aventure humaine où la jeunesse s’unit pour construire un avenir plus juste ».
L'intégralité de la saison 25/26 de l'Opéra Nice Côte d'Azur est détaillée sur le site de l'institution.
publié le 16 mai 2025 à 11h44 par Aurelien Pfeffer
16 mai 2025 | Imprimer
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