© Opéra national du Rhin
Alain Perroux signe sa dernière saison à la tête de l’Opéra national du Rhin et applique de nouveau la recette qui a fait le succès de son mandat : quelques opéras de répertoire mais surtout des œuvres rares et des redécouvertes (Le Miracle d’Héliane de Korngold), ponctué de comédies musicales.
Sous la direction d’Alain Perroux, l’Opéra national du Rhin a su séduire à la fois le public et la critique. En termes de spectateurs, l’institution revendique un taux de remplissage de « plus de 92% en moyenne » et des recettes propres en augmentation (+26,6%), atteignant 5,2 millions d’euros en 2024 pour un budget de fonctionnement global de 24,8 millions d’euros – incluant trois millions d’euros de recettes de billetterie et d’abonnement (selon le directeur, « ce n’était jamais arrivé »). Et sur le front de la critique, la maison strasbourgeoise se taille une solide réputation d’exigence, notamment grâce à un goût très sûr, notamment en matière de redécouvertes d’œuvres rares.
Le mandat d’Alain Perroux arrivera à son terme à la fin de la saison 2025-2026 (il prendra alors la direction du Grand Théâtre de Genève), mais d'ici là, le directeur en partance vient de dévoiler sa dernière programmation strasbourgeoise, placée sous le signe du théâtre. Dans son éditorial, Alain Perroux explicite ce choix : « affirmer que "le monde est un théâtre", c’est souligner aussi que les apparences sont trompeuses et notre passage sur terre éphémère. Voilà pourquoi notre saison ’25’26 offre une discrète réflexion sur la vanité terrestre et le pouvoir incommensurable du temps. N’être pas dupe des apparences, se défaire des illusions, traquer la vérité sous les fake news, révéler le vrai grâce au masque, voilà sans doute quelques-unes des fonctions essentielles du théâtre qui le rendent si nécessaire à nos démocraties. À l’heure où le fascisme est de retour en Occident, avec son cortège de désinformation, de menaces, de violence et de haines, la culture a un rôle essentiel à jouer pour nous rappeler qu’il n’y a pas de société humaine sans attention portée aux autres, sans réflexion morale ni sens du collectif ».
La prochaine saison promet ainsi neuf opéras ou comédies musicales, sept ballets, cinq récitals pour près de 200 levers de rideau, dont 65 ateliers et actions pédagogiques et 70 représentations dédiées aux groupes scolaires. Aperçu des temps forts de la prochaine saison.
Nouvelles productions lyriques
- Otello de Verdi par Ted Huffman et Speranza Scappucci
- Le Miracle d’Héliane (création française) par Jakob Peters-Messer et Robert Houssart
- Les Mamelles de Tirésias (Opéra volant) par Jean-François Kessler et Sandrine Abello
- Le Roi d’Ys par Olivier Py et Samy Rachid
- Les Noces de Figaro par Mathilda du Tillieul McNicol et Corinna Niemeyer
- Follies (comédie musicale) par Laurent Pelly et David Charles Abell
Reprises
- Les Fantasticks (comédie musicale), par Myriam Marzouki et Sandrine Abello
- Hansel et Gretel, par Pierre-Emmanuel Rousseau et Christoph Koncz
Version de concert
- Le Triomphe du Temps et de la Désillusion, par Thibault Noally (Ensemble Les Accents)
Grand répertoire
La saison 25/26 s’ouvrira avec une nouvelle production d’Otello de Verdi, du 29 octobre au 9 novembre prochains à Strasbourg puis les 16 et 18 novembre à Mulhouse, dont la mise en scène est confiée au trublion Ted Huffman (qui signait déjà celle des Oiseaux en 2023). Musicalement, la direction échoie à l’enthousiasmante cheffe italienne Speranza Scappucci pour accompagner le ténor américain Issachah Savage dans le rôle-titre et la prise de rôle d’Adriana Gonzalez en Desdemone.
Le grand répertoire s’illustre aussi avec Mozart, dans une nouvelle production des Noces de Figaro (en coproduction avec l’Opéra Orchestre national Montpellier) confiée à une jeune équipe artistique : la metteuse en scène britannique Mathilda du Tillieul McNicol souvent encline à ancrer son travail dans l’actualité fait ses débuts à l’OnR, tout comme la cheffe allemande Corinna Niemeyer. Sur scène, les rôles de Susanne (Camille Chopin), Figaro (Lysandre Châlon) ou Chérubin (Juliette Mey) sont confiés à de jeunes interprètes français.
Rareté et création française
L’Opéra national du Rhin s’est fait une spécialité de proposer des ouvrages rares et cette saison 25/26 n’y déroge pas. Du 21 janvier au 1er février 2026, on pourra ainsi découvrir Le Miracle d’Héliane d’Erich Wolfgang Korngold donné là pour la première fois en France – l’ouvrage met en scène la reine Héliane, épouse du tyran local mais qui s’éprend d’un énigmatique étranger rendant le peuple heureux... ils seront exécutés par le souverain tyrannique avant de se retrouver au paradis. Jakob Peters Messer, spécialisé dans la redécouverte d’ouvrages rarement montés sur scène, assurera la mise en scène de cette nouvelle production aux côtés du chef Robert Houssart. Jennifer Holloway chantera le rôle d’Héliane, Josef Wagner celui du Souverain et Ric Furman sera l’Étranger.
Le Miracle d'Héliane (travail préparatoire)
Relativement rare sur scène également, Le Roi d'Ys d’Edouard Lalo s’invite à l’Opéra national du Rhin en mars 2026. Là encore, l’équipe artistique est attrayante, emmenée par Olivier Py à la mise en scène de cette œuvre mêlant amour, jalousie et surnaturel sur fond de légende bretonne. Issu de l’Opéra Studio de l’OnR, le jeune chef Samy Rachid assurera la direction musicale, alors qu’une jeune distribution francophone défendra l’ouvrage sur scène – parmi laquelle Anaïk Morel, Lauranne Oliva ou Julien Henric.
L’établissement y ajoute une nouvelle production des Mamelles de Tirésias de Poulenc, que le metteur en scène Jean-François Kessler transpose « dans l’insouciance d’une plage des années 1950 », avec les jeunes artistes de l’Opéra Studio. La production s’inscrit dans le cadre du programme Opéra Volant de l’OnR, visant à donner le spectacle dans plusieurs villes d’Alsace et du Grand Est, dans un format adapté.
Comédies musicales
De plus en plus fréquemment, les maisons d’opéra ouvrent aussi leur programmation à la comédie musicale. À l’OnR en fin de saison prochaine, en juin 2026, Laurent Pelly imaginera une nouvelle production de Folly, « comédie musicale américaine à grand spectacle » de Stephen Sondheim et James Goldman – en coproduction avec le Théâtre du Châtelet et le Grand Théâtre de Genève. Sur scène, il retrouvera Natalie Dessay, aux côtés notamment de Dame Felicity Lott, accompagnées par David Charles Abell en fosse.
L’OnR reprend également Les Fantasticks de Tom Jones et Harvey Schmidt, d’après Les Romanesques d’Edmond Rostand, dans la mise en scène espiègle de Myriam Marzouki déjà donnée voici deux saisons. Fort de son succès, le spectacle est repris et confié aux artistes de l’Opéra Studio.
Notons enfin aussi Hänsel und Gretel, le conte musical de Humperdinck, donné pour les fêtes de fin d’année dans la mise en scène de Pierre-Emmanuel Rousseau – la production a déjà été programmée durant l’hiver 2020 mais uniquement en streaming du fait de la pandémie. Cette production, sombre et cruelle, est de retour, cette fois en public. Pour cette reprise, Patricia Nolz et Julietta Aleksanyan interprètent les rôles titres.
Pour faire bonne mesure, cette saison se complète de plusieurs récitals : Marina Viotti (le 16 décembre prochain) interprétera des mélodies et chansons de Ravel, Weill, Poulenc, Britten, Bolcom, Gershwin, Ferré ou encore Brel ; Sabine Devieilhe (30 janvier 2026) optera pour un répertoire français et allemand de Lieder et mélodies d’amour ; le ténor samoan Pene Pati (16 mars) proposera un programme de mélodies de Fauré, Massenet ou Gounod ; et enfin le baryton Huw Montague Rendall (29 avril) promet un récital articulé à la fois autour de La Bonne Chanson, cycle de Fauré sur des poèmes de Verlaine, et le rare cycle shakespearien Let Us Garlands Bring de Gerald Finzi.
Le détail de la programmation de cette saison 2025/26 de l’Opéra national du Rhin est disponible en intégralité sur le site de l’établissement.
publié le 15 mai 2025 à 11h02 par Aurelien Pfeffer
15 mai 2025 | Imprimer
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