Cinq questions à Sébastien Droy

Xl_20170421-sebastien-droy © DR

Nous aurions dû entendre Sébastien Droy hier soir dans le rôle de Pylade (dans Iphigénie en Tauride de Gluck) au Théâtre Graslin de Nantes, mais les portes de la structure lyrique ligérienne étant restant fermées, c’est devant notre écran que nous avons apprécié sa prestation, telle que captée en octobre dernier au Grand-Théâtre d’Angers (lire notre compte-rendu du spectacle). Nous devions également le rencontrer à cette occasion, et c’est d’une manière détournée que nous sommes allés à sa rencontre pour lui poser cinq questions... 

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Opera-Online : D’où vient votre goût pour le chant et comment se sont passés vos débuts ?

Sébastien Droy : Mon goût pour le chant est apparu au lycée, lorsque j’ai commencé à écouter beaucoup de musique vocale lors de mes cours d’analyse musicale. Il s’est ensuite développé pendant mes études au CRR de Reims, puis au CNSM de Paris, ainsi qu’à travers les découvertes variées faites durant mes études à La Sorbonne. J’ai eu la chance, parallèlement  à mes études au CNSM de Paris, de pouvoir participer à quelques productions professionnelles d’opéra, ainsi que de chanter avec des ensembles vocaux et de participer à des concerts de musique sacrée. Cela m’a permis de découvrir un large répertoire, et de commencer à faire mes premières armes. C’est à la sortie du Conservatoire en 2003 que j’ai rencontré mon premier agent, Thérèse Cédelle, que je me suis principalement orienté vers l’opéra et le concert, et que j’ai commencé à fréquenter les maisons d’opéra ainsi que les orchestres français et étrangers. Mon répertoire s’est constitué à partir des œuvres de Mozart qui est mon répertoire de cœur, que je chante depuis maintenant presque vingt ans, et qui s’est par la suite enrichi d’œuvres variées. Il va actuellement du baroque - de Charpentier, Rameau, Bach ou Haendel, en passant par Gluck et Haydn -, pour se diriger ensuite vers Rossini, Verdi, Tchaïkovsky,  Stravinsky, Ravel, Debussy, Poulenc... jusqu’aux compositeurs actuels. 

Vous deviez reprendre ce mois-ci à Nantes le rôle de Pylade dans Iphigénie en Tauride que vous avez interprété au Grand-Théâtre d'Angers juste avant le second confinement (nous en avons rendu compte dans ces colonnes). Comment s’est passé le travail avec Julien Ostini, et comment vivez-vous la frustration d’être contraint d’abandonner le projet en cours de route ?

C’est effectivement très frustrant d’avoir vu les représentations de Rennes puis de Nantes être annulées. Néanmoins, il nous a quand même été heureusement possible de créer cette belle production d’Iphigénie en Tauride au Grand-Théâtre d’Angers, et de donner ainsi deux représentations juste avant que le second confinement ne soit annoncé.

Quant au travail avec Julien Ostini, il a été très intéressant et m’a permis de faire de plus amples recherches sur la manière d’incarner et d’étoffer le personnage de Pylade. Nous l’avons rendu à la fois touchant par son dévouement à la cause d’Oreste – dont il est le beau-frère par son union avec Électre –, et viril en tant que combattant grec fait prisonnier par les guerriers de Thoas. Nos échanges au sujet de l’Iphigénie du tragédien grec Euripide m’ont aussi apporté beaucoup de matière à réflexion sur les trajectoires des différents personnages.

On se souvient de vos incarnations de Fritz dans La Grande-Duchesse de Gerolstein à Liège ou encore de Sou-Chong dans Le Pays du sourire à l’Opéra d’Avignon. Vous semblez apprécier le répertoire de l’opérette ? Regrettez-vous qu’il soit un peu laissé à l’abandon, voire méprisé par certains ?

Je chante en fait assez rarement ce répertoire La belle Hélène, Orphée aux Enfers, La Grande Duchesse de Gerolstein et Le Pays du Sourire – qui n’avait d’ailleurs rien d’une opérette dans son traitement à Avignon… – sont les seules œuvres d’opérette que j’ai chantées. J’ai néanmoins beaucoup apprécié ces productions, et je trouve que c’est un répertoire exigeant qui demande à être soigné au même titre que l’opéra. Les airs peuvent être techniquement difficiles et l’alternance des textes et des parties chantées demande justesse, rigueur et précision pour paraître aisée et naturelle.

Vous serez à l’affiche du premier titre de la première saison de Laurent Campellone à l’Opéra de Tours dans Don Pasquale (rôle d’Ernesto) en janvier 21. Une fierté pour vous ? Vous avez déjà travaillé avec lui en tant que chef d’orchestre ?

Je suis en effet très heureux que Laurent Campellone m’ait confié ce rôle, et je l’en remercie d’autant plus que ce sera une prise de rôle et une occasion de m’aventurer un peu plus dans le répertoire belcantiste. Sinon oui, j’ai eu le plaisir de chanter Orphée aux Enfers sous sa direction il y a quelques années à l’Opéra national de Lorraine puis à celui de Nantes.

Une anecdote et un souhait en guise de conclusion ?

Mon anecdote préférée est le jour où, lors d’une représentation du Barbier de Séville à l’Opéra national de Lorraine, ma guitare s’est cassée en deux en pleine sérénade d’Almaviva à Rosine... et où mon collègue qui interprétait Figaro a eu le temps de sortir de scène, de trouver une autre guitare, de revenir sur scène, et d’échanger les instruments entre les deux couplets... le public a bien ri devant cette situation cocasse, et a même cru que cela faisait partie de la mise en scène ! (rires)

Et mon souhait du moment serait juste que les théâtres réouvrent le plus vite possible, et que le public puisse se presser à nouveau dans les salles… et tout simplement que de beaux projets artistiques voient à nouveau le jour !

Propos recueillis en décembre 2020 par Emmanuel Andrieu

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