Ces opéras à ne pas rater en mai 2025

Xl_ces-operas-a-ne-pas-rater-en-mai-2025 © Opera Online

Quels sont les opéras à ne pas rater au cours de ce mois de mai 2025 ? Retenons par exemple une Flûte enchantée festive à l’Opéra de Rennes ou un Stabat Mater recueilli et déployant toute sa spiritualité à Genève, mais aussi la reprise d’un Peter Grimes salué par la critique à Lyon, la rare Giuditta de Franz Lehár à l’Opéra national du Rhin ou encore Faust dans sa version originelle par Denis Podalydès à l’Opéra de Lille. Sélection subjective et non exhaustive.

Faust originel à l’Opéra de Lille

Redécouverte. Le Faust de Gounod a rencontré un incroyable succès populaire depuis sa création et l’oeuvre est régulièrement donnée sur la plupart des scènes lyriques. Pour autant, le compositeur a significativement fait évoluer son opéra au gré des représentations : de grands airs ont été coupés, des pages remaniées, d’autres ajoutées plus tard (comme le ballet de la Nuit de Walpurgis). C’est néanmoins la version originelle de Faust, reconstituée par le label Bru Zane, qui sera donnée à l’Opéra de Lille du 5 au 22 mai prochains, puis à Paris à l’Opéra-Comique du 21 juin au 1er juillet.

Selon Denis Podalydès qui signe la mise en scène, ce choix de version (intégrant les dialogues parlés originaux et non les récitatifs qui les remplaceront plus tard) renforce la théâtralité de l’œuvre dont il déplace l’action au milieu de XIXe siècle – à l’époque de Gounod, alors que la société connait une forme de pudibonderie qui contraste avec le propos de l’œuvre et les tentations de Méphistophélès. La production suscite la curiosité, d’autant qu’elle sera défendue par une belle distribution emmenée par Julien Dran dans le rôle-titre, Vannina Santoni pour sa première Marguerite ou Jérôme Boutillier en Méphistophélès, accompagnés par la baguette de Louis Langrée.

Faust, Opéra de Lille (répétitions) (c) Simon Gosselin

Flûte enchantée et fête foraine à Rennes, Nantes et Angers

Prises de rôle. La Flûte enchantée n’avait plus été donnée à l’Opéra de Rennes depuis 1999 et à Angers Nantes Opéra depuis près de dix ans. L’opéra de Mozart y est de retour en ce mois de mai dans une nouvelle production signée Mathieu Bauer. Le metteur en scène transpose l’action du conte initiatique de Mozart dans une fête foraine, à la façon de Schikaneder et des « machines de rêves » qu’il imaginait dans son théâtre lors de la création de l’œuvre : ici, le metteur en scène évoque une première partie riche en couleurs et en artifices, puis une seconde où l’illusion s’évanouit – en écho aux illusions des jeunes Tamino et Pamina qui dissipent au gré de leur compréhension du monde.

La production promet une distribution qui pique la curiosité : aux côtés du ténor Maximilian Mayer qui connait parfaitement le rôle de Tamino, Elsa Benoît chantera sa première Pamina (après avoir déjà collaboré avec Mathieu Bauer dans The Rake’s Progress), tout comme Florie Valiquette dans sa première interprétation de la redoutable Reine de la Nuit. Le plateau vocal sera accompagnés par le chef Nicolas Ellis à la tête de l’Orchestre national de Bretagne dont il est directeur musical.

Peter Grimes selon Christof Loy à l’Opéra de Lyon

L’ambiguïté est au cœur de Peter Grimes : l’ambiguïté du rôle-titre à la fois brutal et victime de la vindicte populaire, l’ambiguïté d’une communauté de « bonnes gens » sans histoire qui œuvreront néanmoins à l’expulsion puis à la mort du marin Peter Grimes. Du 9 au 21 mai prochains, l’Opéra de Lyon donne l’œuvre de Benjamin Britten dans la mise en scène « percutante » de Christof Loy inaugurée au Theater an der Wien en 2015 (puis reprise en 2021) où elle a été abondamment saluée par la critique et le public viennois : le metteur en scène y donne précisément « toute sa force aux ambiguïtés du récit qui prend peu à peu les allures d’un drame psychologique et social ».

Sur scène, le rôle-titre est confié au ténor américain Sean Panikkar à l’occasion d’une prise de rôle, face à la toujours impressionnante Sinéad Campbell-Wallace en Ellen Orford. La direction musicale revient au chef britannique Wayne Marshall, dont le public lyonnais a déjà pu apprécier la musicalité, par exemple dans Candide de Bernstein en 2022.

Peter Grimes dans la mise en scène de Christof Loy au Theater an der Wien (2021)

Barbara Hannigan et Romeo Castellucci dans le Stabat Mater de Pergolèse à Genève

Sur le papier, l’affiche est particulièrement attractive. Le Grand Théâtre de Genève programme le Stabat Mater de Pergolèse – en diptyque avec les Quattro pezzi su una sola nota (les Quatre Pièces sur une seule note), pages spirituelles du compositeur Giacinto Scelsi, « figure majeure de la musique d'après-guerre italienne ». Cette création est donnée hors-les-murs dans la cathédrale Saint-Pierre de Genève.

L’institution en confie surtout la mise en scène à Romeo Castellucci et la direction musicale à Barbara Hannigan. On connait la capacité du metteur en scène à produire des images particulièrement évocatrices. On connait tout autant l’élégance de Barbara Hannigan, ici à la fois soprano aux côtés du contre-ténor Jakub Józef Orliński et cheffe d’orchestre de la production à la tête de l’ensemble Il Pomo d’Oro et de l’ensemble contemporain Contrechamps. La promesse d'un grand spectacle. 

La rare Giuditta à l’Opéra national du Rhin

Rareté. Du 11 au 20 mai, l’Opéra national du Rhin invite à redécouvrir Giuditta, rareté lyrique de Franz Lehár – que le compositeur qualifiait de « musikalische Komödie » (de comédie musicale), qu’on présente aujourd’hui parfois comme une opérette du fait de ses motifs séduisants et sensuels, mais qui emprunterait également au grand opéra avec sa fin tragique. Créé en 1934, l’ouvrage hybride et inclassable évoque aussi le cinéma de l’époque, au moins dans son livret (qui présente des similitudes avec Morocco de Sternberg, mettant en scène Marlène Dietrich en chanteuse de cabaret tantôt attirée par Gary Cooper en légionnaire torturé, tantôt par le riche La Bessière) et peut-être aussi dans sa musique dont certains airs évoquent des mélodies de L’Ange Bleu.

À Strasbourg, l’œuvre est donnée en version française, dans une nouvelle mise en scène de Pierre-André Weitz qui promet un « spectacle flamboyant (...) inspiré par les univers du cirque et du cabaret ». En fosse, le chef Thomas Rösner dirige la partition sensuelle de Franz Lehár et sur scène, la distribution s’annonce tout aussi prometteuse – emmenée par Melody Louledjian dont le charme et la théâtralité devrait pleinement s’exprimer dans le rôle-titre, face notamment à Thomas Bettinger.

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