José Cura met en scène Turandot à l'Opéra Royal de Wallonie

Xl_turandot__tiziana_caruso_et_jose__cura____lorraine_wauters_-_ope_ra_royal_de_wallonie-58 © Lorraine Wauters - Opéra Royal de Wallonie

Pour ouvrir sa saison 16/17, l'Opéra Royal de Wallonie a confié au célèbre ténor argentin José Cura le soin de mettre en scène Turandot, lui qui avait déjà prouvé ses talents de metteur en scène - in loco en 2012 - avec le doublé Cavalleria Rusticana / I Pagliacci. Il signe également la scénographie que l'on qualifiera de traditionnelle, bien que plutôt sobre et stylisée, très agréable à contempler. A l'instar de la production vue cet été au Festival de Peralada, Cura choisit de faire se terminer l'ouvrage après la mort de Liù, ne retenant pas plus le final d'Alfano que celui de Berio. Il profite de cet ultime moment de la partition pour rendre un hommage au compositeur : Timur prend ainsi ses traits et arrive sur scène accompagné de membres du chœur grimés en héros pucciniens parmi lesquels on reconnaît Tosca, Minnie, Rodolfo, Suor Angelica ou encore Cio-Cio San. Pourquoi pas...

Dans le rôle-titre, la soprano sicilienne Tiziana Caruso est une révélation : sa voix puissante se déploie avec une autorité et une intensité impressionnantes, tout en étant capable de nuances, de contrôle et de grâce quand il le faut. Même si l'aigu n'a plus exactement la puissance et l'endurance d’antan, José Cura campe un Calaf de premier ordre, avec une palette vocale aux couleurs chaudes et barytonnales, et un jeu de scène très naturel. La soprano américaine Heather Engebretson apporte à Liù un timbre inhabituellement corsé pour cette partie, mais également un sens inné du phrasé puccinien et une intensité touchante, tandis que la basse italienne Luca Dall'Amico, à la voix chaude et au tempérament paternel, trouve en Timur un emploi qui lui convient. On prend aussi beaucoup de plaisir au trio des ministres (Patrick Delcour, Xavier Rouillon et Papuna Tchuradze) qui s'ébrouent avec tellement de bonheur (et une louable précision) dans la complicité de leurs personnages qu'ils s'avèrent irrésistibles. L'Empereur Altoum (Gianni Mongiardno) et Le Mandarin (Roger Joakim) sont également très bien servis.

Enfin, comme l'on pouvait si attendre, le chef italien Paolo Arrivabeni – pour sa dernière saison à la tête de l'Orchestre de l'Opéra Royal de Wallonie-Liège – tient à bout de bras l'ensemble de la représentation, lui insufflant une vitalité qui circule généreusement. On ne boudera pas non plus son plaisir avec un Chœur et une Maîtrise de l'Opéra Royal de Wallonie-Liège qui non seulement se donnent sans réserves, mais animent également très adroitement la scène, à commencer par les enfants auxquels Cura offre une place prépondérante dans sa réalisation scénique.

Emmanuel Andrieu

Turandot de Giacomo Puccini à l'Opéra Royal de Wallonie, jusqu'au 4 octobre 2016

Crédit photographique © Lorraine Wauters – Opéra Royal de Wallonie

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