Gregory Kunde, artiste hors-norme au Festival Castell Peralada

Xl_kunde © Joan Castro

Après nous avoir enthousiasmé au Festival Castell Peralada dans le rôle-titre d’Otello à l’été 2015 – et plus récemment dans Manon Lescaut à Genève et dans Andrea Chénier à Rome –, le célèbre ténor américain Gregory Kunde est revenu dans la paisible ville catalane pour un récital donné dans la ravissante église (gothique) del Carmen, mais à l’acoustique malheureusement assez sèche pour ce genre d’exercice. C’était sans compter sur la vaillance phénoménale de l’artiste qui, à 63 ans, n’a rien perdu en termes d’éclat de timbre et de puissance vocale. Pour se chauffer la voix, il débute la soirée avec trois Mélodies de Bellini (Vaga Luna che inargentiMalinconia, ninfa gentile et Vanne, o rosa fortunate) avant de s’attaquer au plus conséquent « Meco al altar di Venere », air extrait de Norma, dans lequel il parvient à fondre virtuosité, volume sonore et cantabile. Dans les deux Mélodies de Rossini qu’il entonne ensuite (La Lontananza et Tiranna alla Spagnola), on admire l'extraordinaire tenue de souffle de Kunde, mais il éblouit plus encore dans le fameux air tiré de Guillaume Tell, « Asile héréditaire ». En plus d’un français impeccable, on demeure stupéfait par la puissance et la stabilité de l’aigu, et l’on regrette dès lors (alors qu’il semblait l’avoir préparé mais a finalement opté pour la prudence…) qu’il n’ait pas interprété l'étourdissante cabalette « Amis, amis secondez ma vaillance » …

En seconde partie, après quelques Canzone de Giuseppe Verdi (Il Tramonto, Il Mistero, Brindisi) exécutées avec un goût parfait, Kunde affronte l’air « Forse la soglia attinse… Ma se m’è forza perderti » tiré de Un Ballo in maschera, dans lequel il gratifie l’auditoire d’un chant merveilleusement expressif et nuancé, à l’instar du « Che gelida manina » qui suit (extrait de La Bohème de Puccini). Puis enfin, dans l'air « Vesti la giubba » tiré de Pagliacci, il laisse entrevoir le magnifique comédien qu’il est également, en lançant un rire maléfique et en chargeant de larmes son « Ridi » … Le public, électrisé, réclame des bis. Il en offre deux, qui permettent au passage d’apprécier le toucher délicat du pianiste valencien José Ramon Martin (d’un soutien sans faille tout au long de la soirée !) : « What a wonderful world » de Louis Armstrong et « My way » de Frank Sinatra. Tout ce qu’il touche se transformant en or, il impressionne également dans ce répertoire, démontrant qu’il est un artiste hors-norme…

Emmanuel Andrieu

Gregory Kunde en récital au Festival Castell Peralada, le 6 août 2017

Crédit photographique © Joan Castro

| Imprimer

En savoir plus

Commentaires

Loading