
L’Opéra Grand Avignon dévoile une saison 2025/26 articulée autour de grandes figures mythiques : celles de Don Juan ou d’Orphée, mais aussi de la terrible princesse Turandot (pour une prise de rôle de Catherine Hunold) ou de la princesse délurée Hélène de Troie chez Offenbach. Et puis une création d'inspiration médiévale qui évoque l’air du temps ou une version mise en scène du bouleversant Chant de la Terre de Mahler. Tour d'horizon de la saison.
Après les « Femmes ! » la saison dernière, ce sont les « Mythes ! » qui serviront de fil rouge à la saison 2025-2026 de l’Opéra Grand Avignon : à la tête de l’établissement, Frédéric Roels invite à s’immerger « dans ces mythes divers qui font sens dans l’idée du vivre ensemble, dans la communauté humaine », ces mythes qui par définition ne sont pas réels, mais contribuent à pétrir notre réalité « de tous ces récits qui nous traversent et cimentent même notre inconscient ». Alternant œuvres de répertoire, création ou projet rare, la prochaine saison de l’Opéra Grand Avignon trouve ainsi son inspiration dans le mythe d’Orphée ou celui de Don Juan, dans la légende de la terrible princesse chinoise Turandot ou celle d’Hélène de Troie vue par Offenbach.
La saison lyrique 2025/26 de l'Opéra Grand Avignon en un coup d'oeil
- Don Giovanni par Frédéric Roels et Débora Waldman
- L’Orfeo par Pauline Bayle et Jordi Savall
- Company (comédie musicale)
- Falstaff (opéra participatif), par Andrea Piazza et Frédéric Rouillon
- Décaméron (création), par Caroline Leboutte et Bianca Chillemi
- Le Chant de la Terre (nouvelle production), par Chloé Lechat et Fiona Monbet
- Turandot, par Paco Azorín et Federico Santi
- La Belle Hélène par Olivier Desbordes et Chloé Dufresne
Opéras de répertoire
Au rang des grandes œuvres de répertoire, l’Opéra Grand Avignon ouvrira sa saison lyrique en octobre prochain avec Don Giovanni. Frédéric Roels reprend la mise en scène qu’il avait imaginée voici presque dix ans pour l’Opéra de Rouen dont il était alors le directeur, et qui s’articule notamment autour des personnages féminins de l’opéra de Mozart. Débora Waldman dirige l’Orchestre national Avignon-Provence et sur scène, le baryton argentin Armando Noguera endosse le rôle-titre aux côtés de Gabrielle Philiponet et Anaïk Morel en Donna Anna et Elvira.
Le mois suivant, l’institution avignonnaise donnera L'Orfeo de Monteverdi. L’ouvrage est repris dans la mise en scène très épurée, voire austère, de Pauline Bayle et comme à l’Opéra-Comique où elle a été étrennée, la production sera dirigée par Jordi Savall. La distribution avignonnaise est néanmoins renouvelée : le baryton italien Mauro Borgioni interprétera le rôle-titre aux côtés notamment de Marie Théoleyre en Euridice qui reprenait déjà le rôle dans cette même production l’année dernière à Versailles.
Première Turandot de Catherine Hunold
Retenons aussi, en mai 2026, la reprise de Turandot dans la mise en scène spectaculaire de Paco Azorín donnée au Festival de Macerata l’été dernier – notable autant pour le faste et la somptuosité de ses décors que la mise en avant de la barbarie et de la terreur qu’inspire la princesse chinoise. Rôle qu’interprétera Catherine Hunold pour sa première Turandot dans une production mise en scène (après en avoir chanté des extraits en concert à Rennes), face au Calaf de Mickael Spadaccini et la Liù de Claire Antoine, accompagnés par Federico Santi en fosse.
Une autre princesse conclura la saison, La Belle Hélène d’Offenbach dans la mise en scène d’Olivier Desbordes pour la compagnie l’Opéra Eclaté. Le rôle-titre est ici une princesse qui aspire à être « comme tout le monde » et pour préserver la dimension satirique de l’ouvrage, Olivier Desbordes en fait une bourgeoise ayant un sens des réalités un brin biaisé. Sur scène, la production sera défendue par une distribution emmenée par Julie Robard-Gendre dans le rôle-titre, Raphaël Jardin en Pâris, Carl Ghazarossian en Ménélas ou encore Thibault de Damas en Agamemnon, tous accompagnés par l'enthousiasmante Chloé Dufresne à la tête de l’Orchestre national Avignon-Provence.
Création mondiale de Décaméron de Matteo Franceschini
L’Opéra Grand Avignon contribue aussi à renouveler le répertoire en accueillant la création mondiale de Décaméron, nouvel opéra du compositeur Matteo Franceschini. L’ouvrage s’inspire du Décaméron de Boccace, chef-d’œuvre de la littérature médiévale réunissant une centaine de nouvelles racontées par dix jeunes gens réfugiés hors de Florence pour échapper à la peste de 1348, et qui peignent ainsi le portrait de la société de leur époque. Le compositeur et la metteuse en scène Caroline Leboutte reprenne peu ou prou le même dispositif : dix jeunes gens reclus dans un théâtre abandonné pour échapper au chaos du dehors en racontant des histoires et se souvenir que la vie continue.
L’Opéra Grand Avignon présente la production comme « une fête théâtrale, abolissant les frontières entre le chant, la parole et le jeu », précisant que Matteo Franceschini et Caroline Leboutte « impulsent à leur sujet une énergie de troupe, rythmée par une partition organique qui efface les frontières entre les styles ». À découvrir les 7 et 8 mars 2026 à Avignon.
Pour compléter sa saison, l’Opéra Grand Avignon donne également Le Chant de la Terre, « symphonie pour ténor, baryton et orchestre » de Gustav Mahler, donné ici dans une version scénique confiée à la metteuse en scène Chloé Lechat, en résidence à Avignon cette prochaine saison. Quand Mahler compose Le Chant de la Terre, il vient de perdre sa fille et pour souligner la profondeur bouleversante de l’œuvre, la metteuse en scène entend l'adapter dans « un rituel scénique » mêlant musique, danse (elle travaille avec les danseurs et danseuses du Ballet de l’Opéra Grand Avignon), film d’animation et théâtre. L’institution promet « une expérience sensible, viscérale, essentielle, et profondément humaine », défendue musicalement par le ténor Uwe Stickert et le baryton Damien Gastl, aux côtés du comédien Jean Hostache, accompagnés par la direction musicale de la cheffe Fiona Monbet.
En plus d’un Falstaff donné sous forme d’opéra participatif impliquant les spectateurs (dans la mise en scène d’Andrea Piazza qui fait du rôle-titre le jouet délaissé d’enfants qu’il entend reconquérir en séduisant les « poupées » Alice et Meg), l’Opéra Grand Avignon promet aussi plus d’une centaine de rendez-vous tout au long de la saison – qu’ils soient musicaux, chorégraphiques ou théâtraux, instrumentaux ou lyriques notamment en récitals. On en trouve tout le détail sur le site de l’Opéra Grand Avignon.
publié le 12 juin 2025 à 08h05 par Aurelien Pfeffer
12 juin 2025 | Imprimer
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