Une saison 2023-2024 pour toutes et tous à l'Opéra de Montpellier

Xl_opera-de-montpellier_saison-2023-2024 © OONM

Hier, juste avant de présenter la Première de son Orfeo de Sartorio, l’Opéra de Montpellier présentait sa saison 2023-2024, en présence également de divers représentants politiques marquant l’engagement de la Métropole, de l’Etat ou de la Ville auprès de la maison lyrique. Le maire, Michaël Delafosse, a notamment rappelé une vérité écrasante aujourd’hui : celle de la fermeture de certains Opéras avant la fin de saison, mais aussi celles de certains musées. Il a par ailleurs indiqué qu’il y a quelques mois, personne n’était sûr que nous assisterions à cette présentation de saison. Un long préambule qui rappelle que les débats sur la place de la Culture en France sont plus que jamais d’actualité. Heureusement, elle continue d’être défendue à Montpellier, et même si la programmation de la saison prochaine s’annonce moins remplie que les précédentes – avec une légère baisse du nombre de levers de rideaux –, elle n’en demeure pas moins intéressante et toujours tournée vers un public large et diversifié.

Il convient tout d’abord d’indiquer que le public pourra assister à six productions vocales (et non pas à six opéras), ce qui permettra de faire la part belle à l’art vocal. Ainsi, plutôt que d’ouvrir par une production opératique, c’est par un Gala lyrique que débutera la saison le 7 octobre, sous la direction de Francesco Angelico, et mis en espace par Franciska Ery. L’idée est de proposer à celles et ceux qui le souhaitent de ressortir leurs tenues de soirée pour l’occasion. Yunuet Laguna, Oreste Cosimo et Gezim Myshketasuperbe Rigoletto ici-même en 2021 – seront également de la fête.

Trois productions d'opéra

En parlant de fêtes, nous arriverons rapidement à celles de fin d’année, avec La Vie parisienne dans la mise en scène de Christian Lacroixque nous avions vue en 2021 à Rouen – et toujours sous la baguette de Romain Dumas. Nous retrouverons d’ailleurs plusieurs artistes déjà présents à ce moment-là : Florie Valiquette (Gabrielle), Flannan Obé (Gardefeu), Marc Mauillon (Bobinet), Marion Grange (La Baronne) ou Elena Galitskaya (Pauline). D’autres nouveaux noms s’ajouteront, comme Jérôme Boutillier (Le Baron) ou Pierre Derhet (Le Brésilien/Gontran). De quoi se réjouir d’avance !

En avril, c’est Negar, Eurydice à Téhéran, un « opéra « underground » en trois langues, d’après Orphée et Eurydice de Gluck » que la maison proposera en création française, sur une musique de Keyvan Chemirani et un livret de Marie-Eve Signeyrole (également à la mise en scène) et Sonia Hossein-Pour. L’œuvre a été créée le 29 octobre 2022 au Deutsche Oper Berlin, alors que la création était initialement prévue à Montpellier – mais le Covid en aura décidé autrement. Nous y découvrirons l’histoire de Negar, une jeune européenne étudiant la littérature et la civilisation persanes, à Téhéran en 2013. Elle y rencontre Shirin et son frère Aziz, étudiants en histoire de l’art et en cinéma, qui lui font découvrir « un monde souterrain où s’épanouissent les plaisirs interdits par les autorités ». En s’inspirant du mythe d’Orphée et Eurydice, « cet opéra contemporain aux musiques plurielles confronte les désirs de deux femmes de cultures différentes et questionne les constructions personnelles dans une société iranienne dictant qui et comment aimer. Surtout il aborde la question du regard comme acte de perception dans un pays où la femme est suspecte et arbitrairement masquée par le voile ». Golnar Shahyar, Katarina Bradic et Julian Arsenault interprèteront le trio d’étudiants pour cette production qui devrait être particulièrement marquante.

Le troisième et dernier opéra sera donné en juin, et nous ramènera sur des sentiers bien connus avec La Bohème, mise en scène par Orpha Phelan et dirigé par Roderick Cox. Adriana Ferfecka tiendra le rôle de Mimi, Long Long, Rodolfo, Julia Muzychenko – entendue ici-même en Norina et en Gilda – sera Musetta, et Henry Neill, Schaunard. Il s’agira d’une coproduction avec l’Opéra de Dublin, où elle sera donnée en novembre 2023.

L'art vocal

L’art vocal sera également à l’honneur dans deux autres productions, avec d’abord une Grande Messe de Mozart, dirigée par Marc Korovitch, avec Camille Chopin, Séraphine Cortez, Sahy Ratia et Edwin Fardini ; ensuite avec Gloria de Poulenc, rarement donné à Montpellier, auquel s’ajouteront des Méditations opus 18 pour soprano et orchestre de Charlotte Sohy et la Symphonie n°40 de Mozart. Lucie Peyramaure rejoindra le chœur de la maison pour cette occasion.

La musique de chambre et la musique baroque seront, elles aussi, présentes, avec notamment un récital de Jakub Józef Orliński le 12 novembre aux côtés de l’ensemble Il Pomo d’Oro, ou des Cantates italiennes sous la direction de Philippe Jaroussky. Ce dernier troquera sa baguette pour sa voix de contre-ténor lors de La Passion selon saint Matthieu, dirigée par Francesco Corti, et il retrouvera sur scène Maximilian Schmitt, Yannick Debus, Kateryna Kasper, Emiliano Gonzalez Toro et Andreas Wolf. Cette saison marquera par ailleurs la dernière en résidence pour Philippe Jaroussky, et la première pour le pianiste Alexandre Tharaud, qui sera ainsi naturellement présent plusieurs fois dans l’année, seul ou accompagné, pour divers concerts et des rendez-vous « les dodos Tharaud ».

Une saison pour tous

Comme à son habitude, l’Opéra de Montpellier s’ouvre en grand à tous les publics, au sens le plus large, en proposant des rendez-vous aussi divers qu’enrichissants : un programme symphonie, un escape game, rendez-vous immersif « au cœur de l’orchestre », « Dark Halloween », concerts « pause-café », la désormais traditionnelle et attendue « Winter party », des musiques d’ailleurs, des spectacles et des parcours pensés pour les enfants – parfois même de zéro à cinq ans ! – et bien d’autres. Parmi tout le reste de la programmation, citons encore Séisme, en création mondiale : il s’agit d’une pièce de théâtre musical, une œuvre immersive et interactive « portée par les trois artistes en résidence Alex Ho (compositeur), Franciska Ery (metteure en scène) et Ar Guens Jean Mary (auteur, poète) ».

A noter également le grand retour du théâtre à la Comédie avec Otello, mis en scène par Jean-François Sivadier, La Puce à l’oreille et L’Avare, avec Jérôme Deschamps, ainsi qu’une nouvelle série de podcast dès septembre, Immersion à l’opéra.

Nous l’aurons donc compris : si cette saison 2023-2024 a imposé des sacrifices nécessaires (comme la suspension pour un an du partenariat avec Montpellier Danse ou la réduction du nombre d’opéras mis en scène), elle n’en demeure pas moins riche et particulièrement inclusive. En se montrant si accessible à des publics parfois – trop souvent – oubliés par les maisons lyriques, (comme les personnes sourdes, les familles, les jeunes enfants, les amateurs d’autres genres musicaux qui finissent par tendre l’oreille du côté lyrique, etc.), l’Opéra de Montpellier continue à être un modèle d’ouverture.

Plus d'informations disponibles sur le site officiel de l'Opéra.

Elodie Martinez

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