Rienzi pour la première fois au Festival de Bayreuth en 2026

Xl_rienzi-festival-de-bayreuth-2026 © Festival de Bayreuth 2026

Si Rienzi a été le premier grand succès de Wagner, l’ouvrage n’a jamais été donné au Festival de Bayreuth – l’œuvre n’est pas classée parmi les opéras canons du compositeur. L’édition 2026 dérogera néanmoins à la règle et en proposera une nouvelle production avec Andreas Schager et dirigée par Nathalie Stutzmann. 

On connait l’histoire de Rienzi. Ce troisième opéra de Richard Wagner rencontra un immense succès populaire lors de sa création en 1842, mais le compositeur lui-même le présentait comme son « braillard » et le jugeait donc indigne du Palais des Festivals de Bayreuth – en principe, seul ses dix opéras majeurs depuis Le Vaisseau fantôme ont cet honneur. Pour autant, en 2026, à l’occasion du 150e anniversaire de la grand-messe annuelle des Wagnériens, le Festival de Bayreuth dérogera à la règle et donnera donc pour la première fois une production de Rienzi sur la Colline Verte.

Une édition reconstituée de Rienzi

Pour justifier ce choix, les organisateurs de Festival de Bayreuth arguent que la liste des « opéras canons » de Wagner n’a rien d’officielle : pas de testament du compositeur, ni d’affirmations faisant autorité dans l’acte de création de la Fondation Richard Wagner. La sélection repose sur des extraits de lettres du compositeur adressées au roi Louis II de Bavière en 1882. Or, Rienzi présente non seulement un intérêt historique et musical (c’est le premier grand succès de Wagner qui augure les suivants), mais l’œuvre a aussi connu plusieurs versions différentes après sa création en 1842 et le premier cercle de Bayreuth « soutient que si une version définitive avait été créé vers 1871, Rienzi aurait certainement trouvé sa place dans le canon de Bayreuth ».

Toujours est-il que programmer Rienzi dans le cadre du Festival de Bayreuth est aussi l’occasion de travailler sur une « version 2026 » de l’ouvrage. On le sait, le Grand Opéra à la française de Wagner était très long et le compositeur lui-même a procédé à diverses coupes et modifications, tout comme ses héritiers après lui. Et établir une édition critique s’avère complexe dans la mesure où la partition originale a été perdue – elle était vraisemblablement possédée par Hitler et fut détruite à la fin de la Seconde guerre mondiale. L’équipe du Festival de Bayreuth s’est donc attelée à l’élaboration d’une version de l’œuvre qui prenne en compte les différentes éditions de l'ouvrage (les commentaires de Wagner lui-même sur les modifications qu’il apportait à son opéra au fil des années et des représentations), mais aussi sur « la philosophie de l’œuvre » (notamment la place du « triangle émotionnel et donc musical » entre le tribun Rienzi, sa sœur Irène et le patricien Adriano), ainsi que sur de « nouvelles sources » ayant permis de « reconstituer des parties de la partition que l’on croyait perdues ». Rienzi sera donc donné pour la première fois à Bayreuth, mais aussi manifestement dans une édition reconstituée devant refléter plus fidèlement la volonté du compositeur.

Une nouvelle production de Rienzi au Festival de Bayreuth

Pour l’occasion, le Festival de Bayreuth en proposera donc une nouvelle production, confiée au duo de metteuses en scène Magdolna Parditka et Alexandra Szemeredy. Les deux metteuses en scène ont déjà travaillé sur plusieurs œuvres de Wagner, à commencer par une « Tétralogie de science-fiction », aux accents de fin du monde dystopique et transhumaniste, donnée au Théâtre National de la Sarre sur quatre saisons, mais aussi sur un Tristan et Isolde salué par la critique en 2022 ou un Parsifal poétique à Budapest en 2006. À Bayreuth, elles devraient aborder Rienzi sous un angle politique, pour explorer « l’influence de la politique sur les individus et non l’inverse ».

Musicalement, le Festival de Bayreuth confie la partition de Rienzi à la cheffe Nathalie Stutzmann, qui brillait déjà sur la Colline Verte à la direction de Tannhäuser en 2023, puis de nouveau l’année dernière. Sur scène, le rôle-titre du tribun sera chanté par Andreas Schager (il a déjà chanté Rienzi au théâtre de Meiningen ou au Teatro Real), aux côtés de Gabriela Scherer dans le rôle de sa sœur Irene et de Jennifer Holloway en Adriano. Michael Nagy chantera le rôle de Paolo Orsini et Matthias Stier celui de Baroncelli.

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