Jonas Kaufmann dans Cavalleria rusticana et Pagliacci au Festival de Pâques 2015

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On connait l’histoire de la création du Festival de Pâques de Salzbourg : lassé par les désaccords artistiques au Festival de Bayreuth et les vicissitudes administratives à l’Opéra d’Etat de Vienne, Herbert von Karajan fondait « son » festival en 1967 pour y produire les opéras de son répertoire (d’abord wagnériens avant de faire montre d’un plus grand éclectisme) avec ses ambitions et ses exigences artistiques – Karajan dirige, mais signe aussi, jusqu’à sa mort, les mises en scène (classiques) des opéras du festival, se voulant fidèles à la vision des compositeurs.
Depuis lors, chaque année à la veille du dimanche des Rameaux et jusqu’au lundi de Pâques, le Festival s’ouvre au Grand Palais des festivals de Salzbourg sur  une nouvelle production d’opéra, avant d’enchainer avec plusieurs concerts symphoniques et une œuvre chorale. L’édition 2014 du festival s’ouvrait donc hier – avec une Arabella mettant en scène Renée Fleming dans le rôle-titre donnant la réplique à Thomas Hampson – et ce midi, le directeur artistique Christian Thielemann annonçait d’ores et déjà le programme de l’édition 2015.

L’année prochaine, le Festival des Pâques de Salzbourg s’ouvrira donc avec de nouvelles productions de Cavalleria rusticana de Pietro Mascagni et de Pagliacci de Ruggero Leoncavallo, les deux opéras emblématiques du vérisme (qu’on donne traditionnellement ensemble). Une décision de « pur plaisir » du directeur artistique Christian Thielemann, animé par une « envie d’Italie » et répondant à une « volonté de nouveauté ».
Les deux œuvres seront ainsi mises en scène par Philip Stölzl (à qui l’on doit déjà le Benvenuto Cellini d’Hector Berlioz donné au Festival de Salzbourg 2007) dans des costumes signés Ursula Kudrna. Comme de coutume au Festival de Pâques, le plateau vocal n’est pas en reste : l’incontournable ténor Jonas Kaufmann, qui interprétait déjà Don José dans le Carmen du Festival 2012, prêtera sa voix aux deux rôles principaux, Turiddu et Canio. Il y donnera la réplique à Liudmyla Monastyrska (Santuzza), Annalisa Stroppa (Lola) et Stefania Toczyska (Lucia) dans Cavalleria rusticana et à Maria Agresta (déjà présente l’année dernière au Festival) dans Pagliacci.

On retrouvera le ténor allemand dans l’œuvre chorale du Festival 2015 : Jonas Kaufmann chante la Messa da Requiem de Giuseppe Verdi avec Liudmyla Monastyrska, mais aussi la mezzo-soprano Anita Rachvelishvili et la basse Ildar Abdrazakov. À cette « envie d’Italie » répond aussi un programme aux accents russes : Christian Thielemann dirigera la Sixième symphonie de Tchaikovsky (la Pathétique) alors que Daniele Gatti (le chef invité du Festival) assurera la direction de la Dixième symphonie de Shostakovich. Et le compositeur russe est également mis à l’honneur dans le cadre du Concert pour Salzbourg, proposant en 2015 un Pierre et le Loup dirigé par Christian Thielemann et raconté par Isabel Karajan, la fille du fondateur du festival.

Un programme riche, donc, dans le cadre d’un Festival de Pâques qui se veut (un peu) plus accessible au grand public à compter de l’année prochaine. En plus d’essayer de « rompre progressivement avec une image d’événement élitiste », le prix des places de troisième et quatrième catégories seront ainsi revus à la baisse : les organisateurs annoncent par exemple une place d’opéra de troisième catégorie à 310 euros (au lieu de 370 euros jusqu’à présent), un ticket pour l’œuvre chorale à 160 euros (au lieu de 200 euros) ou à 140 euros pour une place de concert (au lieu de 150 euros jusqu’alors). Et le prix de l’abonnement sera dorénavant fixé à 750 euros au lieu de 870 euros. De quoi ouvrir (un peu) plus largement le Festival au public – l’année dernière, le festival affichait un taux de remplissage de 88% et en attendant les chiffres de cette année, les organisateurs visent un taux de remplissage de 90% en 2015. En plus de la qualité de la programmation, l’effort financier doit y aider.

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