En attendant la Flûte Enchantée au Festival de Salzbourg 2018

Xl_hires-01_diezauberfloete_2018_wienersaengerknaben_klausmariabrandauer_c_sf_ruthwalz © Salzburger Festspiele / Ruth Walz

À Vienne dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, le Singspiel connaissaient un imposant succès auprès d’un public populaire et la Flûte Enchantée de Mozart s’inscrivait alors dans cette tradition du conte de fées mis en musique : l’opéra, sans doute le plus célèbre du compositeur, s’articule ainsi autour de l’histoire d’amour contrariée du prince et de la princesse Tamino et Pamina, oppose le sorcier Sarastro et la Reine de la nuit (en brouillant habillement les cartes dans cette opposition du bien et du mal), ponctue le récit d’épisodes tantôt terrifiants, tantôt drolatiques portés par l’oiseleur Papageno, tout en offrant plusieurs niveaux de lecture à un public qui peut autant se laisser porter par la musique qu’y rechercher les références à la philosophie de l’époque ou aux « leçons » maçonniques chères au compositeur.

L’œuvre est aujourd’hui incontournable et dans le cadre de son édition 2018, le Festival de Salzbourg en programme une nouvelle production confiée à la metteuse en scène américaine Lydia Steier, dont la lecture de l’œuvre prend des allures de retour aux sources : sa Flûte Enchantée se revendique du conte de fées.

La mise en scène de Lydia Steier ajoute ainsi un narrateur à l’œuvre de Mozart (incarné par le comédien allemand Klaus Maria Brandauer), un grand-père racontant le conte à ses trois petits-enfants. Le livret est par ailleurs transposé au début du XXème siècle, d’avant une première guerre mondiale qui sert de référence historique, dans une maisonnée bourgeoise aux allures parfois gothiques et dont les membres ou des personnages issus de l'imaginaire des trois enfants s’incarneront dans les différents protagonistes de l’opéra. Ainsi la grand-mère volontiers furibonde apparait en Reine de la nuit (interprétée par Albina Shagimuratova, grande connaisseuse de l’œuvre de Mozart et présente dans la distribution originale, mais annoncée souffrante pour la représentation du 4 août et remplacée au pied levée par la jeune soprano Emma Posman, issue du Young Singers Project de Salzbourg et qui chante le rôle dans la Flûte enchantée pour enfant du festival), face au Sarastro du toujours immense Matthias Goerne ; le prince Tamino (Mauro Peter), à mi-chemin entre la figure paternelle et le soldat de plomb animé par l'imagination des enfants, est en quête d’une Pamina d'abord absente et qu’il faudra sauver (Christiane Karg, en clown dans le sombre royaume de Sarastro), alors que Papageno et Papagena (Adam Plachetka et Maria Nazarova) œuvreront dans les cuisines de la maison.

La mise en scène de Lydia Steier entend souligner la dimension narrative de l’opéra de Mozart, revendiquant le pouvoir évocateur de l’imagination porté par une mise en scène très visuelle et théâtrale, qui convoque notamment les arts du cirque. La lecture de l’œuvre par Lydia Steier soulève déjà des interrogations chez les mélomanes – sa mise en scène n’est-elle pas « trop » visuelle, au risque de distraire le spectateur du cœur de l’action, et les interventions du narrateur ne risquent-elles pas de rompre le fil de l’œuvre et la fluidité de la musique voulue par le compositeur ?
À moins qu'elle nous embarque dans l'imaginaire du conte. Les curieux pourront quoi qu'il en soit se forger leur propre avis à Salzbourg jusqu’au 30 août, mais aussi grâce à la diffusion en direct de la production, sur Arte ou en ligne, ce samedi 4 août à partir de 20h50. De quoi s'immerger dans la féérie de la Flûte Enchantée ?

Crédit photo : © Salzburger Festspiele / Ruth Walz

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