Ces opéras à ne pas rater en novembre 2025

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Grandes œuvres de répertoire, raretés, productions insolites ou belles distributions, quelles sont les rendez-vous lyriques à ne pas rater au cours de ce mois de novembre 2025 ? On peut retenir par exemple la redécouverte de L’Ecume des jours à Lille, opéra rare d’Edison Denisov d’après Boris Vian, mais aussi les prises de rôles de Benjamin Bernheim dans La Damnation de Faust ou de Rachel Willis-Sørensen en Arabella, ou encore le nouveau Don Giovanni du Capitole de Toulouse confié à Agnès Jaoui et la poursuite de la Tétralogie de Wagner de l’Opéra de Paris. Tour d’horizon d’une sélection subjective et non exhaustive. 

Benjamin Bernheim dans La Damnation de Faust au Théâtre des Champs-Élysées

Prise de rôle. Du 3 au 15 novembre, le Théâtre des Champs-Elysées proposera une nouvelle production de La Damnation de Faust. Sans être vraiment rare, l’opéra de Berlioz n’est pas donné fréquemment sur scène, peut-être du fait de sa forme et de la difficulté à le mettre en scène – cette « légende dramatique » se compose d’une succession de tableaux qui relèvent d’un théâtre de l’imaginaire.

Au TCE, pour cette nouvelle production, la metteuse en scène italienne Silvia Costa promet deux axes : elle entend d’abord redéfinir le rôle de Marguerite (interprétée par Victoria Karkacheva), qui n’est plus la jeune fille naïve et romantique instrumentalisée par Méphisto, mais sa complice face à Faust... Ensuite à défaut de vraie fiction linéaire dans l'ouvrage, la metteuse en scène indique vouloir s’appuyer sur la musique et la « placer au cœur de la scène en travaillant avec les musiciens sur le plateau, en rendant visibles et lisibles les gestes chorégraphiés cachés dans leur manière de jouer de leurs instruments ». Et pour donner corps au théâtre comme à la musique, le rôle-titre est confié à Benjamin Bernheim à l’occasion d’une prise de rôle. On connait le goût du jeune ténor pour le répertoire français romantique, il ajoute ici un second Faust à son répertoire (après celui de Gounod), qu'il interprétera aux côtés du diabolique Christian van Horn avec qui il a déjà partagé la scène (notamment dans le Faust de Gounod). La relative rareté de l'ouvrage, sa (re)lecture par Silvia Costa, la prise de rôle de Benjamin Bernheim... autant d'éléments qui piquent la curiosité pour cette nouvelle production. 

La Damnation de Faust (c) Théâtre des Champs-Elysées / Vincent Pontet
La Damnation de Faust (c) Théâtre des Champs-Elysées / Vincent Pontet

Redécouverte de L'Ecume des jours à l'Opéra de Lille

Rareté. Pour sa prise de fonctions à la tête de l’Opéra de Lille, Barbara Eckle a imaginé quatre « constellations », une pour chaque saison, et sa « constellation d’automne » invite à (re)découvrir L'Ecume des jours. On connait évidemment le roman de Boris Vian. Le compositeur Edison Denisov s’en inspire pour signer un opéra mêlant à la fois des motifs de jazz, des références à Wagner ou Debussy, ou encore de grands chœurs liturgiques d’inspiration russe. Son Ecume des jours fera l’objet d’une création à l’Opéra-Comique en 1986... et ne sera plus donné ou presque sur les scènes françaises, jusqu’à aujourd’hui.

L’Opéra de Lille confie cette résurrection à la metteuse en scène polonaise Anna Smolar, qui « actualise le texte de Boris Vian » (transposée dans le contexte des évènements de Mai 68), tout en « soulignant l’ambivalence de cette histoire d’amour » menée par une « Chloé qui choisit non seulement de vivre mais aussi de mourir selon ses propres règles ». Bassem Akiki assure la direction musicale de la production, défendue sur scène par Josefin Feiler et Cameron Becker dans les rôles de Chloé et Colin. Une redécouverte qui intrigue. 

Arabella en direct du Met Opera

Opéra au cinéma. Du 10 au 29 novembre, le Metropolitan Opera de New York reprend Arabella de Richard Strauss, dans l’emblématique production d’Otto Schenk, inaugurée en 1983. La mise en scène (très fastueuse) est connue, mais la production new-yorkaise suscite une certaine curiosité notamment pour sa distribution. D'abord, la soprano Rachel Willis-Sørensen interprète le rôle-titre pour la première fois et poursuit son exploration du répertoire straussien qui lui va plutôt bien (elle a notamment déjà chanté avec succès la Maréchale du Chevalier à la rose). À ses côtés, le baryton-basse Tomasz Konieczny chantera son premier Mandryka, alors que Louise Alder et Julie Roset feront là leurs premiers pas sur la scène imposante de l'institution new-yorkaise.

À défaut de faire le déplacement à New York pour assister à la production, cettereprise fera l’objet d’une captation vidéo et d’une diffusion en direct au cinéma le 22 novembre, dans le cadre du programme The Met: Live in HD (plus de 150 cinémas sont partenaires en France). 

Arabella, Metropolitan Opera
Arabella, Metropolitan Opera

La Walkyrie, suite du Ring de l'Opéra de Paris

En janvier, l’Opéra de Paris inaugurait une nouvelle Tétralogie de Wagner, confiée au metteur en scène Calixto Bieito. Si le prologue de L’Or du Rhin était apprécié diversement par la critique (reposant sur des divinités librement inspirées des géants du numérique, les nouvelles « super puissances » de notre monde contemporain selon Calixto Bieito), un nouveau Ring est toujours un événement pour une maison d’opéra.

Et du 11 au 30 novembre prochains, l’Opéra Bastille poursuivra son exploration de l’œuvre colossale de Wagner avec le deuxième volet de L'Anneau du Nibelung, La Walkyrie, qui « se rapproche des humains à travers les jumeaux Sieglinde et Siegmund » (interprétés ici par Elza van den Heever et Stanislas de Barbeyrac), suscitant la colère de la déesse Fricka (Ève-Maud Hubeaux) et le bouleversement émotionnel de la Walkyrie Brünnhilde (Tamara Wilson). Le cycle se poursuit sous la direction musicale de Pablo Heras-Casado, chef wagnérien qui se produit notamment à Bayreuth.

Agnès Jaoui met en scène Don Giovanni à l’Opéra du Capitole de Toulouse

Nouvelle production. Parallèlement à ses activités au théâtre, au cinéma ou sur scène, Agnès Jaoui s’investit aussi à l’opéra. Elle s’essayait à la mise en scène en 2019 dans le cadre du festival Opéra en plein air, elle invitait l’année dernière à redécouvrir le rare L’Uomo femina, et elle se saisit maintenant d’un monument de l’art lyrique en signant une nouvelle mise en scène de Don Giovanni pour l'Opéra national du Capitole de Toulouse, du 20 au 30 novembre prochains. Avec l’acuité qu’on lui connait, Agnes Jaoui indique vouloir explorer la double facette de Don Giovanni, à la fois prédateur indéfendable et militant radical de sa liberté qui « ne transige avec rien et ne se soumet à rien ».

Musicalement, cette nouvelle production est confiée au jeune chef Tarmo Peltokoski, directeur musical de l’institution toulousaine depuis peu, qui entend souligner le « mélange ambigu de comédie et de tragédie » de l’ouvrage de Mozart. La (double) distribution suscite la même curiosité : aux côtés de Karine Deshayes ou Alix Le Saux en Elvira, Andreea Soare ou Marianne Croux dans le rôle redoutable de Donna Anna ou Anaïs Constans et Francesca Pusceddu en Zerlina, le rôle-titre est confié en alternance à la basse Nicolas Courjal et au jeune baryton Mikhail Timoshenko (qui évoquait son approche du rôle dans nos colonnes). L’un et l’autre abordent le rôle pour la première fois et avec des tessitures différentes – Don Giovanni est tantôt confié à une basse, tantôt à un baryton, le public toulousain pourra donc faire son choix.

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