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Dramma giocoso

Il peut paraître surprenant d’accoler deux termes antinomiques, drame et joyeux. Pourtant, un certain nombre d’opéras sont ainsi sous-titrés, car le mot « dramma » désigne alors une pièce sans distinction de caractère. On parle de « dramma giocoso » pour qualifier des ouvrages qui comportent des éléments gais et tristes. Ces opéras sont bâtis selon les structures de l’opera buffa ou semi-seria tout en présentant une dimension pathétique, ou même tragique. C’est le cas de Cosi fan tutte (1790) de Mozart. Derrière l’aspect vaudevillesque de cette sorte de « partie carrée » lyrique, se cache une réflexion pleine d’amertume sur la fragilité du sentiment amoureux. Dans Don Giovanni(1787), Mozart associe des scènes joyeuses à une fin tragique. Les deux dimensions s’interpénètrent, et donnent sa vérité humaine à l’oeuvre. Dans La Cenerentola (1817), Rossini confie la dimension comique à Don Magnifico et à ses filles, tandis qu’Angelina et le philosophe Alidoro incarnent une réflexion sur la condition féminine en apportant un éclairage sur les liens entre amour et condition sociale.

Certains opéras peuvent être rangés dans la catégorie « dramma giocoso », bien qu’ils ne soient pas expressément sous-titrés ainsi. C’est le cas de La Périchole (1868) d’Offenbach qui possède le côté joyeux de l’opérette tout en invitant à une méditation sur la pauvreté et ses répercussions sur le comportement amoureux. D’ailleurs, la lettre d’explication que la Périchole laisse à son malheureux Piquillo est la reprise exacte de la lettre que Manon adresse au Chevalier Des Grieux dans le célèbre roman Manon Lescaut (1731). Derrière la légèreté et l’humour d’Offenbach se profile l’ombre tragique des amants de l’Abbé Prévost.