Sonya Yoncheva longuement et bruyamment acclamée au Festival Castell de Peralada

Xl_sonya_yoncheva_en_r_cital_au_festival_de_castell_de_peralada © Toti Ferrer

À l’occasion de sa 36ème édition, le Festival Castell de Peralada (à l'initiative de son directeur artistique Oriol Aguila) met les (grandes) voix au premier plan de sa programmation, avec la venue sur quatre soirées d’affilée de Lise Davidsen (nous y reviendrons), de l’envoûtante Ermonela Jaho, du plus contestable Josep Carreras (et nous ne nous étendrons pas plus sur ce triste et douloureux concert…), et enfin de la soprano star Sonya Yoncheva, pour sa première venue à la célèbre manifestation catalane. 

Dans la très belle Iglesia del Carmen (mais à la redoutable acoustique réverbérante), et accompagnée par l’excellent pianiste écossais Malcolm Martineau, Sonya Yoncheva a composé un programme en deux parties : une première consacrée à la Mélodie française (Duparc, Chausson…), et une seconde à des canzone italiane (Puccini, Martucci, Verdi…). Pour ce qui est de la première partie, avouons que ce n’est peut-être pas le répertoire de prédilection de la soprano bulgare, son immense voix ne se pliant que difficilement à la prosodie, la mise en valeur des textes et à l’intelligibilité que requiert ce genre très spécifique – par ailleurs si difficile. De fait, dans la Chanson triste de Duparc ou Le Poème de l’amour et de la mer de Chausson, sa voix (si superbe soit-elle) s’avère à l’étroit, dans des Mélodies où pointent sans cesse des éclats d’opéra, et elle perd par ailleurs ses couleurs dès qu’elle cherche l’intime.

C’est un tout autre enthousiasme qu’elle génère dans le répertoire italien, après l’entracte, où son timbre unique et riche, avec une extension exceptionnelle dans l’aigu, lui permet de briller. Ce sont ici les variations du souffle qui colorent les notes, et des arias telles que « Terra o mare » de Puccini, « L’Ultimo bacio » de Martucci, ou encore « L’Esule » de Verdi, bénéficient de son émission parfaite de verticalité et de sa volupté ardente. C'est néanmoins plus encore dans les trois bis qu’elle offre à un public catalan exalté (« Donde lieta usci » tiré de La Bohème, la Habanera de Carmen, et le bouleversant « Adieu notre petite table » extrait de Manon) qu’elle irradie le plus, car elle livre chacun de ses airs d’opéras avec son intensité dramatique et/ou émotionelle habituelle, en incarnant viscéralement chacun des personnages qu’elle interprète. Quant à Malcolm Martineau, son fidèle accompagnateur lorsqu’elle offre des récitals voix/piano, il fait preuve d’une attention de tous les instants et d’une belle complicité avec l’artiste.

Aux anges, le public acclame longuement et bruyamment la diva bulgare !

Emmanuel Andrieu

Récital de Sonya Yoncheva au Festival Castell de Peralada, le 2 août 2022

Crédit photographique © Tito Ferrer

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