Nathalie Stutzmann interprète son disque "Quella Fiamma!" au Gstaad New Year Festival

Xl_nathalie_stutzmann © DR

Avec le magnifique récital de Marcelo Alvarez, l’autre événement lyrique du Gstaad New Year Festival était la venue de le contralto française Nathalie Stutzmann, avec son Ensemble Orfeo 55, pour interpréter les airs de son nouvel album : « Quella Fiamma ! (Arie Antiche) »... et quelle flamme en effet ! Les Arie Antiche sont bien connues des élèves des classes de chant depuis des générations ; à la fin du XIXe siècle, l'italien Alessandro Parisotti les réunit dans un recueil nommé « Airs Anciens » pour permettre aux jeunes chanteurs d'apprendre leur métier et de redécouvrir les sommets du chant italien. Si Parisotti a passablement trituré les partitions d'origine (mais heureusement, Nathalie Stutzmann est revenue aux véritables sources...), cette compilation offre un catalogue d'effets vocaux et d'expressions très variés : l'idéal pour apprendre son métier mais aussi pour briller lorsqu'on est une interprète au sommet de son art telle que l’est Nathalie Stutzmann.

Rapidement, les qualités vocales de la chanteuse s'imposent, souvent avec fougue (« Delizie, contenti che l’alma beate » de Bononcini), mais sachant aussi se tempérer (« Ah mio cor » tiré d’Alcina de Haendel), s'alanguir pour mieux virevolter, toujours ancrée sur des résonances de poitrine chaudes à souhait. Après avoir prouvé sa maîtrise technique (bien que cette interprète de renom n'en a nullement besoin), l'enjeu majeur d'un tel concert consiste donc à donner du sens à l'ensemble du programme - et sa vingtaine de morceaux différents et souvent brefs -, composés entre Falconieri (né en 1585) et Respighi (mort en 1936). La chanteuse y parvient par une immense longueur d'un souffle qui parcourt non seulement de grandes phrases, mais aussi grâce à cet autre souffle qui balaye tout un programme, lui donne du sens, un esprit et une unicité. D'autant que la chanteuse dirige en même temps son ensemble, le frémissant Orfeo 55, qui puise dans sa voix et dans ses gestes l'inspiration des larmes, des soupirs, mais aussi de la danse…

Un mot, en guise de conclusion, sur la Masterclass à laquelle nous avons assisté l’après-midi, qui réunissait le chef italien Marco Guidarini et la mezzo franco-roumaine Viorica Cortez autour de deux jeunes espoirs du chant : la soprano catalane Sara Baneras et le ténor argentin Santiago Martinez. La première a ébloui notamment avec l'air « Qui la voce sua soave », tiré des Puritains de Bellini : l’aplomb des vocalises, la technique sans faille et la sûreté des aigus nous ont impressionnés, mais aussi et surtout le sens des nuances et la sensibilité déjà très développés chez cette jeune artiste. Quant au ténor argentin, on pourrait tenir en lui le Juan Diego Florez des années futures, tant il nous a électrisé dans un « Cessa di piu resistere », tiré du Barbiere di Siviglia de Rossini, d’une éblouissante virtuosité, soutenue par un timbre à se pâmer et par une puissance vocale inhabituelle chez un tenore di grazia. Bref, un nom à retenir et dont on devrait entendre parler très prochainement…

Emmanuel Andrieu

Nathalie Stutzmann en récital au Gstaad New Year Festival, le 6 janvier 2018
 

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