Marcelo Alvarez en récital au Gstaad New Year Festival

Xl_marcelo_alvarez © DR

La musique à Gstaad, ce n’est pas seulement le célèbre Menuhin Festival en période estivale et Les Sommets Musicaux fin janvier/début février, c’est aussi le Gstaad New Year Festival, manifestation fondée et inlassablement défendue par la Princesse Caroline Murat, une des arrière-petites-nièces de Napoléon 1er, installée dans la célèbre station alpine, pianiste renommée, mais également co-fondatrice du non moins fameux Festival de Verbier et des Sommets Musicaux susnommés. Chaque année, depuis douze ans maintenant, la Princesse mélomane invite les grands noms de la musique classique et du chant lyrique, cette nouvelle édition n'échappant pas à la règle avec des artistes de grande renommée tels que Deborah Nemtanu, Gautier Capuçon, Melody Louledjian, Julian Rachlin, Nathalie Stutzmann, Arielle Dombasle ou encore le célèbre ténor argentin Marcelo Alvarez que nous avons pu entendre pour un récital d’airs d’opéra et de zarzuelas dans la ravissante église de Rougemont (à l’instar du Festival Menuhin et des Sommets Musicaux, les concerts ont lieu essentiellement dans les diverses églises du Saanenland).

Après les dernières prestations en demi-teinte (notamment cet été aux Chorégies d’Orange…) d’un des gosiers les plus recherchés de la planète, nous nous rendions à ce concert avec un peu de circonspection… et c’est pleinement rassurés que nous sommes ressortis de l'église quant à la forme vocale du célèbre ténor ! Au vu de l’étroitesse des lieux, qui ne peut guère accueillir plus de cent personnes, et placés au troisième rang comme nous l’étions, nos tympans ont même été plus d’une fois rudement mis à l’épreuve, notamment dans la première partie consacrée aux airs célèbres du répertoire lyrique comme « E lucevan le stelle » (Tosca) ou l’air du Cid de Massenet « Ô souverain ». Dans cette superbe page qui clôt la première partie, commençons par saluer l’impeccable diction de la langue de Molière qui rend superflue les surtitres ou la lecture du livret. Aminci depuis cet été (il a dû perdre bien 20 kilos entre-temps !), sa nouvelle allure de jeune homme sert ce personnage mythique, valeureux et fragile à la fois, auquel il confère des accents aussi puissants que touchants.

La seconde partie de soirée laisse place aux plus fameux arias du répertoire de la zarzuela espagnole, notamment celui de Moreno Torroba « Amor, vida de mi vida » ou le célébrissime « No puede ser » (tiré de La Tabernera del puerto de Sorozabal) dans lesquels, bien évidemment, la langue espagnole coule de source, de même que l’ardeur toute latine du chanteur sud-américain. A l’issue de cet air magnifique, l’audience est en délire, et comment en effet résister à tant de générosité, de spontanéité exempte d’afféterie et de chaleur communicative de la part d’un artiste visiblement heureux d’être là ! Devant l’excès d’enthousiasme d’un public conquis (et rassuré sur sa santé vocale !), ce sont trois chansons napolitaines auxquelles il aura droit en bis, dont le tube « O sole mio », délivré avec un rayonnement extrême, qui met à nouveau l’audience en état de frénésie.

Un mot pour finir sur l’excellent pianiste qui l’accompagnait tout au long de la soirée, l’américain Kamal Kahn (qui est également chef d’orchestre), accompagnateur dévoué, d’un indéfectible soutien, qui s’avère aussi éloquent dans les airs lyriques que dans les morceaux de piano solo qu’il exécute entre deux airs. On retiendra notamment les deux Nocturnes de Giuseppe Martucci, véritables moments de grâce habités par le mystère d'une très tendre musique de nuit…

Emmanuel Andrieu

Marcelo Alvarez en récital au Gstaad New Year Festival, le 4 janvier 2018


 

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