L'Opéra Grand Avignon reprend La Traviata signée par Mazzonis Di Pralafera

Xl_traviata © Cédric Delestrade

La production de La Traviata qui met fin à la saison 17/18 de l’Opéra Grand Avignon n’est autre que celle signée par Stefano Mazzonis Di Pralafera pour l’Opéra Royal de Wallonie (qu’il dirige). La critique sociale s’y avère plus féroce que jamais, mais, contrairement à d’habitude, le sommet de la cruauté n’est pas atteint avec la diabolique intervention de Germont père. C’est ici beaucoup plus l’inhumanité d’une société tout entière qui est en cause, que les mesquines démarches d’un bourgeois soucieux de considération. Les visages blafards des personnages secondaires et du chœur sont d’un contraste grinçant avec les costumes aux étoffes chatoyantes de Kaat Tilley. Quant au décor, imaginé par Edoardo Sanchi, il se résume essentiellement à un immense boit de lit qui se décline ensuite en de multiples lits, tour à tour celui des amours, d’une orgie, lit d’enfant de Violetta ou encore celui où elle vient agoniser…

Le spectacle repose avant tout sur les épaules du rôle-titre, dans lequel la jeune soprano italienne Maria Teresa Leva s’investit avec ardeur et passion, toujours belle en scène, même si le personnage ne dégage pas une personnalité d’exception. La chanteuse déploie déjà un beau métier, avec une voix large et de beaux piani. Le III lui est globalement plus favorable, alors que les vocalises du I, dont les aigus vrillent parfois dangereusement, nous laissent plus partagés. Extraordinaire dans le belcanto, comme nous avons pu le constater récemment avec son Tebaldo lisboète ou son Nemorino niçois, le ténor italien Davide Giusti est un peu moins à son avantage dans le répertoire verdien... qu’il aborde peut-être un peu tôt. Si le timbre et la ligne de chant restent magnifiques, la voix atteint ses limites dans l’aigu, qui pousse le jeune chanteur dans ses retranchements, jusqu’à un point de quasi rupture assez désagréable pour l'oreille de l'auditeur. Troisième italien de la distribution, Ernesto Petti assure solidement un Germont père de convention, particulièrement statique et massif, quand les comprimari se montrent bons, voire excellents dans le cas de Jean-Marie Delpas (Baron Douphol) ou Aline Martin (Annina).

Directeur musical de la phalange provençale, Samuel Jean entraîne l’Orchestre Régional Avignon-Provence dans un élan passionné, avec des tempi parfois étonnamment rapides, comme dans la fin du duo entre Violetta et Germont, ainsi que lors du tableau chez Flora. En faisant sonner ainsi les timbres, il restitue à l’orchestre son rôle moteur, tandis que le Chœur de l’Opéra Grand Avignon ne mérite que des éloges.

Emmanuel Andrieu

La Traviata de Giuseppe Verdi à l’Opéra Confluence d’Avignon, les 8 & 10 juin 2018

Crédit photographique © Cédric Delestrade
 

 

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