Hervé Niquet dirige Israel in Egypt de Haendel au Festival Berlioz

Xl_israel_in_egypt_au_festival_berlioz © Bruno Moussier

Le Festival Berlioz ne se résume pas au culte de son instigateur et c’est ainsi que nous avons pu entendre – la veille d’une superbe exécution de la seconde partie des Troyens – un des nombreux oratorios de Georg Friedrich Haendel, Israel in Egypt, dont le Maître de La Côte Saint-André était friand. Dirigé par Hervé Niquet, à la tête des forces (chœur et orchestre) du Concert Spirituel, le concert n’était pas donné dans la cour du Château Louis XI, mais dans la magnifique Abbaye gothique de Saint-Antoine l’Abbaye – où sont conservées des reliques du fameux moine (égyptien). C’est la mouture originale de l’œuvre qui est donnée à entendre, c’est-à-dire avec seulement les deuxième et troisième parties de l’ouvrage, la première ayant été remplacée par le Concerto pour orgue en Fa (surnommé « le Coucou et le Rosssignol ») que le compositeur écrivit spécialement pour la création de son épopée biblique en 1739, et ici brillamment délivré à l’orgue positif par François Saint-Yves.

Les choristes – répartis à droite et à gauche de l’orchestre placé au centre et se faisant ainsi face – lui répondent et sont ensuite les principaux protagonistes de la première partie qui relate l’épisode de l’Exode (chapitres 1 à 14). L’acoustique de l’édifice fait que le Chœur ne confère que rarement à ces pages handéliennes tout leur sens, bien que ces dernières comptent parmi les plus puissantes et expressives que le caro sassone ait écrites pour chœur et orchestre. Ce dernier s’en tire beaucoup mieux, et cela grâce à la direction incisive et colorée du chef français  (ah les clameurs rauques des cuivres dans « I will sing unto the Lord » !).

De leur côté, tous les excellents solistes se montrent impliqués, et l’on retiendra notamment l’unique intervention des deux basses (Tomislav Lavoie et Andreas Wolf) dans un tonitruant « The Lord is a man of war ». Les deux sopranos Florie valiquette et Melody Louledjian ne sont pas en reste et délivrent un délicieux « The Lord is my strength and my salvation » dans lequel leur timbre se mêle parfaitement et rivalise en vocalises ornées. De son côté, la mezzo Ambroisine Bré n’a pas ici la possibilité de montrer toute l’étendue de son registre grave ni l’opulence de ses moyens, à l’inverse du ténor croate Kresimir Spicer qui s’attaque à l'air « I will pursue, I will overtake » avec un tempo très vif dans lequel il a l’occasion de faire briller son registre aigu.

Une belle soirée de musique baroque dans un cadre d'exception.

Emmanuel Andrieu

Israel in Egypt de Georg Friedrich Haendel au Festival Berlioz, le 21 août 2021

Crédit photographique © Bruno Moussier

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