Davide Livermore signe une Bohème picturale au Circo Massimo de Rome

Xl_laboheme_circomassimo © Fabrizio Sansoni

Aux côtés d’une Butterfly transposée dans un bidonville (par Alex Ollé), le Circo Massimo de Rome accueillait un autre des chefs d’œuvre de Giacomo Puccini, une Bohème mise en scène par le plus classique et sage Davide Livermore, qu’il avait signée pour les Thermes de Caracalla en 2014. Le directeur de l’Opéra de Valencia (depuis 2015) annonce d’ailleurs la couleur dans ses notes d'intention : « La réponse à la question sur comment je peux représenter cet opéra aujourd'hui, c'est juste en suivant Puccini ! ». Pas de transposition hasardeuse cette fois, donc, mais une scénographie particulièrement dépouillée qui repose essentiellement sur des projections vidéo qui se veulent un hommage à l’Impressionnisme, et ce sont les plus belles toiles de Monet, Renoir ou Van Gogh qui défileront sous nos yeux tout au long de la soirée, plongeant le spectacle autant que les spectateurs dans un magnifique continuum pictural.

La soirée vaut aussi pour sa distribution vocale de haute volée, à commencer par la Mimi de la soprano coréenne Vittoria Yeo qui incarne d’emblée l’héroïne timide et fragile, mais avec une voix large et puissante, joliment timbrée et chaude, et qui ne cesse de s’étoffer au cours de la représentation pour devenir bouleversante dès le fameux «  Addio » du troisième acte. Le ténor italien Piero Pretti possède également de grandes qualités : le timbre se remarque, l’aigu se projette superbement, et la technique est déjà aguerrie. Il possède par ailleurs un style, une élégance ainsi qu’une façon de nuancer que n’ont pas tous les Rodolfo. Comme on pouvait s’y attendre, la délicieuse soprano catalane Sara Blanch impose une Musetta d’une rayonnante aisance scénique et d’un rare raffinement vocal, tandis que le baryton italien Luca Micheletti incarne un Marcello de relief, au phrasé soigné et au jeu convaincant. Enfin, si Simone del Savio campe un excellent Schaunard, le Colline de Gabriele Sagona se montre un peu en retrait, à l’aise dans les ensembles, mais moins bon dans son air du dernier acte « Vecchia zimarra », où la voix manque de projection dramatique. 

En fosse, le jeune chef catalan Jordi Bernacer marque de sa pleine empreinte cette Bohème à laquelle il apporte une luxuriance symphoniste proche de Turandot. Du premier acte à un finale qui donne le frisson, il fait preuve d’une impressionnante science du phrasé et des tempi, incitant le superbe Orchestre du Teatro dell’Opera di Roma à une ampleur bienvenue dans cet ouvrage.

Emmanuel Andrieu

La Bohème de Giacomo Puccini au Circo Massimo de Rome, le 5 août 2021

Crédit photographique © Fabrizio Sansoni

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