Daniel Behle chante Vienne au Gstaad Menuhin Festival

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Au lendemain d'une enthousiasmante exécution de Fidelio avec Jonas Kaufmann, le Gstaad Menuhin Festival mettait à nouveau en valeur la voix, mais dans le cadre intimiste de la petite église de Zweisimmen, au lieu de l’immense tente du festival (1800 places). L’heureux élu n’était autre que le ténor hambourgeois Daniel Behle, plébiscité pour ses incursions dans le répertoire mozartien (nous l’avions entendu dans L’Enlèvement au sérail au Festival d’Aix en 2015), mais aussi pour ses nombreux disques et récitals consacrés au Lieder allemands (Schubert, Schumann, Strauss). Mais puisque l’édition 2022 du festival est dédiée à la ville de Vienne (où a été créé Fidelio), c’est bien évidemment au riche répertoire vocal de la capitale autrichienne qu’est consacrée la soirée, au travers des mélodies entêtantes émaillant les plus célèbres opérettes de Johann Strauss et Franz Léhar… mais pas seulement !

Le récital débute avec des airs viennois (Wienerlieder) du méconnu (de ce côté-ci des Alpes) Robert Stolz, qui fut le directeur musical du Theater an der Wien vers 1900, et qui porte le nom d’un célèbre concours international de chant que Daniel Behle a remporté en 2004, à l’aube de sa carrière. C’est donc un hommage vibrant qu’il lui rend, au travers de ses plus fameuses compositions telles que « Od blond od braun » ou « Im prater blühn wieder die Baum », soulignées au besoin par un accent viennois très subtilement reproduit, et qui n’ont rien d’une carte postale mais séduisent au contraire par leur authenticité. Précisons que, très pédagogue, le chanteur offre au public (essentiellement germanique) un petit discours liminaire avant chaque pièce, une courte présentation des spécificités d’ambiance que le programme cherche à retrouver, mais que notre absence de pratique de la langue de Goethe ne nous permettra pas d’apprécier.

La soirée se poursuit avec des compositions personnelles, car Daniel Behle est également compositeur, mais avec beaucoup « d’autodérision » nous apprend le programme de salle, et de fait les deux airs « Ich bin Stolz auf meinen Steinway » et « FC St. Pauli » évoquent l’un son amour pour la célèbre fabrique de piano, et le second sa passion immodérée pour le club de foot de sa ville natale !

C’est néanmoins dans la troisième et dernière partie, plus familière à nos oreilles, que l’on goûte le mieux aux qualités vocales de l’artiste allemand basé à Bâle : un timbre suave et léger mais très sonore et puissamment projeté, une voix lancinante, expressive et emplie de tendresse, qui trouvent à briller dans les hits des opérettes viennoises comme Le Pays du sourire, La Veuve joyeuse ou Le Baron tzigane. Au beau milieu de ces airs solo surgira, du premier rang à un moment, la soprano Katrin Koch, pour un duo-surprise : « Wie eine Rosenknopse » (Comme un bouton de rose), délivré sur un mode tendre et enfiévré à la fois.

Un mot enfin sur l’excellent accompagnateur, le pianiste autrichien Christian Koch, à qui l’occasion est donnée de faire preuve de ses brillants talents de soliste, grâce à des valses comme les fameuses Sang viennois et Tritsch-Tratsch polka, cette dernière étant abordée avec une alacrité toute diabolique.

Et c’est dans la joie générale que se termine le concert avec l’air « Kleine Möwe, flieg nach Helgoland » (Petite mouette, vole vers Helgoland), le public ne se faisant pas prier pour battre la mesure à l’unisson des deux artistes !

Emmanuel Andrieu

Récital de Daniel Behle au Gstaad Menuhin Festival, le 12 août 2022
 

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