Chronique d'album : Mozartissimo, de Rolando Villazon

Xl_mozartissimo © DR

Vendredi dernier sortait chez Deutsche Grammophon Mozartissimo, un best of des rencontres entre Mozart et le ténor franco-mexicain Rolando Villazon. A la fois compilation et véritable déclaration d’amour pour le compositeur autrichien, ce disque ne renferme pas moins de vingt titres issus de six opéras.

Le ténor indique dans le disque que nul autre compositeur que Mozart ne lui a jamais aussi directement parlé, ce qui explique son projet d’enregistrer les sept derniers opéras du compositeur, dont seul Idoménée, roi de Crète est encore en attente. Ce best of suit donc l’ordre chronologique des enregistrements du chanteur, sans pour autant suivre l’ordre chronologique des compositions.

Nous débutons ainsi l’écoute par deux extraits de Don Giovanni, « Dalla sua pac » et « Il moi tesoro intanto » paru en 2012. Le premier air porte une certaine solennité et une profondeur qui frappent dans cette clarté expressive. La voix est derechef solaire et miroitante, ambrée dans ses mediums, ténue dans l’aigue léger qui apporte nuances et couleurs. Yannick Nézet-Séguin est ici à la tête du Mahler Chamber Orchestra qui allie savamment sa palette à celle de la voix, celle-ci et l’orchestre se soutenant mutuellement. Le chef dirige ensuite le Chamber Orchestra of Europe pour les extraits de Cosi fan tutte enregistrés en 2013, puis L’Enlèvement au Sérail paru deux ans plus tard, Les Noces de Figaro enregistrées en 2016, suivis de La Clemenza di Tito (2018) et enfin La Flûte enchantée (2019). Seuls les trois derniers airs sont accompagnés par le London Symphony Orchestra sous la baguette de Sir Antonio Pappano : « Misero ! O sogno o son desto ? », écrit à l’origine pour le ténor Johann Valentin Adamberger (1740-1804), « Aura, che intorno spiri » et « Con ossequio, con rispetto », tous trois extraits d’un même disque sorti en 2014.

Certes, parfois le ténor exagère peut-être un peu trop ses poussées, comme dans « Tradito, schernito dal perfido » (Cosi fan tutte) ou « Del piu sublime soglio » (La Clemenza di Tito) qui sans doute gagneraient – du moins au disque – à être moins tonitruants, mais l’exercice de l’enregistrement lui sied globalement, et l’on apprécie le vibrato, comme dans « Hier soll ich denn sehen ». La bouffonnerie est bien sûr l'un des domaines de prédilection de Rolando Villazon, ce qui se ressent tout particulièrement dans les extraits de La Flûte enchantée et ce rôle de Papageno qui transmet une véritable énergie comique à travers l’enregistrement. Nous entendons d’ailleurs Christiane Karg en douce Pamina, mais aussi et surtout le célèbre duo avec Papageno, ici avec Regula Mühlemann, divine dans cet air, la complicité entre les deux chanteurs étant perceptible à l’écoute.

Les deux airs qui suivent sont davantage solennels, une solennité qui se ressent mais loin de l’énergie si positive qui nous avait été offerte juste avant. Heureusement, c’est sur un ton plus dynamique que se clôt le disque avec « Con ossequio, con rispetto », un air d’opéra-bouffe dans lequel le ténor remet à sa place un soi-disant grand sage qui n’a pas d'égal… dans l’orgueil, l’ignorance et la bêtise ! Un petit comme le triomphe du comique sur le sérieux qui peut, quelque part, représenter ce recueil.

Une bonne idée pour celles et ceux qui aiment Rolando Villazon et (le meilleur de) Mozart, mais ne souhaitent pas forcément investir dans les oeuvres complètes du compositeur. Celles et ceux qui aiment le comique du ténor et des oeuvres du génie de Salzbourg, ainsi que leur mutuelle exubérance, y trouveront aussi leur compte. Dommage cependant que le livret se montre si succinct : un texte du ténor en anglais et allemand sur son rapport avec Mozart, ainsi que la liste des pistes et des interprètes pour chacune.

Elodie Martinez

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