
Le Théâtre de la Fenice de Venise devra temporairement fermer ses portes pour travaux : la saison 2025/26 qui vient d’être présentée par Nicola Colabianchi se déclinera à La Fenice mais aussi au Teatro Malibran et Théâtre Carlo-Goldoni dans une programmation éclectique. Tour d’horizon des temps forts.
S’il dirige maintenant La Scala de Milan, Fortunato Ortombina a longtemps été le surintendant du Teatro La Fenice de Venise. Aujourd’hui, Nicola Colabianchi lui succède mais c’est bien son prédécesseur qui a composé l’essentiel de la prochaine saison 2025-2026 de l’institution vénitienne, et qui lui a laissé, « dans une transition sans heurt », un théâtre « en grande forme, plein de ferveur, au budget à l’équilibre pour la quinzième année consécutive et dans lequel tout fonctionne comme il se doit grâce à ceux qui y travaillent ». Et si Nicola Colabianchi loue l’action passée de Fortunato Ortombina, le nouvel intendant prépare aussi l’avenir.
La Fenice va faire l’objet de travaux de rénovation supplémentaires (après la réfection de sa scène), impliquant la fermeture de l'établissement entre juillet et octobre 2026, puis entre juillet et octobre 2027. Et pendant la fermeture du théâtre, les productions locales seront transférées tantôt au Teatro Malibran (qui a vocation à devenir un pôle international du théâtre musical baroque), tantôt au Théâtre Carlo-Goldoni de Venise.
La Clémence de Titus en ouverture de la saison lyrique de La Fenice
Quid des temps forts de la saison lyrique 2025/26 de La Fenice ? Elle s’ouvrira du 20 au 30 novembre avec une nouvelle production de La Clémence de Titus signée du metteur en scène écossais Paul Curran et dirigée musicalement Ivor Bolton. Sur scène, elle sera défendue par une distribution attractive emmenée par Daniel Behle dans le rôle-titre, Cecilia Molinari en Sesto ou Francesca Aspromonte en Servilia.
La saison se poursuivra début 2026 avec Simon Boccanegra dans une nouvelle mise en scène confiée à Luca Micheletti (qu’on connait aussi comme comédien et baryton), dirigée par le chef Renato Palumbo. Sur scène, Luca Salsi endosse le rôle-titre face à Francesco Meli ou Alex Esposito.
Parmi les nouvelles productions de la prochaine saison, La Fenice fait aussi une place à Wagner, délaissé depuis longtemps, avec Lohengrin (du 12 au 22 avril), dans une mise en scène inédite de Damiano Michieletto – en coproduction avec l’Opéra de Rome et le Palau de les Arts de Valence. Sur scène, Brian Jagde doit chanter le rôle-titre, accompagné par Markus Stenz en fosse.
Des œuvres rares
La Fenice promet aussi des œuvres plus rares, à commencer par Ottone in Villa dans le cadre du cycle Vivaldi de l'établissement, proposé du 20 au 29 mars 2026 au Teatro Malibran. L’œuvre avait été programmée en 2020, mais donnée en version adaptée et réduite alors que les théâtres rouvraient à peine après la pandémie. La Fenice reprend la production de Giovanni Di Cicco, mais gageons qu’elle respirera mieux à l'occasion de cette reprise – dirigée par un spécialiste du genre, le chef Diego Fasolis pour accompagner Maria Sala ou Lucia Cirillo sur scène.
On peut sans doute aussi retenir Enrico di Borgogna (du 12 au 20 juin 2026), premier opéra de Donizetti à avoir été joué sur scène, composé à l’époque pour le Teatro San Luca – aujourd’hui le Théâtre Carlo-Goldoni de Venise. Rarement repris sur scène, l’ouvrage sera ici donné au Teatro Malibran dans une nouvelle production de Silvia Paoli, dirigée par Corrado Rovaris pour accompagner Teresa Iervolino ou Giuseppina Bridelli sur scène.
Et pour la première fois en Italie, La Fenice donnera aussi Venere e Adone, opéra contemporain du compositeur italien Salvatore Sciarrino créé à Hambourg en 2023 et qui revisite le mythe de Venus et Adonis. La Fenice reprend la production de la création de Georges Delnon et de nouveau, Kent Nagano assurera la direction musicale.
Productions hors les murs
Après la pause estivale et alors que le théâtre de La Fenice sera en travaux, l’institution vénitienne reprendra L'elisir d'amore (au Teatro Malibran du 26 août au 1er septembre) dans la production de Bepi Morassi dirigée par Francesco Ivan Ciampa. Quelques semaines plus tard, Pagliacci de Leoncavallo sera proposé (du 18 au 26 septembre également au théâtre Malibran) dans une nouvelle production signée Andrea Bernard et dirigée par Daniele Callegari, avec notamment Gregory Kunde et Selene Zanetti en Canio et Nedda aux côtés des jeunes artistes de l’Accademia di Belle Arti di Venezia.
En fin de saison, l’établissement programme également un diptyque contemporain réunissant The telephone de Menotti et Trouble in Tahiti de Bernstein dans une nouvelle mise en scène de Gianmaria Aliverta, dirigée par Francesco Lanzillotta.
Opéras jeunes publics
La Fenice poursuit par ailleurs sa politique à destination des jeunes publics, des scolaires et des familles, au sein de son programme éducatif. Dans le cadre de la Fenice Education, deux œuvres sont annoncées pour cette saison 2025/26. D’abord la création mondiale de Piccolo orso e la montagna di ghiaccio (Le Petit ours et la montagne de glace), un opéra de Giovanni Sollima qui fait écho aux Jeux Olympiques d’hiver 2026 de Milan et Cortina d'Ampezzo : le livret de Giancarlo De Cataldo, écrit avec l’Institut des Sciences Polaires italien, évoque le changement climatique et la fonte progressive du glacier de la Marmolada dans les Dolomites (non loin du lieu où se tiendront certaines épreuves olympiques).
Ensuite, après le succès de Pinocchio en 2019, l’institution vénitienne accueillera de nouveau une œuvre du compositeur italien Pierangelo Valtinoni avec Le Petit prince, opéra créé en 2022 à La Scala et adapté du conte de Saint-Exupéry par le librettiste Paolo Madron. La Fenice reprendra la mise en scène de la création signée Polly Graham, interprétée ici par les solistes et l’orchestres du Conservatorio Benedetto Marcello dirigés par Luisa Russo.
Si cette saison 2025/26 de La Fenice a été au moins partiellement définie par Fortunato Ortombina,
Cette saison 2025/26 de La Fenice s’annonce riche et on en trouve (partiellement) le détail sur le site officiel de l’établissement vénitien – les distributions complètes seront dévoilées progressivement. Si cette saison a été définie au moins partiellement par Fortunato Ortombina, Nicola Colabianchi s'attelle déjà aux suivantes « avec l'idée de programmer dans ce théâtre, outre les classiques, des titres inédits depuis des années, comme La Gioconda, Francesca da Rimini, Les Puritains, La Force du destin et bien d'autres ». Et de poursuivre : « au XIXe siècle, des milliers d'œuvres ont été écrites, mais peu sont encore réellement connues. »
publié le 17 juin 2025 à 07h26 par Aurelien Pfeffer
17 juin 2025 | Imprimer
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