Saison 2025-2026 de la Scala de Milan : grandes voix, grands chefs, grand répertoire (Actualité)

© Saison 2025/2026 - Teatro alla Scala

La saison 2025/26 de La Scala de Milan s’ouvrira avec Lady Macbeth de Mzensk, œuvre « coup de poing » de Chostakovitch, avant de se poursuivre avec des opéras de grand répertoire (notamment français), défendus par Anna Netrebko, Anna Pirozzi, Marina Rebeka ou Roberto Alagna, et de grands chefs d’orchestre dont Riccardo Chailly, Maxime Pascal ou Daniele Rustioni. Tour d'horizon de cette prochaine saison.

La présentation de la saison 2025-2026 de La Scala de Milan avait lieu ce 26 mai dans la salle Piermarini de la maison scaligère et se tenait dans un contexte de transition : autour de Giuseppe Sala, maire de Milan et président de la Fondation de la Scala, le surintendant Fortunato Ortombina présentait une saison lyrique qu’on sait au moins partiellement signée de son prédécesseur, Dominique Meyer, alors que le directeur musical historique de la Scala, Riccardo Chailly, s’apprête à céder son poste à Myung-Whun Chung en fin d’année prochaine. Dans ce contexte, La Scala dévoile une saison à son image : quelques-unes des plus grandes voix lyriques, plusieurs très grands chefs d’orchestre et une programmation qui fait la part belle au grand répertoire – notamment français.

Lady Macbeth de Mzensk en ouverture de saison

La principale audace de cette prochaine saison 2025/26 repose peut-être sur l’œuvre qui l’ouvrira le 7 décembre prochain. On l’avait noté, la maison scaligère a opté pour Lady Macbeth de Mzensk de Dmitri Chostakovitch, opéra donné pour le cinquantenaire de la disparition du compositeur russe : un choix qui se veut « insolite et courageux » notamment du fait de l’âpreté de cette œuvre « coup de poing », « qui prend le spectateur aux tripes et l’embarque dans un déferlement de violence et de désespoir ». L'ouvrage a été censuré en Union soviétique dans la foulée de sa création par Staline lui-même, et prend aujourd’hui des allures de « manifeste non seulement pour la condition féminine, mais aussi pour la liberté face à un pouvoir oppresseur ». Pour sa dernière ouverture de saison scaligère, Riccardo Chailly assurera la direction musicale de la production, confiée au metteur en scène russe Vasily Barkhatov, avec Sara Jakubiak dans le rôle-titre (qui faisait déjà sensation dans cette même oeuvre au Liceu en septembre dernier). Comme chaque année, cette production d’ouverture fera l’objet d’une captation vidéo et d’une diffusion en direct en Italie sur la Rai (et vraisemblablement aussi en ligne sur les plateformes d’Arte).

Autre temps fort de la saison 2025/26, La Scala promet deux cycles complets de la Tétralogie de Wagner (en mars 2026), dans la mise en scène de David McVicar – le cycle avait été initié à l’automne 2024 avec L'Or du Rhin, s’était poursuivi en février dernier avec La Walkyrie et se poursuivra en juin prochain avec Siegfried, puis Le Crépuscule de dieux en février 2026, et La Scala reprendra donc le cycle complet à deux reprises, d’abord du 1^er au 7 mars 2026, puis du 10 au 15 mars, dirigé successivement par Alexander Soddy et Simone Young. La distribution, éminemment wagnérienne, est à la mesure de l'ouvrage, emmenée par Michael Volle et Klaus Florian Vogt, Camilla Nylund et Okka von der Damerau ou encore Stanislas de Barbeyrac (en Siegmund). Selon La Scala, les deux cycles affichent d’ores et déjà complets.

Le répertoire français à l’honneur

Faut-il y voir l’héritage de Dominique Meyer avant son départ ? La saison 2025/26 de La Scala fait manifestement aussi la part belle répertoire français. En avril et mai 2026, le metteur en scène Romeo Castellucci fera ses débuts à Milan avec Pelléas et Mélisande (avec Bernard Richter et Sara Blanch dans les rôles titres), dirigé par le jeune et brillant Maxime Pascal – manifestement en remplacement de Daniele Gatti, initialement pressenti pour succéder à Riccardo Chailly mais à qui on a préféré Myung-Whun Chung et qui a donc annulé l’ensemble de ses engagements à venir dans la fosse scaligère.

Avant sa prise de fonctions début 2027, Myung-Whun Chung fera son retour à La Scala en juin 2026 pour assurer la direction musicale de Carmen (ouvrage qu’il n’a encore jamais dirigé à Milan), donnée ici dans la production de Damiano Michieletto déjà vue à Covent Garden ou au Teatro Real de Madrid, avec Clémentine Margaine et Stéphanie d'Oustrac en alternance dans le rôle-titre et Vittorio Grigolo et Matthew Polenzani en Don José.

L'institution clôturera sa saison avec le Faust de Gounod, marqué par les débuts milanais de Johannes Erath pour mettre en scène Marina Rebeka et Vittorio Grigolo, accompagnés par le chef Daniele Rustioni, resté longtemps absent de la fosse scaligère.

Incontournable répertoire italien

Le répertoire italien est évidemment incontournable à La Scala. Avant son départ, Riccardo Chailly entend poursuivre son exploration du répertoire verdien et dirigera une nouvelle une production de Nabucco confiée au metteur en scène sud-africain Alessandro Talevi « qui se reconnecte à ses racines italiennes ». La distribution ne manquera pas de remplir la salle : Luca Salsi dans le rôle-titre, Francesco Meli en Ismaele et Anna Netrebko en Abigaille, aux côtés de Michele Pertusi et Veronica Simeoni.

En avril 2026, La Scala célébrera aussi le centenaire de la première représentation de Turandot de Puccini ayant eu lieu sur ses planches sous la direction d'Arturo Toscanini : pour l’occasion, l'opéra revient sur la scène milanaise dirigé par Nicola Luisotti, avec Anna Pirozzi dans le rôle-titre, Roberto Alagna en Calaf ou encore Mariangela Sicilia en Liù, dans la production conçue par Davide Livermore en 2024 pour le centenaire de la disparition du compositeur.

Les autres reprises font elles aussi la part belle au répertoire italien. On peut retenir Lucia di Lammermoor dirigée par Speranza Scappucci avec Rosa Feola dans la production de Yannis Kokkos ou La Traviata signée de la metteuse en scène Liliana Cavani avec Nadine Sierra et dirigée par Michele Gamba. La saison se complète également avec la nouvelle production de L'Elisir d'amore de Donizetti par Maria Mauti à la mise en scène et défendue par les jeunes artistes de l’Accademia de la Scala. Ils seront accompagnés par le chef Marco Alibrando au podium.