Roselyne Bachelot, Ministre de la Culture, « des artistes et des territoires »

Xl_5f3670f9aa5293f23ab883d60f6886a0 © Alain Jocard

L'annonce est tombée ce lundi soir et a déjà suscité un certain engouement auprès des amateurs d'art lyrique : suite à la nomination de Jean Castex à Matignon la semaine dernière, le nouveau Premier ministre vient de former son gouvernement et l'annonce du prochain ministre de la culture était particulièrement attendue. Ce sera donc Roselyne Bachelot, ancienne ministre de l'Ecologie sous la présidence de Jacques Chirac, puis ministre de la Santé et enfin de la Cohésion sociale sous la présidence de Nicolas Sarkozy, qui succèdera à Franck Riester, critiqué par le monde de la culture pour sa gestion de la crise sanitaire actuelle.

À 73 ans, celle qui avait fermé la porte de la politique en promettant qu'on ne l'y prendrait plus, « à moins qu'on (ne lui) propose le Ministère de la Culture », revient donc à ce poste qui restait l'exception confirmant la règle. Lorsqu’on lui demande les raisons de son retour, elle explique estimer que le pays traverse actuellement une crise d’une extrême violence, dont « on n’a pas encore fixé les contours et les conséquences », et que les désagréments personnels sont bien maigres face au challenge à relever.


Salut à la France! ; © Warner Classics

Il faut dire que son amour pour la musique et plus particulièrement la musique classique et l'opéra n'est pas un secret. Nombre de lyricomanes, notamment Parisiens, ont déjà pu la croiser dans les opéras où elle arrive généralement au moins une demi-heure avant le début du spectacle pour mieux s'imprégner du lieu. Elle dit d'ailleurs assister à une cinquantaine de représentations d'opéra chaque année, et le jour même de sa nomination, elle assistait à une représentation à la Maison de Radio, afin d'y saluer la qualité de l'audiovisuel public, dont elle devra poursuivre la réforme. 
Une passion communicative pour la musique qu'elle partage dans les médias, au travers de chroniques, notamment sur des sites spécialisés ou sur France Musique. Elle est l’auteure par ailleurs d’un Verdi amoureux publié en 2013 aux Editions Flammarion, ainsi que de Salut à la France !, une compilation lyrique chez Warner Classics. 

Les lyricomanes se réjouissent donc de cette nomination à un poste clef d'une personnalité qu'on sait passionnée et investie – et sur qui repose à présent de nombreuses attentes.

Lors de ses premières déclarations, elle explique que la Culture sera dorénavant « au cœur du projet de reconstruction du pays » et qu’elle sera « mise sur le même plan que les grands sujet économiques, sociaux et environnementaux », ce qui présage un challenge « immense » et « extraordinaire ». Elle ne souhaite d’ailleurs pas perdre de temps. Pour elle,  « l'urgence absolue en ce début d'été sera d'aider à la remise en route et en état des lieux de culture : festivals, musées, cinémas, monuments historiques (…). C'est quasiment une question de vie ou de mort pour tant de personnes, emplois directs et emplois dérivés », soulignant par ailleurs que le monde de la culture avait « pris en pleine face la dévastation de la crise pandémique ». Dans cette optique, la Ministre de la Culture souhaite tenir « dans les prochains jours » des « Etats généraux des festivals », particulièrement touchés par la crise sanitaire. Un peu plus loin dans le temps, elle n’oublie pas la rentrée et les salles de spectacles : elle souhaite « s’impliquer pour que les salles de théâtre, d'opéra et de concert puissent redémarrer ».

Elle a également déclaré vouloir « être la ministre des artistes », qui ont selon elle tant souffert et parfois « tout perdu », ainsi que « des territoires », la culture n’étant pas une exclusivité de la capitale. La question de l’Opéra de Paris se pose également, et lorsqu’on lui demande si elle estime que l’opéra peut être sauvé, elle répond qu’il le faut, que cela doit être possible, et qu’elle va s’y employer. Elle ajoute : « Il ne faut pas être effrayé par les 40 millions de trou budgétaire étant donné l’importance culturelle qu’a cette vitrine extraordinaire, les personnels extraordinaires qui y sont, tous les métiers qui y sont représentés. Je suis une fille de l’Opéra de Paris, et je vais devenir la mère de cet opéra. Comment imaginer qu’un outil culturel de cette importance puisse péricliter ? »

L’art lyrique n’est toutefois pas le seul secteur dans lequel de gros chantiers l’attendent : le monde de la culture dans son ensemble est l’un des domaines parmi les plus durement touchés par la crise sanitaire actuelle, accusant un chiffre d’affaire en baisse de 22,3 milliards d'euros par rapport à l’an dernier, soit une chute de 25 %. Elle entend donc poursuivre le bilan de son prédécesseur, le « consolider », le « repenser parfois ». Roselyne Bachelot a ainsi déjà évoqué « l'approfondissement du plan bibliothèques » pour faire de ces espaces des « lieux de rencontres » et « amener les jeunes à la lecture », mais elle a également évoqué des « mutations profondes qui restructurent l'audiovisuel », un domaine que ses expériences de chroniqueuse l’ont amenée à découvrir de l'intérieur. Parmi les autres « chantiers immenses » qui l’attendent se trouvent aussi la préservation des droits d'auteur, ou encore la mise en œuvre du plan de filière en faveur de la presse.

En d’autres termes, celle qui reste « une femme libre » et n’entend pas qu’on lui donne des ordres a de grands défis à relever, mais semble en mesurer toute la difficultés et les enjeux, y compris humains. Une nomination qui semble, de prime abord, de bon augure pour le domaine culturel et surtout opératique. L’avenir nous le dira.

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