Les mots de l'opéra : l'air, l'aria, l'arioso

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La semaine dernière, nous inaugurions notre série des Mots de l’Opéra, la déclinaison vidéo de notre lexique du vocabulaire de l’art lyrique, souvent spécifique et parfois un tantinet abscons. Pour lui donner davantage de sens, Alain Duault poursuit cette semaine en abordant ce qui fait le cœur de l’opéra et articule sa construction : l’air, le grand air ou l’aria en italien, sa place au sein d’une œuvre lyrique et dans le déroulement de l’action théâtrale, ou encore ce qui le distingue de l’arioso.

Air, grand air, arioso, aria da capo, sont autant de termes qui désignent un des éléments essentiels dont se compose un opéra. L’air, dont la fonction première est de mettre en valeur un interprète, est une forme close qui peut se détacher d’un ouvrage, et devenir un air de référence, comme le fameux « air de la Reine de la Nuit » dans La Flûte Enchantée de Mozart. Laissons de côté l’aria da capo dont la structure particulière nécessite une explication à part. Ce qui importe, c’est avant tout l’opposition entre l’air, ou « aria » pour reprendre le terme italien, et le récitatif qui sert pour décrire l’action. L’alternance entre récitatif et air construit l’opéra. Alors que le récitatif assure la progression de l’intrigue, l’air constitue un temps de réflexion où la mélodie permet à un personnage d’analyser et de déployer ses sentiments face à la situation.

On parle d’« aria » dès la naissance de l’opéra, puis apparaît plus tard le terme d’« arioso » qui désigne un morceau de forme assez libre, à mi-chemin entre l’air et le récitatif, unissant l’expression lyrique au rythme de la parole. L’air cultive souvent la répétition d’une même phrase, particulièrement dans l’art du « bel canto ». Quant à l’arioso, il s’apparente à un flux mélodique qui porte l’action. Au XIXème siècle, certains compositeurs, comme Verdi dans la deuxième partie de sa carrière, abandonnent les grandes formes fixes au profit de l’arioso. La « mélodie infinie » de Richard Wagner est une forme d’arioso qui raconte le drame : les formes closes ont définitivement disparu et désormais les scènes s’enchaînent dans un récit porté par la mélodie. L’arioso apparaît comme l’aboutissement du lien entre le récitatif et l’air. 

 

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