Les coupes budgétaires de Bayreuth touchent au chœur

Xl_bayreuth-choeur © Festival de Bayreuth

Le Festival de Bayreuth reste le rendez-vous incontournable des amateurs de Richard Wagner, mais depuis maintenant quelques années, l’événement n’est pas exempt de critiques et cherche manifestement encore le juste équilibre entre le respect de ses traditions et la quête d'une modernité susceptible de renouveler son public. Dans ce contexte, le Festival de Bayreuth fait face à des augmentations de coûts et à des « besoins financiers accrus », de l’ordre de plusieurs millions d’euros pour les années à venir, parallèlement à des subventions publiques qui restent stables, une billetterie en berne et à un mécénat qui baisse – en début d’année, l’Association des Amis de Bayreuth indiquait son intention de réduire sa contribution financière au festival à partir de 2024 (cette baisse budgétaire pourrait atteindre un million d’euros).

La direction du Festival de Bayreuth se dit donc contrainte à « des mesures d’économies dans tous les domaines » : des « négociations constructives » ont d’ores et déjà été menées avec l’orchestre et la direction a aussi pour projet de réduire les effectifs du chœur de Bayreuth.

Une baisse des effectifs du chœur de Bayreuth

Selon le Vereinigung deutscher Opern (VdO), le syndicat des ensembles allemands d’opéra et de danse, la direction du Festival de Bayreuth envisagerait une réduction de 40% des effectifs du chœur de Bayreuth, qui passerait de 134 à environ 80 interprètes à partir de l’année prochaine. Le Festival confirme la nécessité d’une réduction, mais précise qu’à ce stade, aucun chiffre n’est encore définitivement arrêté.

Selon le VdO, une telle coupe serait néanmoins préjudiciable à la fois pour la qualité artistique du festival et pour les membres du chœur. Selon le syndicat, l’envergure réduite du chœur ne répondrait plus aux exigences musicales du Festival de Bayreuth « uniques au monde » et nuirait aux représentations qui y sont données. L’organisme souligne aussi que le chœur est composé à 50% d’interprètes indépendants pour qui leur engagement à Bayreuth représente « une base importante de leur revenu annuel ». Le VdO « remet en question le plan d’économies » et réclame à la fois « des chiffres concrets » justifiant la mesure, soulignant « la nécessité de disposer de chiffres fiables afin de trouver une solution acceptable pour les deux parties », mais aussi « un aperçu des plans économiques pour les années à venir ainsi que les raisons du déficit et des économies attendues ». Le VdO invite par ailleurs la direction à « examiner des options de financement alternatives, telles qu'un parrainage élargi ou le soutien des milieux politiques ».

De son côté, la direction du festival souligne que les effectifs du chœur de Bayreuth auraient vocation à s’aligner à l’avenir sur celui d'autres grands opéras, comme le Bayerische Staatsoper ou les deux opéras de Berlin, et invite les représentants du chœur à « élaborer des propositions constructives en accord avec les impératifs de la direction ».

En Allemagne, la santé économique du Festival de Bayreuth devient un enjeu politique. L’été dernier, le ministre-président de Bavière Markus Söder apportait son soutien au Festival de Bayreuth, quand dans le même temps, son ministre des Arts Markus Blume enjoignait le Festival à se moderniser et faire son propre examen pour déterminer si l’événement était « toujours en phase avec (s)on temps » et en faisait « assez pour inspirer la nouvelle génération ». 

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