Les Boréades reviennent à Aix-en-Provence

Xl_les_bor_ades © DR

Trente deux ans après sa résurrection in loco, Les Boréades de Jean-Philippe Rameau sont de retour à Aix-en-Provence (le 18 juillet, au Grand Théâtre de Provence), cette fois en simple version de concert, mais avec une très belle distribution dont la magnifique soprano française Julie Fuchs, dont nous publierons prochainement une interview, en même temps que nous rendrons compte de la soirée. Mais avant cela, quelques mots sur l'ouvrage en guise de préambule :

Le livret des Boréades est bien conçu, bien construit (lire le synopsis dans la fiche signalétique sur Encyclopera), et mêle le réel au merveilleux, progressant d'une façon régulière vers le drame, mais débouchant sur un happy end. La distribution reste classique : au six dessus, deux haute-contre, trois barytons, et un baryton-basse, au chœur habituel, elle adjoint un orchestre composé de « petites » et « grandes » flûtes, hautbois, clarinettes, des bassons et des cors, enfin la quatuor des cordes que viennent épicer les sons du clavecin. Avec ces effectifs traditionnels appliqués à un livret assez traditionnel, Rameau n'en écrit pas moins un chef d'œuvre de sensibilité et de raison, débouchant in fine sur un grand hymne à la vie et à l'amour.

Pour être une œuvre de vieillesse, la partition des Boréades n'en apparaît pas moins renouvelée et orientée vers l'avenir. Sans doute retrouve-t-on ces rosalies orchestrales qui accompagnent, toujours et partout, les mots Amour, Hymen et Triomphe. Mais le musicien sait aussi changer de plume pour conférer à certains caractères – Alphise, Calisis, Orithie – une douceur que l'âge du musicien vient curieusement colorer de tendresse. Ce qui n'exclut ni la force, ni les accents de fureur (Borée au 5ème acte), de terreur (Songe d'Alphise) ou les hymnes à la lumière et au Dieu Apollon.

Ce qui frappe surtout dans la partition, ce sont la rythmique, d'une constante souplesse, et l'orchestration, rigoureuse quoique fluide, qui s'épanouissent dans les symphonies, les entrées des nymphes et des muses et que vient ourler une délicate sensualité. La pittoresque de la trame musicale rehausse ainsi constamment le déroulement scénique et psychologique du livret – et l'intérêt du spectateur – par des choix heureux autant que hardis de tonalités, par de larges déploiements orchestraux, par des subtilités rythmiques, des rencontres de timbres, voire de tessitures, tant vocales qu'instrumentales... Autant de faits patents qui démontrent à l'évidence que la veine de Rameau n'était point tarie à près de quatre-vingt ans...

Emmanuel Andrieu

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