Laurent Naouri créera le rôle-titre de Trompe-la-Mort

Xl_laurent-naouri © DR

À l’Opéra de Paris, on le sait, Stéphane Lissner entend renouer avec une politique de créations d’œuvres originales. Pour porter ce projet, le directeur de l’établissement parisien a ainsi initié une série de commandes d’opéras à des compositeurs contemporains, dont les livrets s’inspirent des grands classiques de la littérature française – c’est ainsi que Bérénice, de Racine, doit faire l’objet d’une adaptation lyrique signée Michael Jarrell et qui sera mise en scène par Claus Guth, tout comme le Soulier de satin de Claudel, adapté à l’opéra sur une partition de Marc-André Dalbavie et une mise en scène de Stanislas Nordey.
Mais la série débutera surtout avec Trompe-la-Mort, opéra signé du compositeur italien Luca Francesconi et évidemment inspiré du personnage emblématique (et ambigu) de la Comédie humaine de Balzac, dont la première mondiale se tiendra le 13 mars prochain au Palais Garnier.

Si le rôle-titre de l’œuvre devait être endossé par Thomas Johannes Mayer, le chanteur annonce s'être retiré de la production. En conséquence, c’est finalement le baryton-basse Laurent Naouri qui assurera la création du rôle de Trompe-la-Mort, aux côtés de Julie Fuchs, Cyrille Dubois ou encore Béatrice Uria-Monzon.

Si la création mondiale d’un rôle n’est jamais anodine (elle marque forcément l’histoire lyrique, quand bien même on ne peut jamais prédire le destin, pérenne ou non, d’une œuvre), celle de Trompe-la-Mort l’est peut-être moins encore tant le rôle est central dans l’œuvre composée par Luca Francesconi.
On connait le personnage de Balzac, traversant sa Comédie humaine (dans Le Père Goriot, Splendeurs et misères des courtisanes, et les Illusions perdues), affichant plusieurs visages et de multiples noms (tantôt Jacques Collin, Vautrin ou le prêtre Carlos Herrera), débutant une carrière de criminel condamné avant de se racheter et devenir chef de la police... Un personnage emblématique, donc, mais aussi symbolique que le compositeur Luca Francesconi voit comme « sans doute l’un des plus puissants de la Comédie humaine ».
Car si Trompe-la-Mort n’est pas un personnage aisé à cerner, il apparait néanmoins comme un symbole de liberté, usant de manipulation et de ses moult visages pour naviguer entre les différentes strates de la société – en s’inspirant des problématiques soulevées par Balzac, Luca Francesconi imagine en effet un monde se décomposant en trois niveaux (tout comme l’opéra) : une façade brillante et majestueuse mais pouvant être superficielle ; masquant un niveau de machinerie et de coulisses « d’où on tire les ficelles » ; et auxquels s’ajoute enfin un troisième niveau, le « troisième sous-sol du monde pratiqué sous les planches de l’Opéra », « sombre et inquiétant » selon le compositeur, mais aussi « authentique ». Trompe-la-Mort représente ces trois visages perméables du monde et ce sera donc sous les traits de Laurent Naouri qu'on les découvrira plus concrètement dès mars prochain à l'Opéra de Paris.

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