Histoire du Favart : quand l’Opéra Comique se mêle de pâtisserie

Xl_2155-lefavartpresentation © Opéra Comique / LeNôtre

Depuis sa fermeture pour 18 mois de travaux en 2015, les amoureux de l’Opéra Comique entendent parler d’une alléchante nouvelle : la création d’un nouveau venu dans la pâtisserie française, à savoir le « Favart » en l’honneur de la salle parisienne. En effet, n’est-il pas injuste que l’on croise des « opéras » à tout bout de pâtisserie mais aucune miette de gâteau « d’opéra comique » ? Les deux institutions qui, à l’origine, étaient en concurrence (l’Opéra de Paris trouvant même un allié dans la Comédie Française afin de réduire au silence l’Opéra Comique), reprennent donc les armes mais cette fois-ci dans le domaine gastronomique.

Il est vrai que, pourtant, tout destinait la salle Favart à entrer dans l’art des papilles puisque le père du librettiste Charles-Simon Favart était un pâtissier du 18e siècle, célèbre pour avoir perfectionné et mis au goût du jour des pâtisseries médiévales : les échaudés. De plus, alors qu’il est régisseur et directeur des pièces à l’Opéra Comique, il rencontre la comédienne Justine Duronceray en 1743, elle qui est surnommée… Mademoiselle Chantilly ! On se demanderait même pour quelles raisons on inventa l’opéra avant le Favart…

Dans sa politique d’ouverture et de communication, la maison parisienne a tenu informé le public de l’évolution du projet jusqu’à la réunion de la semaine dernière durant laquelle membres du jury et pâtissiers de la Maison Lenôtre se sont réunis autour des prototypes créés à partir des idées et suggestions des fans de l’Opéra Comique. Il faut rappeler que c’est à Gaston Lenôtre que l’on doit la création de l’opéra dans les années 60, expliquant à quel point le choix de demander aux pâtissiers de cette maison de participer à la création du Favart est judicieux, amusant et logique !


Création du "Favart" de l'Opéra-Comique


Gateau "le Favart" de l'Opéra-Comique

Du 1er au 15 octobre dernier, les internautes étaient donc invités sur le site de l’opéra à déposer leurs idées, sous forme de liste de mots auxquels leur faisait penser l’établissement, ou bien sous forme de suggestion de goûts, de texture, ou encore en ayant la possibilité d’envoyer un schéma pour montrer à quoi devrait ressembler, selon eux, le gâteau final (toujours dans l’esprit du respect de l’esprit si particulier du Comique). Le 25 octobre dernier, un jury composé de chefs pâtissiers ainsi que de Stéphane Degout et Raphaël Pichon se sont réunis afin de sélectionner les trois participants dont la suggestion se rapprochait le plus de cet esprit parmi les 64 propositions reçues. Ces trois gourmets auront la chance de recevoir les lots suivants : un cours de pâtisserie dans les ateliers de la Maison Lenôtre ; une invitation pour deux personnes à la Première de Fantasio le 12 février 2017 ainsi qu’une invitation pour quatre personnes à La Princesse Légère en mars 2017.

Mardi 29 novembre, le jury se réunissait à nouveau, presque au complet (Raphaël Pichon ne pouvant être présent pour des questions de répétitions) : aux côtés d’Olivier Mantei se tenaient donc Sabine Devieilhe, Stéphane Degout (dont l’attachement à l’art culinaire n’est un secret pour personne et dont il nous avait brièvement parlé lorsque nous l’avions rencontré) ainsi que la metteur en scène Louise Moaty. Les membres de la Maison Lenôtre étaient bien entendu également là afin de présenter leur travail : trois propositions de Favart. Le premier, un gâteau de voyage pouvant tenir plusieurs jours, est essentiellement à base d’amande et paraît quelque peu « simple » pour être fidèle à l’esprit de l’Opéra Comique. Les deux suivants font appel à davantage de raffinement en combinant fruits rouges et crème ainsi qu’un dessous de feuilletine à base de gavottes bretonnes. La dernière se différencie par une épaisseur gélifiée qui n’apparait pas dans la seconde et semble remporter les suffrages bien que la validation finale reste à être confirmée.

Côté forme, le Favart sera une demi-sphère en référence à une coupe de champagne (elle-même formée, dit-on, sur le modèle du sein de la marquise de Pompadour) qui est apprécié des spectateurs à l’entracte et symbolise finalement bien la pétillance de l’Opéra Comique, mais il renvoie également au dôme du bâtiment parisien. Sa couleur rouge et sa texture veloutée sont quant à elles un clin d’œil au rideau de l’opéra. L’idée d’un support comestible faisant référence aux différents spectacles est elle aussi sur la table tandis que se pose encore la question des possibles déclinaisons : si le Favart est prévu pour la Première de Fantasio ainsi que pour la St-Valentin (mais trouvera toute sa place lorsque le Comique commémorera les 200 ans de la mort d'Offenbach avec Madame Favart en 2019), sa forme actuelle est prévue pour pouvoir être dégustée à deux, mais il n’est pas impossible qu’à terme on voit naître de petits Favarts en part individuelle ou bien un gâteau pour huit personnes… Le débat sur ce sujet n’est pas encore clos. Enfin, si les membres du jury se sont prêtés avec plaisir, sérieux et gourmandise à l’exercice de la décoration de ce gâteau « nu » grâce à un kit de décorations comestibles mis à disposition par Lenôtre, il semblerait que la sobriété et la simplicité soit le choix le plus probable pour la finalisation du gâteau, avec une éventuelle feuille d’or, mais rien n’est moins sûr.

Les curieux et les gourmands doivent donc encore patienter deux mois avant de pouvoir enfin déguster le Favart qui, contrairement à l’opéra, ne contient pas d’alcool et pourra donc être savouré par les plus jeunes, à l’Opéra Comique ou bien dans les pâtisseries Lenôtre et qui sait, peut-être que le succès de ce nouveau chef d’œuvre l’amènera dans toutes les pâtisseries de France où il pourra trôner aux côtés de son prédécesseur, si ce n’est le détrôner…

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