Sonya Yoncheva triomphe dans Iolanta de Tchaïkovsky au Festival de Pâques de Baden-Baden

Xl_iolanta_au_festival_de_p_ques_de_baden-baden © Monika Ritterhaus

Après des éditions 2020 et 2021 annulées, l’Orchestre Philharmonique de Berlin et son chef attitré Kirill Petrenko sont enfin de retour dans la fosse du Festspielhaus de Baden-Baden pour leur rendez-vous annuel dans la cité thermale allemande, à l’occasion du fameux Festival de Pâques (Osterfestspiele). Aux côtés d’une production scénique de La Dame de Pique de Tchaïkovsky (nous y reviendrons), un autre ouvrage du maître russe y était donné, en version de concert et pour une soirée unique, la magnifique Iolanta…  avec rien moins que Sonya Yoncheva dans le rôle-titre !

Et la soprano bulgare n’a pas déçu ses admirateurs, venus en nombre dans un Festspielhaus plein à craquer. Toujours aussi chatoyante, la voix possède cette séduction immédiate que provoque un timbre magnétique, et l’engagement de l’artiste n’a aucune peine à convaincre. Sa Iolanta est touchante, spontanée, et sans affectation ni sentimentalisme outrancier ; elle a l’ardeur de la jeunesse, celle à qui tous les espoirs sont permis. La jeune aveugle à qui l’amour de Vaudémont finit par rendre la vue trouve indubitablement en Sonya Yoncheva sa meilleure défenseure aux côtés d’Anna Netrebko ! Pour Dmytro Popov initialement annoncé, le ténor arménien Liparit Avetisyan (Vaudémont) ne laisse place à aucun regret, car il développe un chant aérien, aux aigus délicatement filés, au-dessus d’un médium finement coloré. Le Robert du baryton moldave Andrei Zhilikhovsky lui volerait cependant presque la vedette, tant le timbre est beau, avec une voix qui possède mordant et panache, par ailleurs admirablement conduite, homogène sur toute son étendue, et alliant puissance et sensibilité. Enthousiasme également pour le Roi René de la basse finlandaise Mika Kares, aux graves profonds et à l’impressionnante autorité vocale. Enfin, le baryton autrichien Michael Kraus fait sensation en Ibn-Hakia avec un timbre personnel et sonore, tandis que le reste de la distribution se montre à la hauteur : Margarita Nekrasova en Marta, Dmitry Ivanchey en Alméric, Anna Denisova en Brigitta, Nikolay Didenko en Bertran et Victoria Karkacheva en Laura.

Mais le principal motif d’enthousiasme de la soirée provient de la baguette du maestro russe qui restitue à cette histoire proche des contes d’antan ses diaprures savantes et son juste poids d’émotion. Le sublime Orchestre Philharmonique de Berlin parvient à rendre au plus haut point la tension dramatique de l’ouvrage, en n’oubliant jamais d’être en même temps intensément poétique. De son côté, le Chœur de la Philharmonie Slovaque se trouve également galvanisé par la baguette de Kirill Petrenko, et il fait preuve d’un engagement sans faille. C’est un triomphe !

Emmanuel Andrieu

Iolanta de Tchaïkovsky au Festival de Pâques de Baden-Baden, le 17 avril 2022

Crédit photographique © Monika Ritterhaus
 

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