L'Opéra de Lille reprend l'hilarant Roi Carotte d'Offenbach signé par Laurent Pelly

Xl_roi_carotte © Simon Gosselin

Après avoir triomphé sur la scène de l’Opéra de Lyon en 2015, la production du Roi Carotte de Jacques Offenbach signée par Laurent Pelly reprend du service à l’Opéra de Lille, pour le plus grand bonheur de votre serviteur et d’un public lillois qui a bruyamment manifesté sa joie à l’issue de le soirée. Nous ne reviendrons pas sur les qualités du spectacle que nous avions longuement détaillées dans notre recension lyonnaise, mais avouons qu’au côté de La Grande Duchesse de Gerolstein, c’est à nos yeux la plus grande réussite du talentueux homme de théâtre français dans le répertoire offenbachien.

Si la distribution vocale est en partie renouvelée, le sémillant Yann Beuron – en superbe forme vocale – endosse à nouveau les habits de Fridolin XXIV, un personnage qu’il interprète de façon plus vraie que nature, fanfaron et niais certes, mais surtout fort attachant ! Christophe Mortagne reprend lui avec brio le rôle de l’épouvantable Roi Carotte, dont la veulerie n’a d’égale que l’égocentrisme, et dont les forfanteries soulèvent à de nombreuses reprises l’hilarité du public. Egalement présente à Lyon, la jeune Chloé Briot – annoncée souffrante sans qu’elle n’en laisse rien paraître – campe une délicieuse Rosée-du-Soir, à la voix pure et cristalline. Personnage tout droit sorti d’une bande dessinée, le bon génie qu’est Robin-Luron est fantastiquement campé par Héloïse Mas, qui ne lésine pas sur l’énergie dépensée et se démène comme un diable, sans que sa belle ligne vocale ou sa parfaite diction n’en aient à pâtir. Dans le rôle de la Princesse Cunégonde, Albane Carrère retient moins l’attention, surtout après l’explosive Antoinette Dennefeld, dont elle ne possède ni la folie scénique ni le rayonnement vocal. De leurs côtés, les barytons Boris Grappe (Pipertrunck) et Christophe Gay (Truck) font un bel étalage de leurs étonnants dons de comédiens, le premier en personnage poisseux d’ambitions politiques, le deuxième en « grand nécromancien de la couronne » ! Enfin, une mention pour la Sorcière Coloquinte de Lydie Pruvot, formidable de méchanceté, avec une voix rocailleuse qui convient idéalement à cette partie.

A la tête de l’Orchestre de Picardie – Région Hauts de France, le vétéran de la baguette qu'est Claude Schnitzler redonne à la musique d’Offenbach toute sa vivacité et sa pureté. Il lui insuffle surtout une ligne générale digne de tous les éloges, riche en péripéties et en frémissements mutiples. Nous l’avons dit en préambule, le bouillonant public lillois n'a pas boudé son plaisir !

Emmanuel Andrieu

Le Roi carotte de Jacques Offenbach à l’Opéra de Lille, jusqu’au 13 février 2018

Crédit photographique © Simon Gosselin
 

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