Lohengrin à Angers-Nantes Opéra : Catherine Hunold rafle la mise

Xl_lohengrin-anger-nante-opera © DR

C'est toujours une gageure pour une salle de province que de monter un titre tel que Lohengrin de Richard Wagner, mais c'est pourtant un défi qu'Angers Nantes Opéra vient de relever avec brio avec cette version de concert donnée d'abord à La Cité de Nantes, puis au Centre des Congrès d'Angers.

A l'instar de la production de l'Opéra de Vienne récemment commentée dans ces colonnes, c'est encore Ortrud qui vole la vedette à Elsa, le rôle de la sorcière nocive étant ici confié à notre soprano dramatique nationale, la fabuleuse Catherine Hunold. Elle domine ainsi les ensembles avec ses aigus fièrement dardés, et avec sa voix riche dont l'exceptionnelle étendue devrait un jour la faire accéder à des rôles de mezzo. Il faut saluer aussi son implication scénique, malgré la version de concert, qui lui permet d'incarner une Ortrud véritablement maléfique et vénéneuse, en un mot : mémorable.

L'Elsa de la soprano allemande Juliane Banse paraît en retrait face à sa consœur ; en cause, des aigus pas toujours bien négociés, un medium insuffisamment corsé, et surtout un timbre manquant cruellement de séduction et de lumière, qualités pourtant essentielles à ce personnage tout de pureté et d'innocence. Le jeu est par ailleurs stéréotypé, avec sa mine constamment éplorée et ses yeux rivés au sol. De son côté, le ténor allemand Daniel Kirch n'a pas vraiment le format requis par le rôle-titre, se retrouvant bien trop souvent couvert par l'orchestre, nonobstant un timbre particulièrement séduisant et une superbe maîtrise de la demi-teinte. Il se rattrape néanmoins dans un « In fernem Land » dont l'intensité croissante est exécutée de bien belle manière.

Habitué du rôle, qu'il chantera prochainement à l'Opéra de Francfort, le baryton-basse britannique Robert Hayward connaît les moindres secrets de Telramund, qu'il incarne sur scène avec beaucoup de conviction, totalement investi qu'il est dans son personnage. La voix n'est pas en reste qui, malgré un vibrato perceptible dans certaines notes, possède toute la rage, le mordant et la férocité requis. Excellent également, le Hérault de Philippe-Nicolas Martin, jeune et brillant espoir parmi les barytons français, qui dessine un énergique et élégant maître de cérémonie, au timbre accrocheur et à l'émission pleine d'aisance, sans rien de pompeux dans ses interventions. Le rôle de Henry l'Oiseleur peut sembler pesant, mais pas quand il est chanté avec la chaleur et la sensibilité de la basse française Jean Teitgen, déjà positivement remarqué dans La Vestale à La Monnaie de Bruxelles la saison passée.

Digne des plus vives louanges, enfin, la direction musicale du chef français Pascal Rophé à la tête de son formidable Orchestre National des Pays de la Loire. Il en obtient une exécution splendide du chef d'œuvre du Maître de Bayreuth, en faisant ressortir le rôle essentiel confié aux instruments dans la mise en évidence du combat entre la lumière et l'ombre, le bien et le mal. Les Chœurs répondent également de formidable manière, et il faut souligner ici le brillant comportement de ceux conjugués d'Angers-Nantes Opéra et de l'Opéra de Montpellier... que l'on pourra retrouver dans le même ouvrage (toujours en version de concert) le mois prochain dans la cité languedocienne avec un chef et des solistes différents.

Emmanuel Andrieu

Lohengrin de Richard Wagner à la Cité des Congrès d'Angers, le 20 septembre 2016

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